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Voies nouvelles

1:Le nouveau roman

Selon Nathalie Sarraute, L’Ère du soupçon (1956) pèse désormais sur le roman français. À la crise des formes traditionnelles, quelques romanciers tentent de proposer des solutions : c’est la naissance du Nouveau Roman. Expliqué par Alain Robbe-Grillet dans Pour un nouveau roman (1955) et dans les Essais sur le roman de Michel Butor la même année, le Nouveau Roman refuse les facilités de l’intrigue et de la psychologie. Il prétend, au contraire, restituer la présence objective et phénoménologique de l’homme parmi les choses, les hasards et les incohérences de la conscience, à travers des intrigues et des personnages qui semblent morcelés. Mais les œuvres produites sont fort diverses. Citons La Route des Flandres de Claude Simon (1960), Les Fruits d’or de Nathalie Sarraute (1963), Moderato Cantabile de Marguerite Duras (1958), et L’Inquisitoire de Robert Pinget (1962).

2:Le Nouveau Théâtre

Parallèlement aux expériences du nouveau roman, plusieurs tentatives dramaturgiques aboutissent à ce que la critique a nommé le Nouveau Théâtre. À la suite d’Alfred Jarry et d’Antonin Artaud, ces auteurs désarticulent de manière radicale le langage dramatique, l’intrigue, les personnages, l’espace et le temps scéniques. Il ne reste plus à la fin sur les planches que des pantins balbutiants, d’un effet comique, angoissant ou tragique, selon les cas, reflets de notre condition humaine, au sein d’un monde absurde. Les meilleures réussites, et souvent les plus pessimistes, sont les pièces de Samuel Beckett (En attendant Godot 1953), d’Eugène Ionesco (La Cantatrice chauve et La Leçon 1950), de Jean Genet (Les Bonnes 1947) et d’Arthur Adamov (L’Invasion 1950).

3:La nouvelle poésie

La poésie en crise a elle aussi cherché des voies nouvelles, et les solutions proposées sont innombrables. Mais il semble que toute la production poétique contemporaine hésite entre ces deux voies : le refus ostentatoire du lyrisme ou le consentement à rebours à un lyrisme plus maîtrisé. Le style profond, subtil, intimiste ou métaphysique* de Pierre-Jean Jouve, René Char, Yves Bonnefoy et Philippe Jaccottet, les rattache à cette seconde manière. Jean Tardieu, Jacques Roubaud et Isidore Isou, au contraire, se livrent aux expériences les plus extravagantes, désarticulant peu à peu le langage, réduit à une vaste combinatoire, plus ou moins signifiante. Francis Ponge, avec Le Parti pris des choses (1942), se limite au monde des objets, décrits non sans finesse et humour. Une autre forme de refus du lyrisme apparaît dans la poésie de Jacques Prévert, Eugène Guillevic et André du Bouchet, ou c’est du moins un lyrisme très paradoxal.

4:Les nouveaux horizons

La France littéraire s’ouvre désormais à des horizons nouveaux, dont Saint-John Perse avait déjà proclamé les Éloges en 1911. Parmi les meilleures œuvres de langue française, beaucoup sont aujourd’hui manifestement produites en dehors de l’hexagone, dans le cadre de ce qu’on appelle parfois la francophonie. Au Québec, notamment, Michel Tremblay, Réjean Ducharme, Anne Hébert, et Antonine Maillet ont signalé la richesse et la diversité de leurs talents en posant sur leur société un regard critique, non sans humour cependant. La littérature du Maghreb, marquée par les problématiques coloniales et postcoloniales, s’oriente aujourd’hui vers des voies différentes. Les plus célèbres de ses auteurs sont Mouloud Feraoun, Taos Amrouche, Rachid Boudjedra, Tahar Ben Jelloun, Assia Djebbar. D’abord tournée vers la quête d’une identité commune, la « négritude », qu’affirment le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Martiniquais Aimé Césaire, la littérature noire s’oriente aujourd’hui vers l’expression de cultures nationales spécifiques (René Depestre en Haïti, Boris Gamaleya à la Réunion, Mongo Beti au Cameroun), ou, au contraire, métissées (la « créolité » de Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant).

5:Les idées nouvelles

D’une manière générale, l’écriture est devenue elle-même un sujet majeur de réflexion au xxe siècle. La critique littéraire, sous l’impulsion de Proust, Barthes et Blanchot, et notamment la Nouvelle Critique, semble presque un genre littéraire à part entière. Mais, la catégorie de genre, pour certains, est désormais obsolète. Ce qui importe, c’est moins le genre de l’écriture que le genre de l’écrivant. La question de l’écriture féminine est ainsi posée.

Les écrits de Simone de Beauvoir (Le Deuxième Sexe, 1949), de Françoise Sagan, Marie Cardinal, Claire Etcherelli, Annie Ernaux, ont permis à Julia Kristeva, Hélène Cixous et Béatrice Didier de réfléchir à la spécificité de « l’écrire-femme ». Mais voici venir déjà l’ère de la post-modernité, et des « déconstructions »...

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