La démocratie à Athènes comme la romanisation du bassin méditerranéen sont des fondements essentiels du développement de la civilisation européenne. Les Grecs, tout d’abord, créent des cités dont la plus connue et la plus rayonnante est celle d’Athènes. Elle connaît la première démocratie et exerce en effet une hégémonie politique et culturelle qui dépasse largement le monde égéen. Les citoyens y exercent un réel pouvoir politique tandis que les poèmes d’Homère, à la gloire des Grecs, donnent naissance à une brillante culture.
Les droits civils des citoyens élargis progressivement à tous les hommes libres de l’Empire romain, l’attachement à l’Urbs (Rome) et l’art de construire des villes sont les principaux héritages laissés par l’Empire.
Ces deux cités, malgré de nombreuses différences - en particulier la taille -, ont su créer une véritable civilisation de l’Homme où les citoyens sont liés entre eux par des droits et des devoirs : ils constituent ainsi une communauté.
La cité grecque est apparue vers le milieu du VIII-ème siècle avant J.-C. La cité est d’abord une communauté civique humaine, celle des citoyens, soumis à une loi commune ; c’est ensuite un territoire composé d’un centre urbain et de l’espace rural qui l’entoure et un Etat doté d’institutions politiques qui assurent son identité.
En 594 avant J.-C., le réformateur Solon fait supprimer l’esclavage pour dettes et donne des lois égales pour tous : l’isonomie. Jusqu’en 510 avant J.-C., Athènes est dirigée par des tyrans, les Pisistratides. En 508, l’archonte Clisthène réussit à écarter les partisans de la tyrannie en s’appuyant sur la majorité du peuple d’Athènes. Il fait ainsi triompher le principe de la souveraineté populaire. Il établit l’égalité politique des nobles et des non nobles devant la loi.
La démocratie se renforce tout au long de la première moitié du V-ème siècle avant J.-C. En 488, la procédure de l’ostracisme permet d’exiler (par vote de l’assemblée) pour dix ans un citoyen suspecté de vouloir renverser la démocratie. À partir de 461, le tribunal populaire de l’Héliée (déjà chargé de rendre les décisions de justice) contrôle les magistrats. Le stratège Périclès parachève entre 443 et 431 les réformes démocratiques en élargissant le recrutement des magistratures. Il instaure une indemnité (le mysthos) pour les citoyens siégeant au tribunal de l’Héliée. Il affirme la vocation pour chaque citoyen de participer à l’assemblée (l’ecclésia). Il fonde donc une démocratie directe car les grandes décisions sont prises par les citoyens.
À Athènes, la cité est l'espace urbain, portuaire et rural qui couvre l'Attique, péninsule dominée par des montagnes peu élevées, riches en quelques métaux dont le plomb et dont les pentes abritent une agriculture méditerranéenne. Le port d'Athènes, le Pirée, est relié à la ville par de longs murs construits au cours du V-ème siècle avant J.-C. La ville est constituée d'une ville basse qui possède différents quartiers et un centre politique et religieux nommé l'Agora, large esplanade centrale où convergent les routes de l'Attique. La ville haute, l'Acropole, est un espace sacré (où sont construits les temples) et une forteresse où les Athéniens se réfugient lorsqu'ils sont menacés par leurs ennemis.
Les institutions athéniennes sont constituées de trois organes principaux:
Pour devenir citoyen, il faut être de sexe masculin, libre, avoir effectué son service militaire (éphèbie), né de père citoyen et de mère fille de citoyen. Seuls les citoyens peuvent posséder la terre. Un citoyen a le devoir de combattre pour sa cité lorsque celle-ci est en danger. Les grands propriétaires terriens comme les petits paysans pauvres, s'ils sont citoyens, ont les mêmes droits. Ils décident de la guerre, des négociations diplomatiques, des impôts, de la justice et des grands travaux publics réalisés dans la cité. Ils sont libres et n'ont à obéir qu'à la loi qui est l'expression de la volonté des citoyens.
La loi athénienne établit les conditions d'accès à la citoyenneté. L'esclavage reste présent (il est nécessaire aux yeux des Athéniens pour qu'eux-mêmes puissent exercer leurs devoirs politiques) au sein de cette démocratie tandis que de nombreuses personnes ne peuvent accéder à la citoyenneté. La richesse et la pauvreté cohabitent. Les étrangers (les métèques) peuvent vivre et travailler à Athènes mais n'ont pas de droits civiques. Quant aux femmes, elles restent sous la dépendance d'un homme durant toute leur vie.
Ainsi la démocratie politique ne concerne que 40 000 citoyens alors que l’Attique compte entre 300 000 et 400 000 habitants.
La démocratie directe suppose la présence régulière et active des citoyens. Celle-ci est difficile pour les paysans les plus éloignés ainsi que pour les pauvres. En revanche, les familles les plus fortunées ont l’éducation qui permet de se consacrer à la vie politique. La fortune permet de bénéficier de privilèges mais entraîne aussi des devoirs. Ainsi les stratèges ont à leur charge les frais d’équipement de la cité (en trières notamment : ce sont les navires de guerre).
Le régime de démocratie directe donne une importance très grande à la parole qui devient la clef de toute autorité. Le public décide ainsi de la victoire du meilleur orateur.
Les Grecs pratiquent une religion polythéiste : douze dieux principaux et une multitude d'autres dieux sont adorés. Cependant ce panthéon (ensemble hiérarchisé de dieux) n'a pas une forme définitive car il n'existe pas de dogme officiel. La religion a deux aspects : l'un est privé, l'autre est civique (Athènes par exemple se met sous la protection des dieux et tous les quatre ans les Athéniens participent à la fête des Panathénées qui honore Athéna, fondatrice de la ville. Son sanctuaire sur l'Acropole est une merveille d'art et d'architecture). Athènes rayonne dans le monde grec par sa culture.
De nombreux établissement sont destinés à former les jeunes. Venus de tout le monde grec, des penseurs, des artistes et des scientifiques s'installent dans la cité. Le théâtre est un spectacle ouvert à tous les membres de la cité. Eschyle, Sophocle, Euripide (poètes tragiques) et Arisphane (auteur comique) se disputent les prix attribués au meilleures pièces. Hérodote jette les bases de l'histoire tandis que Thucydide privilégie la réflexion sur les événements. Le penseur Socrate influence la philosophie de manière décisive. Les architectes et sculpteurs (Phidias) rivalisent et créent l'art classique.
Le V-ème siècle avant J.-C. est appelé Siècle de Périclès.
L'impérialisme perse est une menace pour les cités grecques.
Les rois perses Darius puis Xerxès veulent conquérir la Grèce. En 490, les Perses débarquent à Marathon sur l'Attique. Athènes remporte une victoire contre un adversaire très supérieur en nombre grâce à ses hoplites (fantassins armés et protégés par un bouclier rond). Ceci révèle la réussite des réformes de Clisthène puisque ce sont des citoyens (notamment les plus pauvres) qui ont défendu leur cité. En 480, les Perses, avides de revanche, atteignent Athènes par voie de terre. Ils pillent la ville mais sont définitivement vaincus à la bataille navale de Salamine (le stratège Thémistocle avait fait construire une flotte de guerre) en 480 et à la bataille terrestre de Platées en 479. Là, les cités grecques étaient unies contre l'envahisseur.
C'est après la bataille de Marathon qu'un soldat est envoyé annoncer la victoire à Athènes. Il parcourt en courant les 40 km qui le séparent de la ville et parvient à remplir sa mission avant de mourir d'épuisement.
À la suite de ces guerres appelées Guerres médiques, Athènes se trouve à la tête du monde grec. Son prestige est immense. Pour prévenir une nouvelle attaque des Perses, Athènes forme autour d'elle une alliance appelée Ligue de Délos (en 477). Athènes puise dans le trésor de la Ligue pour faire aménager l'Acropole et verser le mystos. Ainsi le fonctionnement de la démocratie à Athènes est financé par les autres cités grecques. L'influence d'Athènes est très forte sur ses alliés. Cependant l'hégémonie de la première cité grecque lui attire l'hostilité de Sparte et débouche sur la formation de la Ligue péloponnésienne. En 432 éclate la Guerre du Péloponnèse qui oppose les deux villes jusqu'à la défaite d'Athènes en 404.
Suite à l'affaiblissement d'Athènes et à la division des Grecs, la grandeur d'Athènes s'estompe même si la cité ne s'effondre pas et la Grèce tombe sous la domination d'Alexandre de Macédoine dont l'empire s'étendra jusqu'aux rives de l'Indus.
Au début du II-ème siècle après J.-C., l'Empire romain représente une population de l'ordre de 60 millions d'habitants et englobe entièrement les rives de la mer Méditerranée. C'est sous la dynastie des Antonins (96 à 192 après J.-C.) que l'Empire atteint son apogée territoriale. Cependant, à partir de 162, l'Empire connaît une crise qui s'accentuera : c'est le début des invasions barbares.
Sous les Antonins, les successions se règlent pacifiquement : d'abord Nerva puis Trajan, Hadrien, Antonin, Marc Aurèle (161-180) et Commode. L'empereur choisit son successeur en l'adoptant. Ceci permet de trouver, pour le bien de l'Empire, le meilleur homme. L'adoption est entérinée par le Sénat, ce qui scelle l'harmonie entre celui-ci et le nouvel empereur. Cependant Marc Aurèle, en rompant la tradition, permet à son fils, le criminel Commode, de lui succéder.
À Rome, l'Empire évolue vers une monarchie. L'empereur accumule les pouvoirs. Il possède l'imperium (le pouvoir militaire) ainsi que le pouvoir politique ; il peut suspendre des senatus consulte. Ses pouvoirs sont aussi religieux car il est chef de la religion romaine. Les assemblées du peuple romain (les comices) perdent tout pouvoir. Elles se contentent de confirmer les magistrats nommés qui, eux aussi, voient leur rôle diminuer au profit des fonctionnaires nommés par l'empereur. Le Sénat conserve un pouvoir judiciaire mais perd le pouvoir législatif qu'il avait sous la République.
L'administration gère 44 provinces. L'appareil bureaucratique au service de l'empereur se renforce. Le sol provincial est propriété du peuple romain, il est soumis au droit foncier. Le tribut est payé par les non-citoyens ; il sert à la construction de routes et de canaux.
Les décisions impériales sont écrites en latin, gravées sur du marbre et exposées en public. Elles sont la loi et permettent une rationalisation et une uniformisation de la législation dans toutes les provinces de l'Empire. Rome a donc légué le droit à la civilisation occidentale.
L'empereur est le chef (Grand Pontife) de la religion romaine polythéiste (vivante jusqu'au triomphe du christianisme au IV-ème siècle) ; les cultes et les fêtes sont célébrés. L'empereur est le garant de la permanence et de la vitalité de la religion. Il veille à la construction des temples. L'empereur est divinisé après sa mort.
L'armée impériale défend les frontières (limes) et assure la sécurité dans l'Empire. À l'origine, c'est une armée de citoyens soldats. Mais elle est devenue une armée de métier forte de 350 000 hommes. La qualité de son entraînement, son encadrement et sa fidélité à l'empereur lui donne sa cohérence. L'empereur lève des impôts, embellit les villes et exploite le domaine impérial.
Le droit impérial est appliqué dans tout l'Empire, ce qui contribue à son unification.
L'Empire romain est essentiellement méditerranéen et les peuples les plus romanisées habitent sur les rives de la Méditerranée. Les Romains appellent la Méditerranée Mare Nostrum, ce qui exprime l'appartenance à une même civilisation née de l'intégration à une même structure politique et des influences apportées par chacun des peuples y vivant.
L'élargissement de la citoyenneté :
Le citoyen est d'abord un soldat qui doit faire un service militaire. C'est aussi un homme politique qui décide des choix fondamentaux de la cité. Sous l'Empire, les citoyens romains ne sont plus soumis au service militaire car il existe une armée de métier. Pour les occuper, l'Etat distribue ses dons : " du pain et des jeux ". Les changements sont aussi de nature politique : le pouvoir est concentré entre les mains de l'empereur. La citoyenneté romaine s'est vidée de son contenu politique mais définit un statut juridique et social privilégié. Le citoyen est devenu un sujet. Mais la citoyenneté romaine est, pour les notables des provinces conquises qui l'acquièrent, un signe d'intégration et d'honorabilité. Contrairement à la citoyenneté qui existait à Athènes, la citoyenneté romaine peut être acquise. Les Romains n'hésitent pas à accorder la citoyenneté progressivement à tous les hommes libres de l'Empire.
Sur l'étendue de l'Empire, au II-ème siècle, règne la paix romaine. Tous les citoyens romains bénéficient de cette paix et par conséquent ressentent peu l'importance du pouvoir de l'empereur. Dans les provinces, les institutions romaines imposent la paix civile. C'est une période de grande prospérité. La romanisation est donc d'abord civique, mais elle est aussi culturelle. Le latin se répand dans l'Occident (l'Orient parle grec) permettant aux élites de communiquer et aux habitants de l'Empire de comprendre les textes officiels. L'éducation est développée et permet de diffuser les valeurs romaines. Les pédagogues instruisent les jeunes enfants qui reçoivent une culture à travers les écrits de Virgile ou de Tite-Live et une formation de citoyens gréco-romains.
D'autres cités fleurissent sur l'étendue de l'Empire et propagent le modèle de Rome. L'urbanisation est un art et les notables locaux font des dons pour construire des monuments (théâtre, capitole…). Ces dons montrent les liens qui attachent les citoyens à leur cité et les cités à l'Empire.