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La symphonie pastorale

1:Présentation

La Symphonie pastorale trouve sa place à la suite de L’Immoraliste et de La Porte étroite. Sans pour autant former un véritable tryptique, ces trois œuvres examinent d’un regard critique trois attitudes fondamentales face à la vie : s’abandonner à un moi égoïste, à un Dieu mystique, ou à l’amour d’autrui.

Le récit se présente comme le journal d’un pasteur d’un village du Jura. Il a recueilli jadis dans sa famille une jeune fille aveugle et orpheline, Gertrude, dont il s’occupe avec dévouement. Mais avec le temps, l’amour paternel et spirituel se transforme, sans qu’il s’en aperçoive. Son épouse en revanche, et surtout son fils Jacques, eux, s’en sont aperçu. Les relations entre le père et le fils se détériorent. Après une opération, Gertrude recouvre la vue, mais tente de se suicider : convertie par Jacques au catholicisme, et consciente à la fois de son amour pour lui et de l’amour du pasteur pour elle, elle a compris le drame dont elle était le centre.

2:Analyse

Les personnages du récit sont particulièrement émouvants. Ce pasteur protestant est un homme dévoué, sensible et pur, d’une pureté qui touche même à la naïveté, sinon à la mauvaise foi. Bien plus aveugle que Gertrude en fait, il comprend un peu tard quels sentiments troublent son fils, et le troublent aussi. Gide fait voir, sous cet idéalisme débonnaire, « une forme de mensonge à soi-même ». Le conflit ordinaire, qui oppose un fils à son père, est ici redoublé par les divergences religieuses, et surtout par la rivalité amoureuse implicite entre le pasteur et Jacques, et celui-ci décide à la fin de se faire moine. Gertrude se trouve être le centre, sinon la cause, de ce drame. En recouvrant la vue, elle découvre à la fois les merveilles et les misères du monde. Son âme généreuse la conduit au sacrifice de soi et à la mort.

L’équivoque du titre désigne à la fois le journal du pasteur (pastorale*) et la symphonie de Beethoven, dont Gide retrouve ici la fraîcheur élégiaque. Le style délicat fait de cette prose un poème lyrique* et musical, auquel les péripéties tragiques ajoutent une note pathétique. L’analyse de la question morale et de l’amour aveugle est fondue dans une langue harmonieuse et simple.

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