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La peau de Chagrin

1:Présentation

Trouvant sa place au sein des études philosophiques, œuvre programmatique, l’une des premières de Balzac par ailleurs, La Peau de chagrin met en scène le mythe fondamental de La Comédie humaine : le désir destructeur.

Le jeune Raphaël de Valentin, ruiné au jeu, et au bord du suicide, trouve chez un antiquaire une peau de chagrin fort singulière : elle raccourcit et abrège la vie de celui qui la possède, à mesure qu’elle exauce ses désirs quels qu’ils soient. Imprudent, Raphaël en fait l’acquisition. La richesse, l’amour, tout semble lui sourire, mais la peau rétrécit. Il a beau faire, la jeter, la faire examiner par des savants, renoncer aux plaisirs, son destin est scellé. Une dernière rencontre avec Pauline qu’il aime tant le conduit à la mort.

2:Analyse

Dans le récit, quelques-unes des thèses fondamentales de l’auteur trouvent leur expression. Sa philosophie est révélée en partie par l’antiquaire : « L’homme s’épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux formes de mort : VOULOIR et POUVOIR. » Entre ces deux voies de la volonté de puissance, la sagesse choisit le SAVOIR, car « la pensée est la clef de tous les trésors ». « Et qu’est-ce que la folie, ajoute le vieillard, sinon l’excès d’un vouloir ou d’un pouvoir ? » L’œuvre est donc tout entière habitée par cette croyance que la vie est un capital d’énergie que chacun dépense à son gré, avec parcimonie ou prodigalité. Elle met en scène une arithmétique des désirs et de l’existence, et Raphaël expire apparemment dans l’orgasme, de sorte que la petite mort débouche sur la grande : elle révèle en cela les affinités troublantes entre le désir sexuel et le désir de mort, Éros et Thanatos.

L’œuvre est ainsi un conte philosophique, dans la tradition du xviiie siècle. Elle est aussi un conte fantastique* à la manière de l’allemand Hoffmann. C’est également un conte oriental, avec cette inscription en langue sanscrite, cette peau venue de l’Est, semblable aux talismans ou génies ambigus des Mille et Une Nuits, avec cette poésie érotique et sensuelle des orgies, et ce héros, « amant efféminé de la paresse orientale ». C’est encore une nouvelle tragique dans le style des récits du xvie siècle, et un roman baroque*.

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