Marcel Proust
Vie et oeuvre
Marcel Proust naît à Paris en 1871. C’est un enfant maladif, et sujet, dès l’âge de neuf
ans, à de fréquentes et pénibles crises d’asthme. Il suit les cours du lycée Condorcet, et
pendant les vacances, il demeure à Illiers, ou il va sur les plages normandes. Après le
baccalauréat, il décide de se consacrer aux lettres. Il collabore à quelques revues, et
fréquente les salons de la capitale, où il rencontre entre autres le comte Robert de
Montesquiou, le musicien Reynaldo Hahn et l’écrivain Anatole France. Il mène une vie
mondaine de dandy* et d’esthète.
En 1896, il publie son premier ouvrage, Les Plaisirs et les jours, album de nouvelles, de
vers et d’essais, et il travaille à Jean Santeuil, roman autobiographique. Ayant perdu père
et mère en 1903 et 1905, très ébranlé, il se retire dans la solitude de sa chambre, boulevard
Haussmann, où il reçoit de nuit ses amis et intimes. Il réfléchit aussi à un essai de critique
littéraire, où il s’affirme à la fois face à Balzac et Contre Sainte-Beuve. Puis avec Du côté
de chez Swann, il présente enfin au public en 1913 le début du cyle romanesque* qu’il a entrepris :
À la recherche du temps perdu. Le succès n’est pas grand. En revanche, À l’ombre des jeunes
filles en fleurs obtient le prix Goncourt en 1919. Les autres volumes se succèdent régulièrement,
Le Côté de Guermantes en 1920, Sodome et Gomorrhe, en 1922, et après sa mort, La Prisonnière,
Albertine disparue et Le Temps retrouvé.
Marcel Proust n’a écrit, pour ainsi dire qu’une seule œuvre, ses autres écrits n’étant en
somme que des esquisses préalables à La Recherche, mais quelle œuvre ! L’ensemble que constituent
ces sept romans est une cathédrale engloutie dans le fleuve du temps. L’œuvre semble a priori un
roman autobiographique, puis elle évolue vers le style des mémoires, et du roman de mœurs, et se
transforme en un roman d’amour, qui finit en essai littéraire et philosophique, avant que le
lecteur ne comprenne la portée de ce récit de vocation : le narrateur parvient, au terme de son
parcours et de son apprentissage, à l’idée du roman que le lecteur achève, pour retrouver enfin
« un peu de temps à l’état pur ».
Comparable en cela à celle de l’écrivain irlandais James Joyce, l’importance de l’œuvre de
Proust dans la littérature du xxe siècle est capitale. Les lieux de ses récits suscitent chaque
année des pèlerins nombreux, qui viennent souvent de fort loin. Cela fait sourire, en effet.
Mais ce détail dit assez de quelle rare ferveur jouit son œuvre dans le monde.
