La France, puissance victorieuse est le pays le plus touché par la guerre 1914-18. Elle en sort dévastée, appauvrie, endettée. Il faut reconstruire le pays et retrouver la prospérité perdue. Dans les années 1930, la France doit faire face à la crise économique. La période de l'entre deux guerres voit l'alternance au pouvoir des partis de droite et de gauche.
Les pertes humaines s'élèvent à 1, 4 millions de morts, 3 millions de blessés, 700 000 veuves, 750 000 orphelins. Des monuments aux morts existent dans chaque village. Il faut rajouter les conséquences démographiques indirectes : déficit des naissances estimé entre 1, 4 et 1, 7 millions. Même après la victoire, il n'y a pas de baby-boom. Pour reconstruire le pays, on fait appel à la main d'œuvre étrangère. En 1936, à l'arrivée des classes creuses à l'âge du mariage, le nombre de décès est supérieur à celui des naissances.
Le Nord et le Nord-Est du pays sont entièrement détruits. La production agricole et industrielle s'est effondrée, les machines sont devenues désuètes.
La situation financière et économique est mauvaise. La France a perdu des marchés et l'inflation est élevée puisque l'Etat a fait fonctionner la planche à billets et a beaucoup emprunté. Cela entraîne une baisse du pouvoir d'achat et donc le mécontentement de la population.
La vie politique est marquée par les divisions de la SFIO (en SFIO et PCF) après l'adhésion d'une large majorité à la IIIème Internationale lors du Congrès de Tours en décembre 1920. Les anciens combattants sont actifs sur la scène politique et on les retrouve en grand nombre dans la Chambre élue ( victoire du Bloc National regroupant les partis de droite) en 1919, d'où le nom de " Chambre bleu horizon ".
Le Bloc National dirige la France de 1919 à 1924 en s'appuyant sur la droite et les radicaux. La majorité parlementaire est en réalité plutôt de centre que de droite. Il mène une politique de fermeté vis-à-vis de l'Allemagne en exigeant le paiement des réparations et en occupant la Ruhr en 1923.
Le Cartel des Gauches de 1924 à 1926. Les radicaux nouent des ententes avec les socialistes et modifient ainsi la majorité en 1924. Le gouvernement Herriot est à dominante radicale avec le refus de participation des communistes et des socialistes. La politique extérieure est moins ferme ce qui améliore les relations avec l'Allemagne. Le plan Dawes et l'allègement des réparations sont acceptés et en 1928 le pacte Briand-Kellog est signé. Le Bloc est affaibli par les divisions entre socialistes et par la spéculation contre le Franc et la fuite des capitaux, le " Mur de l'argent ". Ne faisant pas confiance au Bloc, les radicaux renversent leurs alliances et s'allient à la droite (il n'y a pas d'élection).
L'Union national, de 1926 à 1929. Raymond Poincaré forme un nouveau gouvernement et obtient les pleins pouvoirs financiers. Il rétablit la situation financière en menant une politique d'austérité qui rééquilibre le budget. Le franc se redresse et est stabilisé en 1928 après sa dévaluation des 4/5ème. Des mesures sociales importantes sont prises. En 1928, la droite gagne les élections législatives et peut maintenant gouverner sans l'appui des radicaux. La prospérité est de retour, la France investit à l'étranger et des manifestations culturelles sont organisées à nouveau : exposition coloniale en 1931. La France se croit en sécurité avec la ligne Maginot décidée en 1929.
La France est touchée plus tardivement que les Etats-Unis et le reste de l'Europe par la crise économique née en 1929 après le krach boursier de New-York. La dépression devient réelle en 1931 et est accentuée par la dévaluation de la livre sterling qui déséquilibre les échanges commerciaux. La crise frappe l'économie de manière durable : faillites, chômage (500 000 personnes). Les gouvernements successifs (valse des ministères) n'arrivent pas à sortir le pays de cette situation. Le second Cartel des gauches arrive au pouvoir en 1932 mais mène une politique peu différente de celle de la droite : équilibre budgétaire et déflation (Laval en 1935).
La crise nourrit les idées d'antiparlementarisme et des ligues d'extrême droite se développent : Action française, Croix-de-feu, Francisme…En janvier 1934, la découverte du corps de Stavisky, escroc lié aux radicaux accélère la crise politique. Les journaux s'emparent de l'affaire et le gouvernement Chautemps démissionne, remplacé par le gouvernement de Daladier. Sa décision de renvoyer le préfet de police, Jean Chiappe, bienveillant à l'égard des ligues déclenche des manifestations (qui se terminent dans le sang) le 6 février 1934. Daladier démissionne et le 9 février Doumergue forme un gouvernement d'Union nationale où entrent Pétain et Laval. Certains voient dans la manifestation du 6 février une tentative de renversement de la République. Par crainte des fascistes, les partis de gauche se rassemblent.
Les communistes changent donc de tactique et s'allient aux socialistes face au danger fasciste. Ils organisent ensemble des manifestations contre les ligues et sont rejoints en 1935 par les radicaux. La gauche réunie forme le Rassemblement populaire ou encore le Front populaire autour du programme " pour le pain, la paix et la liberté ". Elle est soutenue par le syndicat CGT.
En avril-mai 1936 le Front populaire gagne les élections législatives.La majorité à la Chambre dépend des radicaux. Face à la lenteur de la formation d'un gouvernement, une vague de grèves avec occupation d'usines éclate : 2 millions de personnes cessent leur travail et l'industrie est paralysée. Le 4 juin, Léon Blum forme un gouvernement avec des socialistes et des radicaux, les communistes ayant choisi de soutenir sans participer.
Sous la pression du patronat qui désire voir la fin des grèves, Blum réunit les représentants du patronat et ceux de la CGT qui signent alors les accords Matignon dans la nuit du 7 au 8 juin 1936. Ces accords prévoient une augmentation de salaires de 7 à 15%, la reconnaissance de l'exercice du droit syndical. D'autres lois sont votées durant l'été : semaine de 40 heures, 2 semaines de congés payés, nationalisation des usines d'armement…
Ces mesures aggravent la situation financière de la France et le 28 septembre 1936, Blum décide de dévaluer le franc. Cela n'améliore pas la situation et après le refus du Sénat de lui accorder les pleins pouvoirs financiers, Blum démissionne le 21 juin 1937. Chautemps puis à nouveau Blum forment des gouvernements sans succès. C'est la fin du Front populaire.
Le 8 avril 1938, le radical Daladier forme un gouvernement avec la droite afin de rétablir la confiance : il dévalue le franc, revient sur la semaine de 40 heures, ne réagit pas à l'Anschluss et signe les accords de Munich le 30 septembre 1938. La population française accueille avec soulagement ces accords espérant ainsi éviter une nouvelle guerre. La France affaiblie par la crise connaît à la veille de la guerre des réactions anticommunistes, xénophobes et antisémites.
La France de l'entre deux guerres connaît des crises économique et politique qui n'empêchent pas des avancées sociales (congés payés). Le régime parlementaire résiste aux épreuves. En 1939, la France, affaiblie par la crise, ne s'est pas préparée militairement et psychologiquement à la guerre dans laquelle elle va entrer.
Une des figures importantes de la IIIème République. Il mène pendant 40 ans une double carrière d'avocat et d'homme politique de centre droit. Ce républicain lorrain est vite renommé pour ses compétences financières, son patriotisme, son honnêteté, son intelligence et sa mémoire prodigieuse. Sa froideur qui donne une impression d'insensibilité le dessert. Président de la République de 1913 à 1920, il rassemble les Français dans l'Union Sacrée. Président du Conseil à plusieurs reprises, il se pose en défenseur de l'application intégrale du Traité de Versailles puis en "sauveur du franc".
Normalien, il se passionne pour la littérature, le journalisme et les débats politiques. Marqué par l'influence de Jaurès et par l'affaire Dreyfus, il adhère au socialisme et s'oppose au communisme. Président du Conseil en 1936, il dirige le Front populaire et suscite la haine de l'extrême droite qui dénonce son origine juive. Il sera arrêté par le gouvernement de Vichy et détenu par les Allemands et sous la IVème République, il jouera le rôle du vieux sage du socialisme.