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Cyrano de Bergerac

Résumé et commentaires

C’est le chef-d’œuvre d’Edmond Rostand (1868-1918). Juriste de formation, Rostand se lance d’emblée dans la carrière des lettres, écrivant d’abord, sans grand succès, des poèmes et des pièces. On peut citer cependant outre le recueil des Musardises (1890), quelques drames, dont Les Romanesques (1894) et La Princesse lointaine (1895). Mais avec Cyrano de Bergerac, l’auteur reçoit un triomphe exceptionnel, qu’il tente de retrouver avec L’Aiglon, pièce historique évoquant le destin tragique du jeune fils de Napoléon, et Chantecler (1910), dont les héros sont des animaux.

La pièce se fonde, non sans libertés manifestes, sur Hector Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655), qui fut en son temps un écrivain libertin* et fantaisiste. Dans l’œuvre de Rostand, Cyrano est un héros batailleur, plein de panache, malheureusement affublé d’un trop long nez. Il adore en secret sa cousine Roxane, qui lui demande de protéger le beau Christian qu’elle aime. Cyrano, par amour pour elle, par amitié pour lui, accepte de favoriser leur liaison. C’est lui qui souffle à Christian les mots éloquents qui lui font cruellement défaut. Un rival malheureux fait envoyer Christian sur le front, où il meurt. Désespérée, Roxane se retire dans un couvent, où Cyrano vient régulièrement lui rendre visite. Il arrive un jour, mortellement blessé par des ennemis, et Roxane apprend enfin le secret de Cyrano.

Le thème principal est bien sûr l’amour, dans la double tradition précieuse et romantique, évoqué avec ferveur et enthousiasme, il n’y a rien là que de très ordinaire. Plus originale, plus ambiguë aussi, est la relation triangulaire qui s’établit entre les trois personnages. L’amour traditionnel entre Christian et Roxane se fondait sur une supercherie, finalement éventée. Mais la tendresse incestueuse de Cyrano pour sa cousine, son attachement profond pour Christian, rendent le personnage plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. Il n’est pas simplement cette belle âme dans un corps disgracieux, que l’on décrit parfois.

Mais c’est le style surtout qui a frappé les spectateurs depuis la création. L’éloquence de Cyrano, qui allie aux grâces les plus exquises l’énergie la plus franche, les rebondissements d’une action où l’on pleure après avoir tant ri, ont fait la gloire de cette pièce immortelle.

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