Théophile de Viau
1:Sa vie
Théophile de Viau voit le jour en 1590, au sein d’une famille protestante de petite
noblesse. Son existence est celle d’un poète-aventurier. Il accompagne des comédiens
errants au sortir de l’adolescence, s’engage dans des intrigues diverses, en compagnie
de grands seigneurs de ce temps. Il leur montre la voie d’un libertinage spirituel, où
il s’illustre avec bonheur.
Après un séjour dans les Provinces Unies, puis en Angleterre, il revient en France, d’où
il est bientôt chassé à cause de ses « vers indignes d’un chrétien tant en croyance qu’en
saletez ». En 1622, il abjure sa foi protestante. Cette concession ne peut désarmer le zèle
querelleur des jésuites*, Garasse et Voisin : ses œuvres et sa participation au Parnasse
satyrique sont attaquées. Jugé par contumace, le poète est condamné au bûcher. Son amant,
le jeune poète des Barreaux, et quelques autres amis intercèdent en sa faveur. Il est
finalement banni. Mais les terribles conditions pénitentiaires d’une injuste détention de
1623 à 1625 ont réussi malgré tout à tuer le poète : il meurt l’année suivante.
2:Son oeuvre
La poésie maniériste de Théophile de Viau s’oppose à toute règle poétique qui se
voudrait universelle : « Malherbe a très bien fait, mais il a fait pour lui ».
Au contraire, Théophile affirme :
Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints,
Promener mon esprit par de petits desseins,
Chercher des lieux secrets où rien ne me déplaise
Méditer à loisir, rêver tout à mon aise.
Il y réussit d’ailleurs fort bien, et son génie lui vaut d’être appelé en son temps, comme
Ronsard jadis, « le Prince des poètes ». Il exerce la diversité de ses talents en écrivant des
élégies*, des stances, des odes*, des épigrammes*, des épîtres, une tragédie, Les Amours
tragiques de Pyrame et Thisbé, une traduction du Phédon de Platon. « Dans ce val solitaire
et sombre », à la suite de Saint-Amant, il enchante « La Solitude ».
Cet esprit fantasque et indomptable, fort goûté par les romantiques, bénéficie aujourd’hui
du regain d’intérêt pour le baroque*, et il est communément considéré comme l’un des plus beaux
fleurons de son époque.
