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Le rouge et le noir

1:Résumé

Julien Sorel, le fils d’un simple scieur, devient le précepteur des enfants de M. de Rênal, le maire de Verrières. Le succès de Julien auprès de ses élèves, et auprès de Mme de Rênal surtout, les soirées sous le tilleul, la stratégie amoureuse du jeune homme, finissent par éveiller des soupçons. Pour faire taire les rumeurs, Julien doit quitter son amante et sa position. Grâce à ses talents brillants au séminaire, Julien obtient une place de secrétaire à Paris auprès du marquis de la Mole.

Après des débuts maladroits, Julien réussit un peu mieux en société, et surtout auprès de la fille du marquis, Mathilde. L’amour entre les jeunes gens est un jeu d’orgueil et de mépris, et Julien finit par triompher de Mathilde, qui se retrouve enceinte. La situation semble désespérée, mais M. de la Mole, furieux, finit par obtenir pour Julien un titre de noblesse, qui lui permette de prétendre à Mathilde. Le bonheur, pour Julien, est total, mais une lettre de Mme de Rênal, qui l’accuse d’ambition, ruine tous ses espoirs. Julien tente de la tuer. Malgré les tentatives désespérées de Mathilde pour le sauver, malgré Mme de Rênal même, seulement blessée, qui veut obtenir sa grâce du jury, Julien ne demande que la mort, qu’il accueille avec courage. Mathilde enterre la tête de son amant décapité, Mme de Rênal meurt trois jours après.

2:Personnages

Julien, le héros du roman, est un personnage très ambigu. L’ambition sociale, l’ambition amoureuse, qui semblent ses principales passions, le conduisent au meurtre qu’il tente froidement sur la personne de Mme de Rênal. Les jurés voient en lui « un paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune », et ce n’est pas entièrement faux. Les femmes lui semblent, comme la carrière militaire et la carrière ecclésiastique, un utile moyen de parvenir. Il raisonne, il calcule, et en triomphe par stratégie et par orgueil. Mais le lecteur découvre au fil du texte un jeune homme émouvant. Son orgueil et son talent le placent au-dessus de sa condition première, mais son origine médiocre le rabaisse aux yeux de la haute société, et à ses propres yeux d’ailleurs. Julien, qui a rêvé d’équipées héroïques, est un homme passionné et sincère, au fond. Sa spontanéité et son naturel le révèlent à lui-même. Il accuse fort justement l’ordre social, et réussit à trouver le bonheur au terme de sa vie.

Face à Julien, Mathilde de la Mole et Mme de Rênal incarnent deux formes opposées de l’amour, plus passionnel chez celle-ci, plus intellectuel chez celle-là. Mme de Rênal, femme mariée, et mère de deux enfants, aime avec passion et tendresse, là où Mathilde n’aime que par orgueil, lorsqu’elle se sent dominée, mais alors, avec fougue et enthousiasme. Mme de Rênal, qui écrit cette funeste lettre sous la dictée de son confesseur, tente malgré tout de sauver son amant, et avec Mathilde, déploie tous ses efforts en vain. Ces deux femmes très différentes communient dans l’amour du même homme. Mais la fin pathétique de Mme de Rênal, qui se laisse mourir, sans pour autant attenter à ses jours, comme elle l’a promis, s’oppose au geste dramatique et spectaculaire de Mathilde qui, en enterrant cette tête chère, revit le geste romanesqu*e de Marguerite de Navarre. Ces deux images finales révèlent bien le caractère de l’une et l’autre.

3:Analyse

Le titre est quelque peu énigmatique. Sept ans avant Le Rose et le Vert, les deux couleurs de cette Chronique de 1830 symbolisent sans doute l’Armée et l’Église, les deux carrières par lesquelles le jeune héros croit pouvoir conquérir le monde, en uniforme rouge, ou en soutane noire. Mais elles renvoient peut-être aussi au symbolisme* universel, rouge pour la passion, noir pour la mort, puisque tel est le destin de Julien Sorel. Le Rouge et le Noir, Chronique de 1830, qui met en scène la diversité des milieux sociaux, l’échec d’une ascension sociale, un parvenu rebelle, une société bloquée, l’hypocrisie générale de la pratique religieuse, l’importance de l’argent, semble un roman réaliste. D’ailleurs, Stendhal s’est inspiré pour son roman d’un fait divers tiré de la Gazette des tribunaux, l’affaire Berthet. L’histoire malheureuse d’Antoine Berthet coïncide à peu près avec celle de Julien, mais il fallait encore accomplir tout le travail de l’art. La composition romanesque* savante multiplie les effets de (fausses) symétries et d’oppositions : les deux liaisons, les lettres qui, dans les deux cas, interrompent la carrière amoureuse de Julien, l’opposition entre Paris et province, les jeux d’écho entre les épisodes, les phénomènes de répétition ou de prémonition, Julien qui lit dans un journal la condamnation de Louis Jenrel, anagramme de son propre nom, Mathilde qui porte le deuil de son ancêtre décapité, comme Julien va l’être... Cette composition, les monologues intérieurs des personnages, les intrusions du narrateur, ses commentaires fréquents et le travail remarquable du style ont amené les critiques à parler de réalisme subjectif.

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