La mort du roi Thésée est annoncée : Hippolyte, son fils, déclare sa flamme à Aricie, une princesse que Thésée a écartée du trône, tandis que Phèdre, l’épouse de Thésée, ne peut cacher à son beau-fils horrifié, Hippolyte, les sentiments qu’il lui inspire. Or Thésée, longtemps disparu, est de retour. Œnone engage sa maîtresse à devancer Hippolyte, en l’accusant d’indignité, et Phèdre, jalouse en apprenant l’amour d’Hippolyte pour Aricie, la laisse faire. Celui-ci se défend maladroitement, et son père le maudit, en appelant sur son fils la colère du dieu Neptune. Mais Thésée a enfin quelques remords, et peut-être quelques soupçons. Il est trop tard. Œnone, désespérée par l’ingratitude de Phèdre, se suicide. Hippolyte, attaqué par un monstre marin, vient d’expirer. Et Phèdre, qui s’est empoisonnée, meurt sous les yeux de Thésée, justifie l’innocent, et avoue tous ses forfaits.
Phèdre, le personnage éponyme, incarne le désir et le remords, la faute, et la conscience de la faute. Du début de la pièce, où elle paraît mourante, à la fin où elle meurt en effet, elle est torturée par la souffrance, et semble poursuivie par la fatalité. Hippolyte est un jeune homme pur, trop pur peut-être. Horrifié par les aveux de Phèdre, il se refuse cependant à l’accuser clairement auprès de Thésée, pour son honneur à elle, pour son honneur à lui. Son seul crime est d’aimer cette Aricie, dont les raisons d’État ont fait une ennemie. Thésée, comme Phèdre, et comme Hippolyte, apparaît dans douze des trente scènes de la pièce, mais il n’arrive qu’à l’acte III. Sa disparition, sa mort annoncée, démentie, son retour enfin, sont les moteurs d’un drame tragique qu’il ne maîtrise pas. Il est le roi, mais l’orgueil, l’aveuglement et la colère l’empêchent de connaître ses proches, de les deviner, et il met à mort son propre fils. Aricie est, de par son sang, l’ennemie du royaume, mais elle apparaît surtout comme une jeune fille sincèrement amoureuse, et Thésée la recueille finalement comme sa propre fille. Œnone est à la fois la nourrice et la confidente de Phèdre. Face au loyal Théramène, précepteur d’Hippolyte, elle a le méchant rôle du mauvais conseiller, qui favorise à la fois les désirs de son maître et la catastrophe tragique.