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Idées morales et engagement

Introduction

Le xxe siècle a vu la montée en puissance, le triomphe, puis la faillite de morales ou d’idéologies de toutes sortes, qui n’ont pas manqué de traverser la vie et l’œuvre de nombreux écrivains.

1:Les élans spirituels

Après les mouvements scientistes et positivistes du siècle précédent, le début de ce siècle est marqué par un regain d’énergie spirituelle et chrétienne. La philosophie spiritualiste de Bergson, converti au catholicisme, n’est pas sans influence sur Péguy. Péguy lui-même, tout en attaquant souvent l’Église, compose des poèmes d’un mysticisme solennel et naturel. Francis Jammes donne au sentiment religieux de ses vers un tour simple et familier.

En revanche, la vocation religieuse paraît plus torturée chez Claudel, Mauriac, Bernanos ou Julien Green. Dans leurs pièces ou romans, l’appel de la chair s’oppose à l’appel de la grâce. D’autres penseurs chrétiens veulent engager leur foi dans le monde. Tel est le cas du philosophe Jacques Maritain, par exemple, d’Emmanuel Mounier, le fondateur de la revue Esprit, et de Marc Sangnier, qui, en créant le mouvement du « Sillon », ouvre la voie à un socialisme chrétien.

2:La réaction

Les courants réactionnaires, nombreux en ce début de siècle, refusent le monde moderne, et prétendent revenir aux véritables traditions nationales de l’Église, de la monarchie, ou de la patrie. Ces mouvements divers, souvent issus des courants antidreyfusards de la fin du xixe siècle, inspirent Barrès, Léon Daudet, Brasillach, Drieu La Rochelle, et trouvent un exutoire dans L’Action française animée par Maurras.

Le culte de la France, l’obsession du passé, la haine de la République, l’attraction-répulsion pour l’esprit germanique, la passion polémique, les relents antisémites et racistes, se conjuguent selon des combinaisons diverses, selon les tempéraments. Mais beaucoup de ces hommes d’extrême-droite sombreront dans la collaboration, le pétainisme ou le fascisme.

3:L'engagement communiste

À l’opposé, se trouve l’engagement communiste. Créé à la suite de la Révolution bolchévique de 1917, le Parti Communiste attire à lui de nombreux jeunes intellectuels, rassemblés dans L’Association des Artistes et Écrivains Révolutionnaires. Parmi ceux-là, se détache la figure de Louis Aragon, qui s’engage Pour un réalisme socialiste (1935), et compose les cycles romanesques* du Monde réel et des Communistes, où il dénonce le capitalisme.

L’engagement des écrivains dans les rangs du Parti Communiste est plus ou moins durable. Il faut citer entre autres Paul Nizan, André Breton, Paul Eluard, et, tous ceux dont la trajectoire personnelle a un jour croisé celle du communisme, comme André Gide ou plus tard Jean-Paul Sartre. L’influence marxiste se prolongera encore jusqu’aux mouvements gauchistes des années 1960-1970.

4:Les morales du siècle

La sagesse d’Alain donne à qui veut le suivre l’exemple d’un humanisme lucide et modéré. Ses Propos sont une aimable école de liberté concrète, contre la tyrannie et les erreurs de l’opinion. De même, Gide propose dans ses œuvres une morale lucide, critique et exigeante. D’autres auteurs seront tentés par une morale plus héroïque, plus exaltante. Montherlant, par exemple, Saint-Exupéry, et André Malraux.

Face à tous ceux-là, résonnent les critiques d’un Roger Nimier, ou d’un Julien Benda, qui voient dans l’engagement de leurs contemporains une tentation funeste, où ils perdent leur âme. Enfin, avec « une sorte de passion de l’indifférence » et du désengagement, Cioran regarde de loin les fallacieuses illusions, les « idéologies, les doctrines et les farces sanglantes » de ce siècle. C’est la morale du désespoir.

5:Le mouvement existentialiste

S’inspirant de la philosophie allemande de Heidegger, l’existentialisme est représenté en France par Jean-Paul Sartre. « L’existence précède l’essence », tel est le constat de cet auteur. L’existence est le fait premier, l’homme est jeté dans le monde, et doit pour donner un sens à sa « situation », inventer ce qu’il sera, cette essence à venir. En ce sens, l’engagement social et politique de Sartre est une réponse à l’angoisse de l’existence.

Albert Camus suit un parcours parallèle. Tandis que Le Mythe de Sisyphe et L’ Étranger (1942) prennent acte de la condition absurde de l’homme dans le monde, La Peste (1947) et L’Homme révolté (1951) donnent à voir la nécessité, et peut-être les moyens, de triompher du désespoir.

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