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Ronsard

1:Le prince des poètes

Pierre de Ronsard naît dans le Vendômois en 1524, dans une famille de petite noblesse. Sa fonction de page des fils de François Ier le destine à la carrière des armes ou à la diplomatie, mais une surdité partielle change ses ambitions : il sollicite des revenus ecclésiastiques et reçoit les ordres mineurs. Goûtant les poètes latins, Horace et Virgile, il rencontre bientôt Peletier du Mans, Jean Antoine de Baïf et Du Bellay, et suit pour compléter sa formation humaniste les leçons de l’helléniste Jean Dorat au collège de Coqueret.

Ses premières publications sont des recueils de poésie grandiloquente, mais peu à peu, adaptant son style aux exigences de la cour et des publics divers, le poète des princes devient le « prince des poètes ». Avec quelques-uns des poètes qui l’entourent, il forme la Pléiade, à l’image des sept poètes alexandrins qui, jadis, s’étaient placés sous le signe de cette constellation. Il obtient la faveur d’Henri II dont il est conseiller et aumônier ordinaire, et surtout de Charles IX, qui le comble de biens, et fait de lui le poète officiel.

Quand éclatent les troubles des guerres civiles, Ronsard prend violemment parti contre les protestants, avant de revenir à une position plus modérée à la fin de sa vie. Après la mort de Charles IX, se voyant préférer le poète Desportes, il se retire à Saint-Cosme-lez-Tours pour remanier ses écrits et pour se consacrer à ses œuvres complètes. C’est là que, tourmenté par la goutte, il meurt en 1585, laissant ces Derniers Vers, publiés au moment des obsèques officielles, qui, reprenant les paroles du Christ, sont pleins d’orgueil et de générosité à la fois, et pourraient servir d’épitaphe à ce poète :

Adieu chers compaignons : adieu mes chers amis,
Je m’en vay le premier vous preparer la place.

2:L'œuvre de Ronsard

A:Le style

La poésie de Ronsard se veut aussi variée et riche que la nature elle-même, et l’abondance de son inspiration poétique se décline selon tous les styles nombreux auxquels il s’est essayé. Les Odes montrent d’emblée en 1550 le talent du poète. Il renoue avec la tradition de Pindare, dont il imite les constructions en strophe, antistrophe, épode. Les vers, « mesurés à la lyre », font alterner rimes féminines et masculines – la Pléiade généralise ce principe – et célèbrent à l’envi Henri II, les princes et les amis du poète, à grand renfort d’imagerie et de figures mythologiques subtiles et complexes. D’un lyrisme plus doux, plus simple et familier, comme celles adressées « à la fontaine Bellerie » ou « à la forêt de Gastine », d’autres odes* s’inspirent plutôt d’Horace. Le poète latin donne le ton gracieux à une évocation épicurienne de la nature et de la fuite du temps.

B:Les écrits

À l’époque des Amours, Ronsard publie en 1553 le Livret de Folastries sous le signe païen et gaillard de Dionysos, dieu du vin et de l’ivresse. Après le style haut et moyen des odes* pindariques et horatiennes, ce sont là des textes débridés, de style bas, traversés de satyres avinés et de nymphes joyeuses. Avec les Hymnes, le poète retrouve le style élevé de Callimaque et Théocrite, et forme de nobles discours d’inspiration mythique et cosmique pour célébrer tel personnage (Henri II, le cardinal de Lorraine) ou des entités diverses (les quatre saisons, l’éternité, la mort). La poésie est ici libre et majestueuse, à la hauteur du sujet envisagé et du poète qui l’enchante.

Mais à partir des troubles de la guerre civile, Ronsard veut s’engager contre les protestants et publie après l’Institution pour l’adolescence du roi Charles IX, un Discours des misères de ce temps et sa Continuation, puis une Remontrance au peuple de France et une Réponse aux injures et calomnies de je ne sais quels prédicantereaux et ministreaux de Genève. Tous ces discours sont forts d’une rhétorique* souvent grave et puissante, qui sait être féroce et sauvage à l’occasion. Tantôt, il se désole et déplore les tueries de la guerre, tantôt il invective, entre en fureur et lance l’anathème*, avant de rappeler le peuple à la raison et à la réconciliation patriotique. Mais le grand œuvre auquel songe Ronsard, c’est sa Franciade, une épopée retraçant les pseudo-origines troyennes de la monarchie française, depuis Astyanax Francus, le fils d’Hector, jusqu’au roi Charles IX. C’est ainsi que jadis, sous Auguste César, Virgile avait, par son Énéide, célébré le règne et les ancêtres présumés de l’empereur. Mais il n’écrit que quatre des vingt-quatre chants prévus, abandonnant finalement le projet, et n’ayant « plus que les os », comme il le dit lui-même, lorsque la mort vient se saisir de lui sans le surprendre en 1585.

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