L’essai en sciences humaines
1:Les débuts
Les premiers essais en sciences humaines en langue française sont à chercher du côté des
récits de voyages qui, en comparant les diverses civilisations, jettent les bases d’une
ethnolologie comparée digne de ce nom. Au xvie siècle, par exemple, dans son Histoire d’un
voyage fait en la terre du Brésil, Jean de Léry décrit les mœurs des Tupinambas, et André
Thevet, cosmographe ordinaire du roi, explique La Singularité de la France antarctique. Les
Voyages se poursuivent : au xviiie siècle, Bougainville relate son Voyage autour du monde,
auquel Diderot ajoute un fameux Supplément.
Au xviiie siècle, dans son essai De l’esprit des lois et dans ses Considérations sur les
causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, Montesquieu fonde la sociologie
politique, dans la mesure où il s’attache à étudier les États tels qu’ils sont, selon leurs
spécificités, et non pas, tels qu’ils devraient être, comme faisaient souvent les philosophes.
Mais c’est au xixe siècle que naissent les sciences sociales, notamment sous l’impulsion du
Cours de philosophie positive d’Auguste Comte, et de son Système de philosophie positive ou
traité de sociologie. Elles se présentent comme une physique sociale, c’est-à-dire comme une
science objective des faits sociaux. Parallèlement, les utopies et les socialismes se développent :
le comte de Saint-Simon tente de concilier les évolutions politiques, industrielles et sociales,
en ordonnant l’économie. Charles Fourier préconise l’organisation de coopératives de travailleurs,
les phalanges. Louis Blanc désire réformer L’Organisation du travail. Pour Joseph Proudhon,
« la propriété, c’est le vol ». Croisant dans leurs trajectoires ces pensées sociales, volontiers
morales, voire mystiques, le catholicisme se fait alors social sous l’influence de Lamennais.
Mais la pensée réactionnaire demeure vivace. Au début du siècle, marqué par la Révolution, Joseph
de Maistre affirme dans Les Soirées de Saint-Pétersbourg son double attachement aux pouvoirs du pape
et du roi. De même, Louis de Bonald, qui prétend fonder son Essai analytique sur les lois naturelles
de l’ordre social, prend la tête des ultras, catholiques ou monarchistes. À la fin du siècle, Arthur
de Gobineau tente de fonder en nature sa philosophie raciste, et son Essai sur l’inégalité des races
inspire malheureusement les mouvements pangermanistes et nazis du siècle suivant.
2:Le XXème siècle
Le Moyen Âge, comme le suggère son nom, est une période intermédiaire, celle qui roule de la
chute de l’Empire romain d’Occident en 476 à la chute de l’Empire romain d’Orient en 1453, à moins
qu’on ne retienne cette autre date, hautement symbolique, 1492, la découverte du Nouveau Monde, du
moins pour les Européens : ce sont mille ans d’histoire qui ont progressivement donné corps et âme
à la nation française. Une nouvelle langue se constitue peu à peu pendant toute cette époque, et à
partir du xie siècle, âge de la première naissance de la littérature française, la France connaît
une belle expansion, mais à l’aube de la Renaissance, une longue et grave crise s’installe dans le
pays.
