Historiquement, la ville était le rassemblement en un même lieu de personnes pratiquant différentes professions non liées à l'exploitation de la terre. La ville assurait des fonctions politiques (siège des gouvernements, administrations et justices), religieuses (siège des dignitaires religieux), commerciales (lieux d'échanges).
Depuis 1800, la population de la Terre a quadruplé. Or le nombre des citadins a été multiplié par 25. Il y a dans le monde 250 agglomérations de plus d'un million d'habitants. Un homme sur deux habite dans une ville. L'accélération de l'urbanisation est due, dans les pays du Nord, à la Révolution industrielle. La ville s'accroît en superficie par la création de banlieues. D'immenses régions sont urbanisées en grandes agglomérations comportant plusieurs centres et s'étendant sur des distances immenses. L'agriculture y a disparu totalement.
Les agglomérations urbaines se répartissent très inégalement autour du globe. Généralement elle correspondent aux grands foyers de peuplement traditionnels. Les villes géantes constituent un phénomène fondamental dans les sociétés des pays du Sud où se trouvent les ¾ des agglomérations de plus de 10 millions d'habitants.
L'urbanisation est due premièrement à l'accroissement naturel car la transition démographique y est plus précoce et parce que la population y est plus jeune que dans le monde rural. Ensuite, l'exode rural fait connaître à la ville un essor considérable car la pression démographique accentue le manque de terres et pousse les paysans vers les villes où ils espèrent trouver du travail. Enfin, l'extension des villes provoque l'absorption des espaces ruraux alentours. Ceci entraîne l'extension d'un mode de vie urbain à d'entières régions autrefois rurales.
En regroupant les hommes sur des espaces restreints, l'urbanisation pose de redoutables problèmes. 80 % des hommes vivent sur 5 % de la surface de la Terre. Les centres-villes aux hauts immeubles sont de plus en plus entourés d'immenses banlieues pavillonnaires. L'extension des villes devient démesurée en hauteur et en espace. Les réseaux de communication sont très vite saturés car les infrastructures ne peuvent pas suivre la croissance urbaine dans les pays les plus pauvres. La pression sur l'environnement (alimentation en eau) est très importante aussi bien au Nord (Californie, Arizona) qu'au Sud (Egypte). La pollution (par les ordures ménagères, par les émissions de gaz…) est un défi majeur des grandes métropoles.
De plus, la ville, où l'éclatement des solidarités sociales va de pair avec l'individualisme, concentre chômage, misère aussi grande que dans le monde rural, et délinquance. Il y a création de ghettos. Cependant la ville est aussi le lieu de l'innovation et du développement culturel et social et représente un mieux par rapport au monde rural souvent très en retard dans les économies encore peu développées.
La ville est traditionnellement le centre de décision. Elle est aussi un espace de production car la Révolution industrielle a favorisé son essor et de services car elle concentre le savoir. La ville est un centre d'échanges car tout y converge : les marchandises et les migrations.
La ville utilise l'espace rural périphérique pour y étendre ses zones commerciales, industrielles, ses technopôles et quelques infrastructures de services consommatrices d'espace (aéroports). Un véritable front urbain se développe suscitant une transformation des espaces agricoles alentours. Le mode de vie des citadins (centres commerciaux, salles de spectacle, adduction d'eau, éclairage public, réseau de tout-à-l'égout...) y est introduit : c'est la périurbanisation.
Les villes adoptent aussi une hiérarchisation entre elles. La taille et les services offerts sont les critères les plus importants car ils déterminent l'attractivité des villes. Des liens de complémentarité et d'interdépendance se créent entre les différentes villes. La ville de niveau supérieur fournit des services grâce à son infrastructure administrative, financière, commerciale et culturelle. La ville de niveau inférieur fournit main-d'œuvre et consommateurs. (Exemple dans la région Rhône-Alpes : pôle dominant : Lyon ; pôles relais de deuxième niveau : Grenoble et St Etienne ; pôles de troisième niveau : les préfectures de Annecy, Chambéry, Bourg-en-Bresse, Valence). Les grandes métropoles concentrent en plus un pouvoir de décision à des échelles diverses : régionale, nationale, mondiale. (Exemple de Lyon : niveau mondial : siège d'Interpol ; niveau national : traitement des grands brûlés par l'hôpital Herriot ; niveau régional : siège d'académie). Le poids humain, économique et culturel des métropoles les hiérarchisent entre elles dans les différents domaines.
Le réseau urbain est constitué par cet ensemble de villes et sa qualité (relations, maillage, poids des unités, homogénéité) est l'indicateur de la réussite politique d'un Etat. Les réseaux urbains équilibrés sont rares. L'Allemagne possède un réseau multipolaire où chaque agglomération possède un poids décisionnel certain (Munich, Stuttgart, Francfort, Berlin, Dresde, Cologne, Düsseldorf, Essen, Brème, Hambourg). En Grèce, au contraire, il n'y a que deux centres importants, Athènes, et loin derrière, Thessalonique.
En France, Etat hypercentralisé par excellence, Paris est sept fois plus importante que la seconde ville (Lyon). C'est pourquoi l'Etat a créé la DATAR (Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale) chargée de rééquilibrer le territoire et de faire contrepoids à Paris. Ainsi, en 1964, sont créées huit métropoles d'équilibre : Lilles, Metz-Nancy, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes ; et, en 1982, la réforme régionale permet à 22 villes de devenir réellement les centres de décision de leur région.
Dans les pays en développement, les réseaux urbains sont souvent déséquilibrés et mal hiérarchisés avec une ville macrocéphale qui concentre tous les pouvoirs.
L'Amérique latine a la caractéristique de posséder d'immenses villes mais mal réparties. En général, chaque pays a une grande ville qui sert de capitale et aucun réseau urbain à côté. Pourtant la population est fortement urbanisée (70 %). Au Venezuela, Caracas, la capitale, est la seule ville du pays. Le Mexique montre un écart considérable entre Mexico et les deux autres grandes villes, Guadalajara et Monterrey.
En Afrique, la population est encore très faiblement urbanisée (15 à 50 %) mais il y a déjà de très grandes agglomérations (Le Caire en Egypte, Lagos au Nigeria, Abidjan en Côte d'Ivoire…). Il n'y a cependant pas encore de réseau urbain véritable.
Aujourd'hui 250 villes dépassent le million d'habitants. Le développement de ces immenses centres urbains réunit les agglomérations en conurbations. La plupart des métropoles mondiales, étant situées sur les carrefours de communication et d'échange, centralisent les flux et concentrent les capitaux et les investissements, ce qui leur permet de se développer.
Les grandes métropoles concentrent la puissance et le savoir. Elles sont les centres décisionnels des Etats et du monde avec les gouvernements, les institutions internationales et les sièges des plus grandes entreprises. Leur pouvoir est donc autant politique qu'économique (avec les banques, les bourses, les assurances). Elles dominent la vie culturelle car elles sont riches et peuvent attirer les artistes et les spectateurs. Les meilleurs établissements d'enseignement s'y concentrent ainsi que les centres de recherche. Les media y sont installés. Riches, elles attirent aussi le tourisme.
Les plus grandes conurbations sont connues sous le nom de mégalopoles et sont les centres du monde développé, la Triade : la mégalopole américaine de Boston à Washington, la banane bleue de Birmingham à Milan - par le Benelux, la vallée du Rhin et le plateau suisse -, et la mégalopole Japonaise de Tokyo à Fukuoka. Celles-ci ont eu un développement précoce et sont relativement bien équilibrées avec des pôles principaux (New York, Londres, Tokyo) mais aussi des pôles secondaires (Baltimore, Turin, Hiroshima) et parfois des pôles extérieurs (Paris, Berlin).
Dans les pays en développement, le phénomène de mégalopole est moins réussi. À part au Brésil et en Inde, il s'agit en fait plutôt de mégapole où une immense conurbation rassemble un fort pourcentage de la population du pays sans qu'il y ait de pôles secondaires ni de véritables réseaux (Lagos, Caracas, Karachi, Le Caire…).
Cependant des échanges se développent de plus en plus entre ces pôles du Sud et du Nord. L'interdépendance et les rivalités sont parallèles au sein d'un espace mondial fondé sur un modèle d'organisation centre-périphérie.
Dans les pays développés, l'urbanisation est très ralentie : la ville peut donc assez facilement gérer ses évolutions. Les pays industriels possèdent une trame urbaine dense et hiérarchisée. Leur organisation est standardisée, ce qui permet de gérer la répartition des activités ainsi que la constitution des équipements.
Dans les pays du Sud, en revanche, les villes affrontent une croissance très rapide. Les bidonvilles construits illégalement voient le jour autour des centres-villes. Les situations des réseaux de villes restent contrastés avec des pays qui possèdent un réseau homogène et équilibré et des pays qui n'ont que quelques mégapoles. En Amérique latine, une capitale macrocéphale est bien souvent la seule grande agglomération du pays (cf. Mexico). En Asie, le développement des villes est globalement meilleur et son équilibrage l'est également (cf. Chine et Inde). En Afrique, le développement des villes est totalement anarchique.
À la fin du XX-ème siècle, les plus grandes métropoles sont essentiellement dans le Sud.
Les plus grandes agglomérations en 2000 :
(il existe par ailleurs d'autres statistiques et d'autres classements)