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Les espaces ruraux

Introduction

Tout comme les espaces urbains, les espaces ruraux sont aménagés par les hommes. Ils étaient autrefois dépendants de l'agriculture et vivaient repliés sur eux-mêmes. Avec l'ouverture des économies, même les espaces reculés doivent s'intégrer aux échanges. Ils sont maintenant très divers et leur intégration à l'économie est variée. Les paysages montrent le degré de rationalité dans l'organisation des espaces ruraux. Les espaces ruraux se diversifient vers des activités extra-agricoles.

Les espaces ruraux sont donc en profonde mutation. Ils subissent l'influence de plus en plus importante des villes et les différences dans les modes de vie s'atténuent. Mais ils apportent en contrepartie aussi beaucoup au monde urbain.

1 La géographie du monde rural

L'homme, en commençant à cultiver le sol, a créé de nouveaux paysages. Les structures agraires dessinent des paysages variés. L'openfield et le bocage sont les principaux types présents tout autour du monde. Le paysage révèle le degré d'humanisation du milieu. Les terroirs riches sont très exploités et font vivre des populations nombreuses. Les aménagements d'un monde rural sont l'indice d'un stade d'interaction forte entre l'Homme et la terre. Les facteurs responsables en sont la démographie, l'économie, le social et le religieux.

L'Homme s'occupe de la terre depuis le Néolithique. Il élève des animaux et cultive des céréales. C'est une agriculture de subsistance (vivrière). La terre est nourricière. L'Homme adopte peu à peu des techniques et des méthodes afin d'augmenter ses productions. Ces milieux vivent en autosuffisance jusqu'à l'essor des transports qui les rapprochent des villes. La productivité est dès lors intéressante car elle permet de faire du profit et d'acquérir les premiers biens de consommation. L'agriculture devient commerciale et les mentalités changent en s'ouvrant sur le monde, mais aussi en déstructurant les communautés rurales. Les structures traditionnelles résistent plus ou moins bien à la modernisation.

L'intégration du monde rural à l'économie nationale et mondiale change les rapports entre l'Homme et la terre. Le paysan devient entrepreneur soucieux de rentabilité. La sélection des races, l'utilisation de matériel agricole ainsi que de l'industrie chimique deviennent nécessaires. La spécialisation s'accentue. La révolution agricole change le monde rural et l'industrialisation de l'agriculture provoque l'exode rural et l'uniformisation des paysages.

Définitions :

  • Structures agraires : manière dont la terre est possédée et exploitée. La réforme agraire tente de les rationaliser (en faire propriétaire celui qui l'exploite). Les différentes statuts agraires sont le faire valoir direct (le propriétaire exploite sa terre), le fermage (l'exploitant paie en argent au propriétaire) ou le métayage (l'exploitant paie en nature au propriétaire). Les latifundia sont d'immenses propriétés, souvent mal mises en valeur par des propriétaires absentéistes.
  • L'openfield est un territoire composé de parcelles cultivables non séparées les unes des autres par des obstacles naturels ou créés par l'homme.
  • Le bocage est un territoire des prairies et de cultures coupé par des haies et des bois.

2 Les espaces vivriers traditionnels

L'Asie des moussons est l'exemple le plus important puisque l'agriculture y doit nourrir la moitié de la population du monde. La culture du riz permet de nourrir les plus fortes densités du monde. Elle nécessite une grande maîtrise de l'eau qui a été acquise au fil des siècles par des civilisations très avancées. La culture du riz est irriguée et même inondée et se fait en terrasses, ce qui nécessite une aménagement important du milieu. Deux et parfois trois récoltes sont ainsi possibles dans l'année (à Java en particulier).

L'introduction des machines permet aujourd'hui aux paysans asiatiques d'augmenter leur productions. La sélection des races fait l'objet de recherches importantes et permet d'augmenter les rendements. L'utilisation d'engrais chimiques ou naturels est destiné au même but. C'est la révolution verte.

Dans certains pays (Japon) le monde rural a été volontairement préservé dans le but de protéger les valeurs (religions…) et l'art de vivre traditionnel.

Dans les zones arides, ce sont les oasis et les rives des fleuves qui sont les principaux espaces agricoles. L'intensification des cultures est obtenue par l'irrigation et par des assolements (changement de culture tous les ans avec rotation). Des investissements importants permettent aux pays les plus riches (Arabie) de créer des oasis artificielles. Mais la monoculture domine les rares vallées (blé, riz). Le coton (culture commerciale) est cultivé dans de grands domaines. L'utilisation excessive des ressources en eaux est un grave problème car il met en danger l'avenir de cette agriculture. Le Nil est l'exemple typique de fleuve qui assure la survie d'un peuple tout entier, l'Egypte (et ce depuis l'Antiquité).

Quant à l'agriculture itinérante pratiquée dans les zones moins désertiques, qu'elle soit sur brûlis ou nomade, elle est en voie de disparition du fait de la dégradation des sols dont elle est responsable et de la pression démographique qui réduisent les territoires utilisés par le nomadisme pastoral. De plus, la volonté des Etats de sédentariser les populations met progressivement fin à ces modes de vie.

L'agriculture sédentaire sur des terres sèches est nécessaire aux savanes africaines qu'elle parsème d'auréoles de cultures. Les essais de mécanisation ont échoué car la politique agricole était mal menée. Aujourd'hui, l'intensification d'une agriculture traditionnelle est l'objectif des gouvernements.

Dans les pays développés des zones tempérées, les progrès de l'agriculture réalisés depuis deux siècles sont tels que l'on se dirige vers des campagnes sans paysans (aux Etats-Unis, environ 2 % des actifs travaillent dans l'agriculture). Et pourtant, c'est le monde développé qui nourrit le mieux sa population est qui fournit au monde en développement des denrées alimentaires. L'agriculture est scientifique. On peut produire avec très peu de main-d'œuvre grâce à une mécanisation très poussée. Le coût d'achat de ces matériels (moissonneuses batteuses, tracteurs…) et des produits chimiques servant d'engrais est tel que l'agriculture est en grande partie constituée de très grandes exploitations capitalistes qui se spécialisent sur des créneaux de marché. Par ailleurs, il est devenu également possible de produire sans terres grâce à l'élevage hors-sol (porcs ou volailles) ou sans-sol (sous serres). Les Pays-Bas sont champions en la matière.

3 L'agriculture de marché

Les plantations sont de riches et vastes domaines de culture spéculatives. Les rendements élevés y sont obtenus par des méthodes scientifiques. Elles emploient des ouvriers agricoles et appartiennent souvent à des grands groupes agroalimentaires. Elles sont dépendantes des cours mondiaux des produits agricoles.

La spécialisation existe aussi lorsqu'une exploitation produit de manière industrielle des produits qu'elle vend soit en grande quantité soit avec une forte valeur. Les vins en sont l'exemple. Dans ce cas, des réseaux de distribution sont présents et se chargent d'écouler la production après l'avoir conditionnée. Les cultures sous-serre ou hors sols sont aussi développées dans les pays les plus riches.

L'élevage est soit intensif, soit extensif. Dans des pays comme l'Argentine, les grands espaces permettent une extensivité importante. En revanche, les Etats-Unis ou l'Europe pratiquent un élevage bien plus intensif qualifié parfois d'élevage en batterie. Les animaux sont choisis, surveillés, vaccinés et nourris avec des produits particuliers. Les biotechnologies permettent des rendements croissants.

La surproduction provoque, pour ce type d'agriculture une chute des prix dont souffrent les agriculteurs.

À côté de ces espaces spécialisés, existent des régions de polyculture quoique actuellement en diminution. La diversification garantit contre la chute des prix d'un produit. La rotation des cultures est organisée afin de protéger les terres. La mécanisation est forte et les agriculteurs y sont de moins en moins nombreux. Les exploitations nécessitent un fort capital. Des cultures de céréales sont associées aux cultures industrielles.

Ces régions agricoles travaillent dans l'environnement mondial et dépendant de l'exportation. Les compétences agronomiques et la productivité font la différence car la concurrence est vive sur le marché. Les Etats soutiennent souvent cette agriculture qui est intégrée à l'économie grâce à la filière agroalimentaire. L'exploitant n'a plus de pouvoir face à l'agrobusiness qui représente une force politique importante.

En Europe, la Politique Agricole Commune est un mécanisme d'aide aux agriculteurs (la France en est le principal bénéficiaire). Aux Etats-Unis, une politique fédérale de soutien des prix est pratiquée depuis les années 1930. Le Groupe de Cairns (Australie, Nouvelle-Zélande, Argentine…) conteste toute aide à l'agriculture et accuse Union Européenne et Etats-Unis de concurrence déloyale.

Les pays du Nord utilisent parfois (les Etats-Unis surtout) l'arme alimentaire pour obliger les pays pauvres à faire ce qu'ils veulent (l'embargo contre l'Irak est un exemple frappant de l'impérialisme américain).

Définitions :
  • Intensivité : forte production par unité de surface.
  • Extensivité : faible production par unité de surface.
  • Agrobusiness : ensemble des activités liées à l'agriculture.
  • Révolution verte : intensification de la production par introduction de nouvelles espèces à meilleur rendement.
  • Réforme agraire : redistribution des terres entre les paysans qui les travaillent.

4 Les mutations de l'espace rural

Dans les pays développés, la surproduction chronique a entraîné beaucoup de départs au sein du monde rural. Le gel des terres est fréquent. Dans les pays pauvres, l'objectif est au contraire d'agrandir la Surface Agricole Utile (surface réellement exploitée) afin de tenter de parvenir à l'autosuffisance. La recherche de nouvelles terres à mettre en valeur s'est faite par des fronts pionniers. La réforme agraire a permis de redistribuer une partie des terres aux paysans afin de les inciter à produire plus. La révolution verte a permis d'augmenter les rendements.

Les fonctions du monde rural ont ainsi changé. Les campagnes des pays riches se sont complexifiées avec la rurbanisation et l'espace rural n'est plus uniquement un espace agricole. L'agriculture est souvent devenue industrielle. Mais parallèlement, une agriculture environnementale s'est développée pour créer des attractions touristiques. L'espace rural devient complémentaire de l'espace urbain comme lie de loisir. De plus, grâce au développement des infrastructures de communication, de plus en plus de citadins viennent s'installer à la campagne pour mieux vivre (développement considérable des résidences secondaires en France - département de l'Eure et Sologne pour les Parisiens).

L'identité traditionnelle du monde rural change donc même si la campagne garde des traits spécifiques qui justement attirent de plus en plus les gens des villes qui recherchent le calme, l'air frais et des activités de loisir et de détente à la campagne. Le développement des gîtes ruraux est un témoin de ce retour vers le monde rural.

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