Il s’agit de présenter les arguments selon un ordre rationnel qui les rende clairs et convaincants. Comme dans un raisonnement mathématique, il faut suivre les étapes d’une logique rigoureuse, sans laquelle la réponse, même juste, n’a aucune valeur : c’est le moment de vous souvenir que la dissertation est avant tout un exercice de rhétorique.
On doit apporter en conclusion une réponse à la question que l’on a posée en introduction : entre les deux, on doit progresser régulièrement et par étapes de l’une à l’autre. On ne doit donc pas juxtaposer les unes après les autres des parties interchangeables, mais faire sentir une évolution, un progrès, d’étape en étape ; chaque partie nouvelle doit marquer une avancée par rapport à la précédente, dans la résolution du problème posé.
Une dissertation ne doit donc jamais se contenter de décrire les différents aspects d’un problème, mais réaliser un raisonnement progressif.
Exemple : Dans une dissertation sur l’hypocrisie de Dom Juan, on ne se contentera pas de décrire les différentes facettes de cette hypocrisie, mais on pourra poser le problème des justifications, qui suscitera différentes hypothèses, et donc dynamisera le développement.
Certains énoncés semblent imposer un plan. En réalité, si tel plan peut paraître mieux adapté à tel sujet, il y a cependant plusieurs façons de traiter un sujet, donc plusieurs plans possibles : l’essentiel est sa cohérence interne.
N’ayez donc pas peur de ne pas avoir trouvé « le bon plan » : si certains peuvent sembler mieux indiqués que d’autres pour traiter un sujet, ce n’est pas pour cela que les autres seront forcément mauvais. Le plan dépend surtout du problème que vous aurez posé en introduction.
Avant de se lancer dans la construction d’un plan personnel, il est toujours utile de voir si le plan n’est pas suggéré, sinon imposé, par l’énoncé. Ce n’est pas le cas le plus fréquent, mais lorsqu’il se présente, on peut gagner du temps.
Lorsque l’énoncé se présente comme une simple question, le plan est généralement tout à fait libre, et l’on cherchera en vain des indications.
Un tel sujet laisse la possibilité de plans très variés, car la question est très ouverte.
En revanche, lorsque l’énoncé propose une citation assez longue, ou une question en plusieurs éléments, il y a des chances d’y trouver des indications de plan.
Dans la plupart des cas, l’énoncé est construit sur trois éléments, susceptibles de servir de supports aux trois parties de la dissertation. Ces trois éléments peuvent être explicites ou avoir besoin d’être dégagés ; dans ce dernier cas, l’analyse de l’énoncé les aura fait émerger.
Une telle citation composée de trois éléments n’impose pas obligatoirement de reprendre ces éléments comme supports des trois parties, mais offre néanmoins cette possibilité commode.
Autre exemple : « Victor Hugo écrit n’importe quoi, et ce n’importe quoi produit tantôt le ridicule, tantôt le miracle du génie. »
Cette citation donne deux orientations opposées, le ridicule et le génie, qui ne permettent pas à elles seules de construire un plan en trois parties. Cependant, on remarquera que la première partie de la phrase est elle-même problématique, et qu’on peut très bien envisager un plan examinant dans une première partie en quoi Hugo écrit n’importe quoi, en deuxième partie ce qui, dans l’œuvre étudiée, est ridicule, et en troisième partie dans quelle mesure le génie du poète peut découler de n’importe quoi.
N.B. : Quand un énoncé suggère un plan, celui-ci n’est jamais obligatoire, et l’on peut préférer un autre plan, pourvu qu’il soit efficace.
Quand on a trouvé dans l’énoncé l’indication d’un plan possible, il est nécessaire d’expliciter la logique qui unit ces trois points :
Dans l’exemple précédent sur les romans de Malraux, la logique entre les trois éléments de l’énoncé n’est pas perceptible d’emblée : pour éviter un simple exposé de trois questions indépendantes, il faudra confronter ces trois points à la notion d’aventure, qui prendra à chaque fois un sens différent ; ces trois points peuvent également progresser dans le sens d’un approfondissement de la perspective.
Soit vous cochez de trois couleurs différentes, dans votre brouillon, les arguments correspondant aux trois parties.
Soit vous recopiez, sur trois feuilles différentes, les arguments qui vont alimenter les trois parties.
Hiérarchisez les arguments, soit en les numérotant, soit en les recopiant dans l’ordre : vous pouvez les classer par ordre d’importance croissante ou décroissante, du plus évident au plus recherché, ou du plus convaincant au plus annexe.
Ne retenez que les arguments qui conviennent effectivement à ce que vous cherchez à montrer dans chaque partie. N’hésitez pas à renoncer à ceux qui feraient double emploi ou qui ne s’avèrent pas nécessaires.
Si un argument-clef ne trouve sa place dans aucune partie, il faudra changer de plan.
Précisez le lien logique unissant les arguments entre eux pour assurer la cohérence interne de chaque partie : les arguments ne doivent pas être juxtaposés, mais enchaînés.
Lorsque le plan n’apparaît pas dans l’énoncé, il faut imaginer celui qui conviendra le mieux :
Il existe en effet différents types de plans, qui conviennent plus ou moins bien aux différents types de sujets ; mais il faut vérifier que les arguments que l’on a trouvés permettent effectivement de traiter tel sujet selon tel plan !
Ce plan consiste à présenter successivement les différentes facettes d’une œuvre ou d’un auteur, comme on le ferait dans un exposé :
Ce plan est tout indiqué dans tous les sujets qui invitent à exposer les éléments d’une question ; en revanche, il est à éviter dans les sujets nécessitant une discussion.
Le plan peut très bien exposer successivement les principales sources d’intérêt dans les Fables, comme intérêt poétique, intérêt moral, intérêt historique.
Il conviendra donc de le rendre dynamique :
Dans le sujet ci-dessus portant sur les Fables de La Fontaine, on dynamisera le développement en se demandant d’abord pourquoi le lecteur contemporain ne trouverait plus d’intérêt à ce genre littéraire ; cela précisé, il sera ensuite beaucoup plus intéressant de chercher comment, malgré tout, les Fables sont encore lisibles de nos jours, et l’on expliquera comment cette poésie surannée garde une fraîcheur toujours attrayante, comment ces récits d’un autre âge contiennent une morale dont on peut toujours faire son profit, et qu’enfin l’éloignement dans le temps, qui peut être un obstacle, est en même temps d’un grand intérêt historique. Les deux premières parties examinent deux points-clefs des Fables, et la troisième renouvelle l’intérêt du lecteur en retournant le reproche contre lui-même.
Ce plan convient lorsque deux hypothèses s’opposent et que, sans trancher nécessairement entre les deux, on doit proposer un choix nuancé :
Cela consiste donc à exposer dans les deux premières parties les arguments opposés, et à chercher dans une troisième partie comment sortir de cette opposition. On voit que, contrairement à une simple discussion qui se contente de présenter les arguments opposés, la dissertation a pour but de trouver une solution capable de trancher ou de dépasser l’opposition.
On veillera donc à l’efficacité de la synthèse :
On peut imaginer le plan suivant :
Ce plan est adapté aux sujets sur lesquels on s’apprête à adopter une opinion tranchée, chaque fois que dans une discussion, la balance penche nettement d’un côté :
Un tel plan suppose donc de prendre nettement parti pour la seconde hypothèse, pour pouvoir montrer sa supériorité sur la première.
On obtiendra une bonne progressivité du plan :
On peut répondre à cette question par oui ou par non. Si la recherche des arguments nous conduit à affirmer que l’œuvre de Rousseau est mal titrée, on adoptera le plan suivant :
On voit dans ce plan que si la deuxième partie remet en cause les conclusions de la première, la troisième propose une autre interprétation, qui permet de conclure négativement.
Ce plan convient aux sujets qui demandent de réfléchir à une notion un peu complexe ou à des énoncés longs, pour lesquels l’examen du problème nécessite un vrai développement :
Cela consiste donc à approfondir méthodiquement le problème global, sans le diviser en thèmes ou thèses.
On y parviendra :
Exemple, dans l’énoncé précédent sur le titre des Confessions de Rousseau, la première partie montrera en quoi ce titre est problématique, la seconde expliquera pourquoi Rousseau a donné un titre aussi décalé par rapport au contenu de son livre, et la troisième apportera une réponse nuancée et argumentée à la question posée.
N.B. : Cette troisième partie doit être une véritable partie, et non une préconclusion.
Les quatre types de plans présentés ci-dessus ne sont que les plus couramment utilisés, et recouvrent à peu près tous les sujets. On notera cependant trois remarques :
De même que le développement est organisé en parties logiquement ordonnées, de même les arguments doivent eux-mêmes s’enchaîner rigoureusement à l’intérieur de chaque partie. Que vous ayez construit vos parties à partir de vos arguments, ou que vous ayez trouvé vos arguments pour remplir vos parties, il faudra de toute façon élaborer un raisonnement.
Comme on l’a vu plus haut, il s’agit au minimum de hiérarchiser les arguments ; on s’efforcera cependant de les unir selon une logique plus précise, lorsque cela est possible : cause, conséquence, opposition, confirmation, etc.
On adaptera l’ordre des arguments à ce qu’on cherche à montrer.
Enfin, on dosera les arguments en fonction de leur rôle dans le raisonnement : on évitera de développer un argument irréfutable si on sait qu’on doit le critiquer ensuite ! Il vaut mieux le réserver comme argument final...
Si l’on bâtit une partie montrant que le titre des Confessions est bien choisi, on peut ranger ainsi quelques arguments :
Chaque argument sera développé et expliqué à partir des références tirées de l’œuvre ; on voit dans cet exemple les arguments classés du plus simple au plus recherché, du plus évident au plus caché : des aveux explicites de Rousseau, on avance progressivement vers les aveux implicites, qui confirment à leur manière la justesse du titre.
Quand le raisonnement est élaboré dans chaque partie, la dissertation est prête pour la rédaction.
Quel plan est suggéré dans les énoncés suivants :
Soit le sujet, à propos de l’étude de Candide : « Voltaire est avant tout caricaturiste. » Votre lecture de Candide confirme-t-elle ce jugement ?
Critiquez les plans suivants, en montrant leurs avantages et inconvénients, en expliquant pourquoi vous choisiriez certains et rejetteriez d’autres :