Montesquieu
Vie et oeuvre
Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu, naît au château de la Brède, près
de Bordeaux, au sein d’une famille de tradition nobiliaire et parlementaire. Il est
élevé à la campagne, puis reçoit l’enseignement très moderne des oratoriens, qui
privilégient l’histoire. Il étudie le droit, passe sa licence. Il se marie bientôt,
et hérite d’une charge de magistrat au parlement. Montesquieu est un esprit curieux
et concret, il s’intéresse aux choses de la nature, les maladies, les animaux, et il
écrit un Mémoire sur l’écho et un autre Mémoire sur les maladies des glandes rénales.
Il fait figure de savant. Mais en 1721, il publie les Lettres persanes, dont le succès
éclatant le conduit à assumer la paternité de l’œuvre, et à fréquenter davantage les
salons de la capitale. Désireux d’étudier le vaste monde, il part en 1728 pour un long
voyage de plusieurs années qui le conduit en Autriche, en Italie, en Allemagne, aux
Pays-Bas, et en Angleterre. Toutes les observations collectées lui serviront pour son
œuvre à venir.
Il compose un opuscule Sur la monarchie universelle en Europe, et publie ses Considérations
sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, où il aborde l’histoire avec
l’esprit concret des philosophes de ce temps. Mais surtout, De l’esprit des lois, son grand
œuvre publié en 1748, analyse les législations et les constitutions des peuples relativement
aux conditions naturelles et aux habitudes culturelles. Le livre obtient un succès internationnal :
Frédéric II, Catherine II, les Anglais, Marat, Jefferson, tout le monde y trouvera son profit,
sauf les jésuites* et les jansénistes qui le critiquent sévèrement. Malgré la Défense de l’Esprit
des lois en 1750, l’essai, condamné par la Sorbonne, est mis à l’Index.
Il continue cependant à travailler, rédige l’article « Goût » de l’Encyclopédie, et meurt en
1755, sans avoir publié les Voyages, Mes pensées et Histoire véritable, qui révèlent le sage :
« Être vrai partout, même sur sa patrie. Tout citoyen est obligé de mourir pour sa patrie ;
personne n’est obligé de mentir pour elle. » « Pour faire de grandes choses, il ne faut pas
être un si grand génie : il ne faut pas être au-dessus des hommes ; il faut être avec eux. »
« Je m’éveille le matin avec une joie secrète ; je vois la lumière avec une espèce de ravissement.
Tout le reste du jour, je suis content. »
