Depuis la Seconde Guerre Mondiale, la France a connu des évolutions comparables à celles de ses voisins : évolution de la famille, des professions, de l'habitat, des activités, et aussi chômage, vieillissement, changement de la répartition de la population. Certaines de ces évolutions modifient l'organisation du territoire.
La France des " vides "et des " pleins " : la France compte 59 millions de personnes inégalement réparties sur le territoire. Déjà après la guerre, on parlait du désert français. La zone la plus peuplée se trouve à l'Est d'une ligne Le Havre-Marseille. Cela correspond à la partie la plus anciennement industrialisée, celle qui a attiré la main d'œuvre. On peut distinguer des zones plus ou moins peuplées résultant du relief et de la répartition des activités économiques. Néanmoins la densité de 106 hab/km² est faible et la France est peu peuplée.
La répartition de la population est concentrique avec pour centre Paris et son agglomération où vivent les 2/5ème des Français. Ensuite viennent des zones à densités moyennes qui se trouvent à la périphérie de la France. Ce sont soit les vieilles régions industrielles soit les zones touristiques de la façade maritime soit les axes de communication importants (région Rhônes-Alpes). Enfin les zones à très faibles densités : la France du vide qui correspond à des montagnes et à des zones agricoles. On peut tracer la diagonale du vide, des Ardennes aux Pyrénées.
La France a connu des flux internes différents selon les époques. Après la guerre, Paris était le grand centre (administratif, économique, universitaire…) et le Nord-Est était peuplé comme zone industrielle. Ensuite, les flux ont profité au Sud qui attirait par le soleil, et aux villes moyennes. Maintenant, la tendance à la concentration a repris. Plus de 40% de la population est regroupée sur 1/100ème du territoire alors que10% de la population occupe les 2/3 du territoire. L'Ile de France attire toujours et les zones peu peuplées continuent à se vider malgré les efforts des municipalités pour retenir les jeunes. On assiste aussi au phénomène de rurbanisation :les travailleurs viennent habiter les zones rurales en périphérie des grandes villes. La population est urbaine à 80%.
La mobilité. Les Français sont beaucoup moins mobiles que les Américains et lorsqu'ils déménagent (1/2 Français a changé de logement entre 1982 et 1990), c'est souvent dans la même agglomération ou zone urbaine (16% ont changé de région en déménageant). En fait, on observe des migrations pendulaires qui se développent avec le phénomène de périurbanisation. Seulement un Français sur deux travaille dans la commune où il habite et cela a été renforcé avec la crise économique. On va de plus en plus loin pour trouver un emploi quitte à ne revenir chez soi que le week-end.
Ce sont donc les communes rurales périurbaines et les banlieues qui attirent les populations en recherche d'un cadre de vie plus agréable. Des villes comme Paris ou Marseille perdent des habitants. Ce sont les jeunes qui viennent à Paris alors que la population âgée se retire en province ou dans le sud et constitue l'essentiel des migrations entre départements et régions. Beaucoup de régions ont un solde migratoire négatif surtout les vieilles régions industrielles.
On observe un glissement de la population du Nord vers le Sud mais cela est compensé par un accroissement naturel plus important au Nord. Il es résulte que la répartition géographique de la population n'évolue que très lentement : la Massif Central continue à se dépeupler.
La principale cause des migrations est le travail.
Les migrations sont aussi externes avec l'arrivée de personnes en provenance des DOM-TOM et des immigrés. La France comptait en 1990 (les résultats détaillésdu recensement de 1999 ne sont pas encore disponibles) 4, 2 millions d'immigrés et 3, 6 millions d'étrangers qui se concentrent dans les régions les plus industrialisées et les plus urbanisées (40% en Ile de France).
La France est entrée dans la transition démographique au XVIIIème siècle alors qu'elle était le pays le plus peuplé d'Europe et au 4ème rang mondial. La France se distingue des autres par la baisse rapide de la natalité et par une transition démographique qui précède la révolution industrielle. Au XIX ème siècle alors que les autres pays connaissaient une forte augmentation de leur population, la France avait pratiquement achevé sa transition. A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, la natalité était la plus basse du monde et était inférieure à la mortalité. Ensuite il y a eu la parenthèse du baby boom de 1945 à 1964 et enfin le retour à la tendance d'une faible natalité (12, 6 pour mille).
Le comportement malthusien provient de l'idéologie individualiste (ascension sociale ) des Français et du souci de préserver le patrimoine. L'idée de la famille s'est modifiée et a mis au centre l'enfant.
La France fut une terre d'immigration et non d'émigration et le vieillissement de la population a commencé tôt. La France s'inquiète du vieillissement. La durée de vie s'allonge sans cesse, la mortalité recule. Cela entraîne des inégalités: jeunes/vieux (L'INSEE prévoit qu'en 2020 la part des personnes âgées dépassera celle des jeunes) ; hommes/femmes, actifs/retraités ; inégalités selon les catégories sociales et les régions. La base de la pyramide des âges devient plus étroite avec la baisse de la fécondité alors que le sommet s'élargit. (pyramide en as de pique). Le vieillissement pose de nombreux problèmes: les dépenses médicales augmentent vite, les capacités d'accueil pour les personnes âgées sont limitées et coûtent cher, le financement des retraites est incertain. Tout cela va être renforcé avec l'arrivée de la classe du baby boom à l'âge de la retraite.
Un comportement nataliste pourrait modifier l'allure de la pyramide et un solution déjà pratiquée dans les années 1930 et 1960 est le recours à l'immigration. Se pose alors le problème de l'intégration de ces étrangers.
Uniformisation des modes de vie : les modes de vie des pays occidentaux se ressemblent beaucoup même si des différences existent. Partout on observe une réduction de la fécondité et de la taille des familles que ce soit dans les villes ou dans les campagnes. La structure de la famille évolue : familles monoparentales ou recomposées. La société est marquée par : l'augmentation des naissances hors mariage (40 % des naissances en France), les divorces, l'augmentation du nombre de célibataires…
La population active. Le nombre d'actifs augmente encore et atteint 25 millions malgré l'allongement des études et l'abaissement de l'âge de la retraite. Cela est dû au développement de l'activité féminine, concentrée dans le secteur tertiaire (80% des femmes). La population active est frappée par le chômage (11% des actifs). Les professions continuent à évoluer et la répartition entre les trois secteurs s'est profondément modifiée (même s'il est parfois difficile de classer les activités ): déclin du secteur primaire et forte croissance du secteur tertiaire qui renforce le salariat et est le seul secteur à créer des emplois. Cette modification de répartition des actifs se perçoit dans l'organisation du territoire et dans la répartition géographique de la population.
A la veille du 3ème millénaire, la population semble reprendre confiance après des années de crise malgré le chômage persistant, la montée de la violence et du sentiment d'insécurité. Son niveau de vie est élevé mais les inégalités se creusent avec l'apparition de la nouvelle pauvreté et de l'exclusion.