Alain-Fournier (1886-1914), de son vrai nom Henri Alban Fournier, est un jour illuminé par la rencontre fugitive d’une jeune fille inconnue. De ce rien merveilleux sort la matière poétique d’un des plus beaux romans du siècle. Mais ce jeune auteur fut tué dès les premières heures de la guerre, en septembre 1914.
Un jeune homme arrive à l’école d’un petit village de Sologne : Augustin Meaulnes, le grand Meaulnes, est un être mystérieux. Un soir, il s’égare, et tombe sur un château étrange, comme on n’en voit guère que dans les contes de fées. Les noces de Frantz de Galais doivent y être célébrées, mais la fiancée ne vient pas. Meaulnes rencontre, magnifique, Yvonne de Galais, la sœur de Frantz. Transfiguré par cette circonstance, il retourne au château, accompagné du narrateur, son camarade de classe, mais il ne retrouve plus le chemin. Après de nombreuses aventures, Meaulnes finit par retrouver Yvonne, et par l’épouser. Mais le soir même de ses noces, Meaulnes doit fuir et aider Frantz à retrouver sa bien-aimée. À Paris, il s’éprend de Valentine, qui est en fait la fiancée que recherche Frantz. Il s’en rend compte, et renonce à cet amour. Lorsqu’enfin il rentre à la maison, il trouve Yvonne morte.
Le Grand Meaulnes est avant tout le roman de la quête amoureuse : Frantz, Meaulnes, et, peut-être, le narrateur, sont à la recherche d’un cœur à aimer, d’une femme idéale. De ce fait, la quête est baignée d’une lueur mystique, qui fait son prix et sa beauté. Entre le village, le château, les bois et les campagnes, le récit évoque le vert paradis des amours d’autrefois. Les paysages choisis semblent le reflet des âmes inquiètes et nostalgiques. Le goût de l’aventure, dans cet univers aux charmes symbolistes, vibre aux harmonies mystérieuses d’un merveilleux jusqu’alors oublié.
En y réfléchissant, le lecteur pourra retrouver dans ce récit la grâce des romans courtois du Moyen Âge, les idylles rêveuses de Nerval, la poésie des champs de Francis Jammes, les musiques subtiles de Debussy et des portraits dans le style diaphane des peintres préraphaélites. Mais derrière la musique du récit se cache une composition savante, qui croise les parcours des jeunes gens en contrepoint*, selon les méandres du songe et du réel.