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Molière

1:La vie de Molière

Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris en 1622, fils d’un riche marchand, « tapissier ordinaire du Roi ». Après ses études chez les jésuites*, où il acquiert une solide formation, il fréquente le milieu des comédiens et des libertins*. Le jeune homme tombe amoureux de Madeleine Béjart, jeune comédienne. Il renonce alors à la charge de tapissier que détient son père, et fonde avec quelques amis « L’Illustre Théâtre », mais les recettes sont bien minces, et acculé à la faillite, il est emprisonné pour dettes. Après sa libération, la jeune troupe part en tournée en province. Molière, c’est son nouveau nom, renonce alors à ses prétentions tragiques, et se lance dans le comique où il réussit mieux.

Les premiers succès ne tardent guère. Il obtient la protection de Monsieur, frère du roi. Il engage comme acteurs La Grange, et Jodelet qui lui donne la réplique dans Les Précieuses ridicules en 1659. En 1662, il épouse Armande Béjart, la fille de Madeleine. Molière tente de hausser en dignité la comédie, en lui donnant une visée morale, et les succès se suivent, L’École des maris, Les Fâcheux, L’École des femmes première grande comédie classique en cinq actes et en vers. Mais la jalousie des rivaux et les scrupules des dévots poussent Molière à répondre aux diverses accusations dans La Critique de l’École des femmes et dans L’Impromtu de Versailles, et Louis XIV accepte d’être le parrain de son fils nouveau-né.

Molière va plus loin, et lance contre les dévots ce brûlot comique, Tartuffe, ou l’hypocrite, en 1664. La cabale se déchaîne et réussit à interdire toute représentation. Dom Juan, l’année d’après, malgré son succès, est aussi interdit. Molière, affaibli, malade, malgré le succès du Misanthrope et du Médecin malgré lui, doit s’interrompre pendant de longs mois. Il revient au théâtre et aux succès avec Amphitryon, L’Avare, Le Bourgeois gentilhomme, Psyché, Les Fourberies de Scapin, Les Femmes savantes. Il est cependant au plus mal, il a perdu son père, Madeleine, les bonnes grâces du roi, et tandis qu’il joue Le Malade imaginaire en 1673, il agonise en effet sur la scène. L’enterrement religieux est finalement permis, mais doit se dérouler de nuit.

2:Les idées esthétiques

A:La farce

Dans La Critique de L’École des femmes, Uranie, qui se fait le porte-parole du bon sens, et de l’auteur par la même occasion, fait remarquer, fort à propos : « Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire. » C’est dire que Molière n’a pas de doctrine affirmée, il tire ses principes dramatiques de son expérience empirique plus que des doctrines théoriques.

La farce est un genre où il excelle, et il use de plaisanteries bouffonnes et de jeux de scène à l’italienne, les lazzi*. Elle s’insinue même dans certaines autres pièces qui n’en sont pas, pour souligner tel fait psychologique ou sociologique lié à la situation donnée.

B:La comédie

La comédie se veut plus profonde que la farce, car il s’agit de « peindre d’après nature » les hommes et les vices. Plus qu’un simple miroir de la société, elle est donc une satire* dont la visée morale est constamment affirmée, quoi qu’en disent les faux dévots. Les visionnaires et les imaginaires hantent la scène chez Molière, ces hommes sont obsédés par telle ou telle idée fixe qui les entraîne vers la folie monomaniaque. La santé, la richesse, l’amour des femmes, telles sont les lubies exclusives d’Argan, d’Harpagon, de Don Juan. Ce sont là des passions potentiellement destructrices, contre lesquelles Molière met en garde son public. L’avertissement vaut pour tous.

3:Les idées morales

À travers ses comédies, Molière met en scène les questions morales qui l’intéressent concernant la nature humaine, la société et les autorités.

A:La nature libre et raisonnable de l'homme

Molière croit à une nature libre, mais raisonnable. L’homme est un être de désirs, il serait vain de le nier, mais la passion démesurée de Don Juan pour les femmes lui semble monstrueuse. Tous ceux qui dans la société manquent de naturel apparaissent dans ses pièces sous un jour peu flatteur : ce sont les femmes savantes, les précieuses ridicules et les petits marquis à colifichets. L’artifice et l’affectation, voilà tout ce dont Molière se moque.

B:La dénonciation des pouvoirs abusifs

Mais ce qu’il dénonce, impitoyablement, ce sont les pouvoirs abusifs qui règnent dans le monde. Arnolphe veut épouser Agnès de force ; Argan veut marier sa fille selon son gré à lui ; les médecins tyrannisent Monsieur de Pourceaugnac, et Tartuffe, la maisonnée d’Orgon : il prétend gouverner le père, séduire la mère, épouser la fille, déshériter le fils ! Ce sont là autant d’impostures que Molière s’attache à révéler, pour démasquer ces pouvoirs qui n’ont pour fondement que la faiblesse de ceux sur lesquels ils s’exercent.

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