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Paul Valéry

Vie et oeuvre

Paul Valéry naît et grandit à Sète. Après le baccalauréat, il se lance dans des études de droit à Paris, où il rencontre Mallarmé, Pierre Louÿs et André Gide. Il publie quelques vers symbolistes. Mais après la « Nuit de Gênes », nuit d’angoisse et de détresse, en 1892, il renonce aux « idoles », l’amour, la poésie, et s’oriente vers des plaisirs plus abstraits. Deux essais, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci en 1895, et Soirée avec M. Teste, l’année suivante, célèbrent l’intelligence et la pensée. Puis il se se mure dans un silence de vingt ans presque.

Il travaille à l’agence Havas, et s’entretient des constructions et réflexions de son esprit : « je fais mon Faust, au milieu de ce désert hanté de mots. »

En 1917, pour mettre un dernier point à son œuvre, il publie La Jeune Parque. Les encouragements reçus l’engagent à continuer. Il publie encore, après Le Cimetière marin en 1920 et Charmes, en 1922. Il compose aussi des essais sur l’art : L’Âme et la danse et Eupalinos ou l’Architecte. Il est désormais célèbre. Il est élu à l’Académie française en 1925, et il recueille ses idées sur le monde et sur l’art dans des volumes divers : Léonard et les philosophes, Amphion, Regards sur le monde actuel, Pièces sur l’art, Cahiers, et Variété, de 1924 à 1944.

L’œuvre de Valéry a le caractère froid et brillant d’un marbre au soleil de l’hiver, et cela peut rebuter parfois. Sa passion de l’esprit est singulière : « Les choses du monde ne m’intéressent que sous le rapport de l’intelligence. » Et en effet, une bonne part de son œuvre consiste en essais, critiques et correspondances, où se révèle la variété de ses préoccupations. Sans doute a-t-il rêvé d’être un génie aussi universel que Léonard de Vinci. « Penser au moyen de mes propres définitions, ce fut pour moi une espèce de but. »

Il va même juqu’à dire : « Un poème doit être une fête de l’intellect. » Mais puisqu’il s’agit d’une « fête », il y convie toutes les ressources sensuelles de la musique et du langage. Tout objet du monde est objet de l’art. La modernité de ses vues poétiques s’harmonise avec la pureté classique de ses vers. Une recherche linguistique et formelle assure à ses poèmes la dignité enthousiaste à laquelle ils prétendent, comme dans Le Cimetière marin :

Le vent se lève !... Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !

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