La Société des Nations, malgré les espoirs fondés en elle n'avait pas su éviter la Seconde Guerre Mondiale. Pourtant, les vainqueurs de 1945 ont estimé qu'elle reposait sur des principes bons et qu'il fallait simplement tirer les leçons des échecs et des manques de la SDN : au premier plan, son manque de moyens coercitifs (la SDN ne disposait pas d'armée), mais aussi son manque d'universalité (les Etats-Unis, l'URSS, le Japon et l'Allemagne n'appartenaient pas à la SDN). C'est de ces constats que sont partis les vainqueurs de 1945 pour fonder l'organisme qui, dans l'esprit de Roosevelt, devait être la clé de voûte d'un nouvel ordre idéal.
L'idée de la fondation des Nations Unies résulte d'une série de mesures et de rencontres dans lesquelles le Président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt a joué un rôle prépondérant. La première de ces mesures est la Déclaration interalliée signée à Londres le 12 juin 1941, dans laquelle les signataires s'engagent à "œuvrer en commun avec les autres peuples libres, en temps de guerre comme en temps de paix".
Le 14 août 1941, le Président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt et le Premier ministre britannique Winston Churchill proposent une série de principes devant inspirer la collaboration internationale aux fins d'un maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le document, signé à bord du navire Prince of Wales "quelque part en mer", est désormais connu sous le nom de Charte de l'Atlantique.
L'expression Nations Unies qui est due au Président des Etats-Unis, Franklin D. Roosevelt, apparaît pour la première fois dans la Déclaration des Nations Unies du 1er janvier 1942, par laquelle les représentants de 26 pays s'engagent à poursuivre ensemble la guerre contre les puissances de l'Axe.
Le projet est mûri entre août et octobre 1944 à Dumbarton Oaks près de Washington par les représentants de la Chine, des Etats-Unis et de l'URSS. En février 1945, c'est un des points débattus à Yalta en Crimée, entre Staline, Roosevelt et Churchill. Les plans bâtis à Dumbarton Oaks servent de base à la Charte des Nations Unies élaborée par les représentants de 51 pays à la Conférence des Nations Unies sur l'Organisation internationale, éunie à San Francisco du 25 avril au 26 juin 1945. L'Organisation des Nations Unies naît officiellement le 24 octobre 1945, lorsqu'elle est ratifiée, entre autres, par la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'URSS.
L'État qui devient membre de l'Organisation des Nations Unies accepte les obligations imposées par la Charte des Nations Unies, traité international qui énonce les principes de base des relations entre pays. En vertu de la Charte, les buts de l'ONU sont au nombre de quatre :
Elle est constituée par tous les délégués des États membres à raison d'un délégué par État sans distinction de taille ou d'importance économique. Une session ordinaire a lieu par chaque année de septembre à décembre durant laquelle sont émises des recommandations. En outre, l'Assemblée Générale peut se réunir en session extraordinaire.
Il est composé au départ de onze puis de quinze membres dont cinq permanents. Ce sont : les États-Unis, l'URSS, la France, le Royaume-Uni et la Chine (de 1949 à 1971, le siège de la Chine est occupé par la Chine nationaliste, les États-Unis opposant leur droit de veto à son remplacement par la Chine communiste. Depuis le démantèlement de l'URSS, c'est la Russie qui occupe le siège de l'ex-URSS). Les membres permanents disposent d'un droit de veto. Les dix autres membres du Conseil sont élus tous les deux ans en Assemblée Générale. Le Conseil de Sécurité constitue en quelque sorte l'organe exécutif de l'ONU. Il peut prendre des résolutions pour réclamer une modification dans l'attitude d'un Etat membre et peut également décider de sanctions contre un Etat coupable.
Il assure les fonctions administratives de l'ONU. Il est dirigé par le Secrétaire Général nommé par l'Assemblée Générale tous les cinq ans sur recommandation du Conseil de Sécurité.
Elle est l'organe judiciaire principal de l'ONU. Elle siège au Palais de la Paix, à La Haye (Pays-Bas). La Cour a une double mission : régler conformément au droit international les différends d'ordre juridique qui lui sont soumis par les États et donner des avis consultatifs sur les questions juridiques que peuvent lui poser les organes ou institutions autorisés à le faire. La Cour se compose de quinze juges élus pour neuf ans par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l'ONU siégeant indépendamment l'un de l'autre. Elle ne peut comprendre plus d'un ressortissant d'un même État. La Cour est renouvelable par tiers tous les trois ans; les juges sont rééligibles. Ils ne représentent pas leur gouvernement : ce sont des magistrats indépendants.
A ces organes sont rattachés une multitude d'organes spécialisés qui dépendent de l'ONU comme l'UNESCO, le FAO, le CNUCED, le BIT…
Plus de cinquante ans après sa création, l'ONU semble à beaucoup dans l'incapacité d'assurer les missions qu'elle s'était fixée. Ses décisions ont souvent été bafouées par certains États membres et elle paraît menacée d'enlisement.
Ses insuffisances se sont révélées par :
En fait, la Guerre Froide a empêché les institutions de jouer pleinement leur rôle. Le jeu des veto entre les deux supergrands a fortement paralysé l'ONU. Lors de sa fondation, l'ONU était dominée par l'influence américaine et a notamment couvert l'intervention des Etats-Unis en Corée. Mais peu à peu, avec la décolonisation, sa composition s'est radicalement modifiée avec l'admission massive de pays nouvellement indépendants pratiquant une politique de non-alignement sur les deux Grands. Ces pays du Tiers Monde forment maintenant l'immense majorité des membres (173 membres en 1987). Cette évolution ne satisfait naturellement pas les grandes puissances qui craignent de voir l'Assemblée Générale s'arroger le droit de les juger et d'arbitrer leurs conflits.
L'ONU est aussi handicapée par le manque de moyens d'action. Elle souffre d'abord d'un manque de crédits : certains pays refusent de payer leur part. L'aide aux pays du Tiers Monde est donc insuffisante et certains pays bénéficiaires réprouvent d'ailleurs le contrôle de l'ONU sur l'utilisation de ces fonds. L'ONU souffre également de l'absence d'une armée permanente. Elle doit faire appel à des troupes des pays membres qui sont dites mandatées par l'ONU. Depuis la guerre de Corée, ces troupes sont choisies parmi celles des pays neutres. Ces troupes sont donc hétérogènes et souvent insuffisantes. Leur rôle est très difficile et leur légitimité questionnée par les pays où ils interviennent. Il est à noter que pendant la guerre du Golfe, pour pallier ce déficit d'homogénéité des Casques bleus, ce ne sont pas des troupes de l'ONU qui sont intervenues, mais des armées nationales qui avaient reçu de l'ONU le droit d'intervenir conte l'Irak qui s'était rendu coupable d'une agression caractérisée contre un Etat souverain, le Koweït.
Enfin, l'ONU est également paralysée par un grand principe qu'elle s'est elle-même donné à l'origine, celui de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, principe qui garantit la souveraineté nationale, mais qui limite l'intervention de l'ONU. On peut citer l'exemple de la guerre d'Algérie, où la France avait avancé ce principe contre l'intervention de l'ONU dans ses affaires nationales.
Si les insuffisances de l'ONU sont nombreuses, elle n'est cependant pas inutile. On peut identifier plusieurs réussites par rapport à la SDN :
Contrairement à la SDN, l'ONU n'a pas opéré de discrimination entre les vaincus et les vainqueurs : l'Italie y est admise en 1955, le Japon en 1956 et les deux Allemagne en ont fait partie à partir de 1973.
Un des gros problèmes de l'ONU a été son impuissance par rapport aux problèmes de décolonisation parce que la Charte de San Francisco condamnait l'acte de coloniser sauf consentement du pays concerné mais tolérait que les pays gardent leur empire colonial, ceci étant naturellement lié au fait qu'au sein des pays ayant le droit de veto au Conseil de Sécurité, les deux plus grands empires coloniaux sétaient représentés à travers la France et le Royaume-Uni.
Malgré ce handicap congénital, l'ONU a su apporter un soutien moral aux peuples qui souhaitaient être émancipés de la tutelle coloniale. De plus, elle a su promouvoir la démocratie dans ces pays. L'Organisation a fourni une assistance et des conseils en matière électorale et a suivi le déroulement des scrutins.
L'ONU est également un organe intéressant à cet égard : la plupart des pays du monde en font partie et dès leur accession à l'indépendance ou leur création, les nouveaux Etats demandent à en faire partie. Ainsi par exemple, les Républiques tchèque et slovaque sont devenues, le 19 janvier 1993, des États Membres de l'Organisation des Nations Unies.
L'ONU compte aujourd'hui 188 Membres, c'est-à-dire la quasi totalité des nations du monde. On peut donc penser que l'ONU permet une expression de l'opinion mondiale, même si la persistance du droit de veto des membres permanents du Conseil de Sécurité en biaise un peu la libre expression. Dans un monde fait de tensions, les Nations Unies permettent des consultations immédiates entre gouvernements et offrent un lieu de discussion des problèmes à long terme.
Même si la Guerre Froide a lourdement entravé le bon fonctionnement des institutions de l'ONU, celle-ci a tout de même su remplir un rôle de maintien de la paix et de la sécurité à plusieurs reprises. Son rôle s'est notablement accru depuis la fin de la Guerre Froide.
En déployant plus de 35 forces de maintien de la paix et de missions d'observation, l'ONU a pu rétablir le calme pour permettre au processus de négociation d'avancer tout en empêchant que les conflits fassent des millions de morts. Il y a actuellement 16 forces de maintien de la paix en service. Depuis 1945, l'ONU a à son crédit la négociation de 172 règlements pacifiques qui ont mis fin à des conflits régionaux. Entre autres exemples récents, l'on peut citer la fin de la guerre entre l'Iran et l'Irak, le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan et la fin de la guerre civile en El Salvador. Grâce à sa diplomatie discrète, l'ONU a pu éviter nombre de guerre qui étaient imminentes.
Elle constitue en fait la réussite majeure de l'ONU. Les buts de l'ONU sont en fait plus ambitieux que ceux de la SDN : outre préserver la paix, elle espère "créer les conditions nécessaires au maintien de la justice", "favoriser le progrès social". D'où la présence d'organismes techniques souvent efficaces.
Dans le domaine de la justice et la société, on peut notamment citer :
Enfin, dans le domaine de la culture et de la technique, il faut se rappeler de :
L'ensemble de ces institutions spécialisées forme un réseau efficace qui constitue sans doute la plus grande réussite de l'ONU.