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La princesse de Clèves

1:L'auteur

Marie-Madeleine Pioche de la Vergne naît en 1634, dans une famille de petite noblesse. En 1655, elle épouse le comte de La Fayette. Tandis qu’il se retire sur ses terres d’Auvergne, elle demeure à Paris. Elle rédige un « Portrait » de son amie, Mme de Sévigné, se lie d’amitié avec La Rochefoucauld, et publie bientôt La Princesse de Montpensier en 1662, Zaïde en 1670, et en collaboration avec la duchesse d’Orléans, l’Histoire d’Henriette d’Angleterre. On dit parfois que son chef-d’œuvre, La Princesse de Clèves, fut, sinon écrit, du moins retouché par La Rochefoucauld. Ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas prouvé. Si Mme de La Fayette a d’abord nié être l’auteur de cette œuvre, c’est surtout que les convenances de ce siècle ne permettent guère que les femmes s’accordent une telle licence. Quoi qu’il en soit, le livre connaît d’emblée un énorme succès. Mais après la mort de La Rochefoucauld en 1680, elle se retire dans la solitude, où elle meurt en 1693.

2:L'histoire

La fille de Mlle de Chartres épouse sans amour le prince de Clèves. Mais elle rencontre au cours d’un bal M. de Nemours, qui par ses sentiments pour elle sollicite son cœur. Touchée par les avertissements de sa mère, la princesse de Clèves devance son désir, et avoue à son époux désespéré ses craintes et son amour naissant. M. de Nemours tente un jour de voir la princesse, toujours amoureuse, sans se faire voir par celle-ci. M. de Clèves, sur la base de faux rapports, finit par croire, accablé, à l’infidélité de son épouse, qu’il accuse injustement. Elle le détrompe, mais il meurt. La princesse de Clèves, alors, refuse les avances de M. de Nemours, et malgré son amour pour lui qu’elle révèle, se résout à quitter le monde et se réfugie dans une sainte retraite ; « et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables ».

3:Les thèmes

La peinture de l’amour et de la cour donne lieu à de remarquables analyses psychologiques et sociologiques dans cette œuvre. La cour, d’abord. C’est la cour de France, dans les années 1558-1559. Mme de La Fayette évoque la splendeur des bals, les tournois, les intrigues galantes, les coteries autour de la reine ou de la dauphine, les luttes de pouvoir entre maisons diverses, les Guise contre les Montmorency, le renversement des rapports de force après la mort d’Henri II, les fastes, les rumeurs. Le tableau est à la fois très net et très poétique. Mais c’est l’amour surtout qui occupe la première place du récit, ou plutôt les tourments de l’amour. Il semble toujours contrarié, si ce n’est condamné, par l’ambition, les contraintes sociales, ou la dissymétrie des sentiments. Dans le cas plus complexe de la princesse de Clèves, certes l’amour est exhaussé, mais il est subjugué par la passion plus haute encore du devoir. L’amour est sacrifié sur l’autel de la vertu. L’héroïsme singulier de la princesse réside dans le renoncement à ce qui lui fut cher : c’est la grandeur mélancolique et le refus des vanités.

4:L'esthétique

On ne peut sans confusion présenter ce récit comme un roman. L’œuvre, tout au contrLa peinture de l’amour et de la cour donne lieu à de remarquables analyses psychologiques et sociologiques dans cette œuvre. La cour, d’abord. C’est la cour de France, dans les années 1558-1559. Mme de La Fayette évoque la splendeur des bals, les tournois, les intrigues galantes, les coteries autour de la reine ou de la dauphine, les luttes de pouvoir entre maisons diverses, les Guise contre les Montmorency, le renversement des rapports de force après la mort d’Henri II, les fastes, les rumeurs. Le tableau est à la fois très net et très poétique. Mais c’est l’amour surtout qui occupe la première place du récit, ou plutôt les tourments de l’amour. Il semble toujours contrarié, si ce n’est condamné, par l’ambition, les contraintes sociales, ou la dissymétrie des sentiments. Dans le cas plus complexe de la princesse de Clèves, certes l’amour est exhaussé, mais il est subjugué par la passion plus haute encore du devoir. L’amour est sacrifié sur l’autel de la vertu. L’héroïsme singulier de la princesse réside dans le renoncement à ce qui lui fut cher : c’est la grandeur mélancolique et le refus des vanités.aire, proteste contre la vogue et l’esthétique romanesques. Face aux galanteries héroïques du grand Cyrus et de Clélie, qui firent le succès de Madeleine de Scudéry, face aux milliers de pages de ces romans précieux, inspirés d’une antiquité merveilleuse un peu baroque*, voici un récit bien plus bref, vraisemblable, linéaire et sobre. Ici, point de ces équipées splendides, tout l’art réside dans la maîtrise. L’héroïsme de la princesse n’est pas une débauche d’actions, mais une passion retenue. Moins idéaliste, plus intériorisée, l’œuvre de Mme de La Fayette met en scène la quête d’une humanité plus proche, plus complexe, plus trouble. C’est un roman, si l’on y tient, qui se garde du romanesque*. C’est un récit qui se rapproche du genre des mémoires, et l’auteur souligne constamment l’ancrage historique de la narration. En tout cela, Mme de La Fayette apparaît comme la source du roman classique, par son art de la description, de l’analyse des sentiments, de la litote*, mais aussi parfois de l’hyperbole*, pour traduire l’émotion. La princesse de Clèves touche ici à la dignité pathétique des héros tragiques, car elle doit, pour l’honneur, hélas ! renvoyer son amant, malgré elle, malgré lui.

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