Zadig de Voltaire
Résumé et commentaire
Le jeune héros, Zadig, apprend à ses dépens la perfidie des femmes, et par sa sagacité, devient
Premier ministre. Mais la jalousie de ses rivaux intrigue contre lui, et le voici fuyant en Égypte,
jeté en prison et vendu comme esclave. La sagesse de Zadig le rend aimable aux uns, odieux aux autres.
Après un long périple, il revient à Babylone pour sauver la reine Astarté devenue veuve, dont il
devient, par son courage et son esprit, le digne époux. Son règne fut heureux. « Ce fut le plus beau
siècle de la terre : elle était gouvernée par la justice et par l’amour. On bénissait Zadig, et Zadig
bénissait le ciel. »
La destinée, tel est donc le sujet de ce conte philosophique, comme l’indique d’emblée le sous-titre.
Zadig, en effet, tente de comprendre, à travers ces vicissitudes, si l’existence est gouvernée par le
hasard des circonstances, par une sage providence, ou la fatalité cruelle. Or selon Jesrad, l’ange
providentiel qui l’éclaire, « il n’y a point de mal dont il ne naisse un bien ». Mais il est difficile
d’accorder cette croyance métaphysique* aux réalités physiques de ce monde, où ne règnent apparemment
que l’injustice et la bêtise. Voltaire a donc du mal à adhérer à l’optimisme de la philosophie de
Leibniz.
Mais ces questions sont mises en scène avec légèreté. Une fiction éditoriale à clé sous-tend
l’ensemble : dans son épître* dédicatoire, Sadi, le double de Voltaire, explique à la sultane
Sherra, (Mme de Pompadour) que le livre fut écrit en ancien chaldéen, puis en arabe, avant cette
version française. Le conte se présente comme un récit de voyage qui permet de satisfaire le goût
des contemporains pour l’exotisme oriental. Mais c’est aussi une parodie des romans baroques*,
avec toutes ces aventures galantes, traversées de combats, de malheurs, de rivaux, de prisons,
qui ont pour but d’éprouver le jeune homme. Car c’est enfin un récit d’apprentissage, une initiation
au monde et à ses usages, dont les plus sots et les plus injustes sont dénoncés avec vigueur par le
style satirique de l’auteur, notamment la tyrannie et les superstitions religieuses. Mais Zadig
triomphe des obstacles : nouvel Œdipe, il sait résoudre les énigmes, et comme Ulysse, au terme du
périple, il retrouve sa bien-aimée qu’il conquiert par la ruse, la « metis » des anciens grecs, et
il parvient à la sagesse.
