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La Révolution : la contestation de la monarchie

Introduction

Dès le XVII-ème siècle, une révolution en Angleterre met fin à l'absolutisme de la monarchie. Au XVIII-ème siècle, un grand mouvement d'idées apparaît pour lequel l'Angleterre semble être une terre de liberté. La philosophie des Lumières veut renouveler le système politique. La nouvelle de l'insurrection des colonies anglaises d'Amérique du Nord renforce ce mouvement. En France, la monarchie vieille de plusieurs siècles est remise en cause. Que se passe-t-il réellement ?

1 L'Europe et la France au XVIIème siècle

1.1 Le triomphe des monarchies

En Europe, à la fin du Moyen Age, la monarchie a émergé du système féodal. Le roi s'est imposé au dessus des seigneurs et a agrandi son domaine personnel. Son pouvoir n'est plus limité à l'intérieur du royaume. La monarchie devient absolue. Il apparaît comme le protecteur de ses sujets face aux différents petits seigneurs. Il uniformise la loi et le droit et fait régner la justice. Il lève des impôts et possède son armée. Le roi est au dessus des ordres et des corps auxquels chaque homme appartient soit par naissance soit par profession.

La monarchie, dans la plupart des pays d'Europe, est de droit divin : le pouvoir du roi émane de la volonté de Dieu. Cependant quelques rois que l'on appelle " despotes éclairés " veulent se comporter conformément aux principes de la philosophie des Lumières et gouverner pour l'intérêt de leurs sujets. Ceux-ci réorganisent l'administration et cherche à accroître les revenus de l'Etat. Ces réformes restent peu nombreuses et n'ont qu'un résultat limité ; de plus elles préparent la remise en cause de le l'ordre établi.

1.2 La monarchie en France

L'Etat moderne s'est imposé en France après plusieurs siècles de monarchie. Le territoire est, au XVIII-ème siècle, à peu près celui de la France actuelle. Il compte près de 30 millions d'habitants sur lesquels l'Etat exerce son autorité. Or depuis de XVI-ème siècle les rois édictent la loi. Ils cumulent les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Ainsi les rois ne reconnaissent aucun pouvoir supérieur au leur. Ils interviennent dans tous les domaines de la vie de leurs sujets. Ils imposent leur religion, leur goûts artistiques et peuvent faire emprisonner quiconque. Le roi bat monnaie, lève des impôts et décide de la paix ou de la guerre.

La monarchie française est devenue absolue avec Louis XIV qui a définitivement ôté tout pouvoir à la noblesse : la Cour sert à domestiquer la noblesse d'épée. Le roi ne doit de compte qu'à Dieu dont il est, par le sacre, le lieutenant.

Les cinq conseils du roi, chacun spécialisé, aident le roi à prendre les décisions tandis que les ministres les font appliquer. En province, les intendants sont les agents du roi : ils prélèvent l'impôt, font régner la justice et dirigent la police. Cependant, en France, la tradition oblige le roi à respecter les privilèges de la noblesse et du clergé (même s'ils n'ont aucun pouvoir politique) et affronter les remontrances des parlements si ceux-ci jugent les ordonnances royales contraires aux lois fondamentales.

Le point faible de la monarchie en France : un système fiscal injuste (la noblesse et le clergé paient peu d'impôts) et inefficace (les fermiers généraux, chargés de prélever les impôts indirects, en gardent une partie pour eux-mêmes). De ce fait, les difficultés financières sont récurrentes au XVIII-ème siècle alors que la France est le pays le plus riche d'Europe ; de plus le système suscite de nombreux mécontentements.

Rois de France depuis l'avènement des Bourbons :

  • Henri IV : 1553-1610 roi de Navarre puis roi de France en 1589. Assassiné par Ravaillac.
  • Louis XIII : 1601-1643 roi de France en 1610.
  • Louis XIV : 1638-1715 roi de France en 1643.
  • Louis XV : 1710-1774 roi de France en 1715.
  • Louis XVI : 1754-1793 roi de France de 1774 à 1792.

1.3 L'Angleterre et le parlementarisme

Le système monarchique anglais est très différent des systèmes continentaux. Dès le XIII-ème siècle, avec la Grande Charte, la monarchie anglaise tient compte du parlement. Celui-ci est composé de deux chambres : la Chambre des Communes (assemblée des députés d'Angleterre composant la chambre basse) et les Lords (titres honorifiques de noblesse donné à vie par le roi). Les relations entre le Pralement et le roi sont conflictuelles, surtout lorsque le roi est tenté par l'absolutisme. Ainsi, en 1642, éclate une révolution au terme de laquelle, le parlement juge le roi et le condamne à mort. Il s'ensuit une république.

Dans ce climat naît la notion de liberté de l'homme. Les écrits de John Locke font référence ; il y prône la liberté de conscience en matière de religion ainsi qu'une théorie de la société et de l'Etat où l'individu possède des droits naturels. Pour lui, le pouvoir de faire appliquer ces lois est délégué au souverain.

En 1679 est adopté l'Habeas Corpus, loi selon laquelle nul ne peut être détenu sans qu'une décision de justice justifie son arrestation. En 1689, le roi doit signer une Déclaration des Droits qui lui interdit d'abuser de son pouvoir. Les droits politique et religieux sont encadrés par le parlement. La liberté d'expression peu à peu s'affirme en Angleterre.

Quelques acteurs :

  • Charles I-er : roi d'Angleterre de 1625 à 1645, il voulut imposer l'anglicanisme malgré l'opposition du Parlement. Une guerre civile éclata et il fut vaincu par les armées de Cromwell (Naseby, 1645), jugé par le Parlement et exécuté en 1649.
  • Oliver Cromwell : 1599-1658 chef militaire de la révolution parlementaire, il instaura une république en 1649 et exerça un pouvoir dictatorial. Il entreprit de profondes réformes qu'il mena avec succès.
  • John Locke : philosophe anglais 1632-1704. Il fut le théoricien des droits naturels que tout homme possède.

1.4 La philosophie des Lumières

Le XVIII-ème siècle est marqué en Europe par un essor intellectuel et scientifique qui pose le droit de chaque individu à réfléchir sur l'organisation de la société. À la tête de ce mouvement se trouvent des philosophes qui développent leurs idées dans différents domaines tels que l'économie, le social, le politique ou le religieux. Ces philosophes qui s'appuient sur la raison, croient au progrès et prônent la tolérance. Ils refusent de se plier à l'autorité de la tradition et veulent tout réexaminer sous un jour nouveau.

Dans le domaine économique, les physiocrates insistent sur une nécessaire modernisation de l'agriculture et Turgot préconise la liberté du commerce et la suppression des corporations.

Dans le domaine politique, la place de l'Homme dans la société est l'enjeu principal. Montesquieu affirme qu'il faut répartir chacun des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) entre des mains différentes. La " séparation des pouvoirs " exclut ainsi le despotisme et est la négation de la monarchie de droit divin. Voltaire parle haut de la liberté, ridiculise les superstitions et se bat pour la justice et la tolérance, tandis que Rousseau déplore la perte de l'égalité naturelle et en attribue la cause à l'apparition de la propriété privée : il veut un " contrat social " librement accepté par chacun. Il insiste sur l'idée de souveraineté nationale. " Il n'y a qu'un devoir, c'est d'être heureux ", affirme Diderot. La synthèse des idées nouvelles se trouve dans la grande Encyclopédie écrite collectivement sous la direction de Diderot et d'Alembert. Malgré les difficultés de sa parution, son succès est immense dans les milieux instruits car c'est une œuvre unique à l'époque par sa conception, son universalité, sa qualité et son ampleur. Les philosophes inquiètent le pouvoir et sont souvent contraints à l'exil. La multiplication des journaux et des pamphlets attaquant l'absolutisme et l'Eglise sape la monarchie absolue en vulgarisant les idées des philosophes.

Quelques philosophes des Lumières :

  • Montesquieu : 1689-1755 noble, président au parlement de Bordeaux, penseur et écrivain, il est le théoricien de la séparation des pouvoirs qu'il décrit dans De l'esprit des Lois. Dans ses Lettres persanes, il critique l'étroitesse d'esprit.
  • Voltaire : 1694-1778 écrivain et polémiste vigoureux, il dénonce les institutions politiques et sociales ainsi que le fanatisme religieux avec l'affaire Calas. Il fut l'écrivain le plus célèbre de son temps avec du théâtre et des essais philosophiques : Candide, Zadig.
  • Diderot : 1713-1784 écrivain et responsable de l'Encyclopédie, son œuvre est un rationalisme spirituel et ouvert où littérature et philosophie se mêlent. La Religieuse, Jacques le Fataliste, Le Neveu de Rameau.
  • D'Alembert : 1717-1783 mathématicien et philosophe, il rédigea le Discours préliminaire de l'Encyclopédie.
  • Rousseau : 1712-1778 écrivain et philosophe, citoyen de Genève. Il a dénoncé l'aliénation de l'homme et la contradiction entre nature et société. Il est l'auteur d'une œuvre diverse qui influença les Révolutionnaires et le Romantisme. Discours sur l'origine de l'inégalité, La Nouvelle Héloïse, Emile, Le Contrat social, Les Confessions, Les Rêveries du Promeneur solitaire.

2 La contestation et la Révolution

2.1 La Révolution américaine

Le 4 juillet 1776, treize colonies anglaises d'Amérique de Nord, déclarent leur indépendance. Leur déclaration solennelle affirme que les hommes sont libres et égaux et proclame le droit à l'insurrection contre un gouvernement despotique. Les colonies s'allient pour combattre les forces anglaises. Des Français libéraux (La Fayette) rejoignent les insurgés, d'une part parce qu'ils adhèrent à leur cause et d'autre part pour affaiblir l'Angleterre, ennemi héréditaire de la France. En 1783, le traité de Versailles reconnaît l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique.

En 1787, une constitution place à la tête du nouvel Etat fédéral un président qui possède le pouvoir exécutif et deux assemblées qui exercent le pouvoir législatif. L'influence des Lumières est très forte ; les droits individuels sont proclamés ainsi qu'une large liberté (sauf pour les esclaves). L'enthousiasme en Europe pour la Révolution américaine est très grand dans les milieux libéraux.

Les acteurs de la Révolution américaine :

  • Georges Washington : 1732-1799, héros de la Guerre d'Indépendance, il devint le premier Président des Etats-Unis entre 1789et 1797.
  • Benjamin Franklin : 1706-1790, savant américain, inventeur de paratonnerre, il obtint l'aide de la France et participa à la fondation des Etats-Unis. Il est l'un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance et de la Constitution.
  • Thomas Jefferson : 1743-1826, homme politique américain, il participa à la rédaction de la Déclaration d'Indépendance et devint le 3ème président des Etats-Unis de 1801à 1809.

2.2 La contestation en Europe

En Europe, plusieurs pays ont dû faire face à des troubles mais les tentatives révolutionnaires dans les Provinces-Unies, dans les Pays-Bas autrichiens et à Genève échouent. Même l'Angleterre est secouée par une demande de démocratisation et par les révoltes de l'Irlande asservie.

C'est en France que la critique est la plus profonde. Dans les milieux instruits, les salons*, les clubs* et les sociétés en tout genre discutent des idées nouvelles. On reproche au roi son despotisme ; le bas clergé veut participer au gouvernement de l'Eglise et les parlements au gouvernement de l'Etat. De plus, la société d'ordre est devenue anachronique car ce sont les bourgeois qui sont désormais la grande force de la nation. Or leurs ambitions se heurtent au système des privilèges. Mais la vigueur avec laquelle la noblesse réagit aux tentatives de réforme fait parler d'une réaction aristocratique.

Le peuple, quant à lui, doit supporter les lourdes charges : les impôts royaux et les impôts seigneuriaux. Le servage et les disettes se font rares mais seule une minorité des campagnes peut dégager des excédents. Les paysans globalement survivent tant bien que mal et cultivent surtout des ressentiments à l'égard des privilégiés. Dans les villes, le petit peuple ne profite pas non plus de l'essor. Les conditions sont diverses et les émeutes courantes.

2.3 L'amorce de la Révolution

Lorsque le déficit budgétaire s'accroît, la monarchie se trouve dans une impasse. Ni le roi, ni les parlements n'acceptent les réformes fiscales de ministres éclairés tels Turgot, Calonne et Brienne destinées à faire entrer de l'argent dans les caisses de l'Etat, car celles-ci attaquent les privilèges. Sous la pression générale et poussé par les parlements, le roi est contraint de convoquer des Etats généraux afin de lever de nouveaux impôts (leur dernière convocation remonte à 1614). Les privilégiés ont ainsi pris le risque de faire appel au peuple.

La crise financière se transforme en crise politique car les classes populaires répondent à l'appel des parlementaires. À Grenoble en 1788, le peuple résiste au régiment venu disperser le parlement. Necker organise les élections des représentants des trois ordres* tandis que le roi demande au peuple de rédiger des cahiers de doléances. Ceux-ci font état de tensions sociales très fortes et réclament le contrôle de la monarchie bien que le roi n'y soit jamais attaqué.

Le Tiers Etat demande le doublement du nombre de ses députés afin d'en avoir autant que la noblesse et le clergé réunis.

3 Définitions

  • Ordre : division de la société fixée au Moyen Âge. Les trois ordres sont le Clergé (les gens de l'Eglise), la Noblesse (ceux qui se battent pour le roi) et le Tiers Etat (le peuple qui travaille).
  • Parlement : cour de justice et de police (ils sont treize) dont les membres ont acheté leur charge. Ils enregistrent les lois. Remontrance : droit du parlement de présenter des observations au roi lors de l'enregistrement des lois.
  • Salon : réunion privée du XVIII-ème siècle qui se tenait dans les appartements d'une femme éclairée et où l'on discutait de sujets variés.
  • Club : groupe de réflexion politique sur le modèle anglais. Il réunit des bourgeois et des nobles ouverts à la philosophie des Lumières.
  • Etats généraux : assemblée des représentants des trois ordres convoquée par le roi pour discuter de nouveaux impôts.
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