Artiste dans tous les sens du terme, Jean Cocteau fut poète, romancier, dramaturge, acteur, cinéaste, dessinateur, sculpteur, décorateur, céramiste... Il participe à toutes les aventures de la modernité, à commencer bien sûr par celle des surréalistes, car il fréquente Apollinaire, Reverdy, Cendrars. Il collabore aussi avec Diaghilev et avec le monde du ballet. Il s’intéresse aux innovations musicales d’Éric Satie. Il accompagne Roland Garros en avion dans ses vols d’acrobatie. Dès l’âge de dix-neuf ans, il est la coqueluche des salons parisiens, on se l’arrache, Proust et Gide l’admirent. Lui n’a d’yeux que pour Raymond Radiguet, jeune prodige, mais sa mort précoce en 1922 afflige Jean Cocteau. Il sombre dans la drogue, expérience évoquée dans Opium (1930).
Dans ses premiers recueils, Le Cap de bonne espérance (1919), Plain-chant (1923), il introduit de nombreux éléments d’avant-garde, mais ses romans sont plus originaux : Thomas l’imposteur (1923), Le Grand Écart (1923) Les Enfants terribles (1925). Il élabore un univers mythologique et fabuleux qui lui est propre. C’est toutefois par le théâtre qu’il s’impose. Son œuvre dramatique est d’une grande variété : il cultive le mimodrame, sorte de drame clownesque, comme Le Bœuf sur le toit (1920), le ballet-farce, avec Les Mariés de la tour Eiffel (1921), le drame symboliste avec Orphée (1925), la tragédie avec La Machine infernale (1934), la féerie médiévale avec Les Chevaliers de la Table Ronde (1937), le vaudeville* avec Les Parents terribles (1938), le drame romantique avec L’Aigle à deux têtes (1946). Cocteau cherche à épuiser les ressources de l’imagination : c’est un virtuose et un enchanteur.
À partir de 1937, il se lie à Jean Marais, qui sera d’ailleurs l’interprète de quelques-uns de ses films. Son style surréaliste et fabuleux éclate dans L’Éternel Retour (1943), La Belle et la Bête (1945), Orphée (1950), Le Testament d’Orphée (1960). Il revient cependant à la poésie avec Allégories (1941), Le Chiffre sept (1952), Requiem (1962). Après Le Livre blanc (1928), dans ses derniers essais, La Difficulté d’être (1947) et Journal d’un inconnu (1953), Cocteau approfondit enfin les thèmes artistiques qui lui sont chers à travers l’évocation de ses amis et de ses rencontres. Il prit toujours le « risque d’être jusqu’au bout ».