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Colette

Vie et oeuvre

L’image un peu trop sage, et presque fade, d’une Colette, bonne dame, amie des bêtes, image colportée par une tradition un peu molle, est fort curieuse quand on connaît les trois époux, les amants, les amantes, et la réputation de « littératrice perverse » qu’elle eut tout au long de sa vie. La fameuse sensibilité de ses œuvres est sans doute plus complexe qu’on ne le dit parfois.

Sidonie Gabrielle Colette grandit à la campagne, où, avec son père et Sido, sa mère adorée, elle mène une existence heureuse. À vingt ans, éblouie, elle épouse un écrivain, Willy, qui l’initie aux salons parisiens, à l’art et à l’amour. Il la pousse à raconter ses souvenirs : publiée sous le nom de Willy, c’est la série des Claudine, qui fit scandale, en raison des errances amoureuses mises en scène.

Séparée de Willy, Colette entame une carrière de mime, et sa vie nouvelle inspire ses écrits à venir : La Retraite sentimentale (1907), Les Vrilles de la vigne (1908), La Vagabonde (1910), L’Entrave (1913), L’Envers du music-hall (1913). Épousant Henry de Jouvenel en 1912, puis en 1935, Maurice Goudeket, de seize ans son cadet, Colette a-t-elle enfin trouvé le bonheur dans l’amour conjugal ? Peut-être.

Mais ses nombreux romans, pendant toute cette période, évoquent surtout l’échec de l’amour : l’amour malheureux, quoique finalement réciproque, d’une femme déjà mûre, pour un éphèbe désœuvré (Chéri, 1920, et La Fin de Chéri, 1926) ; les troubles de l’amour adolescent (Le Blé en herbe, 1923) ; les troubles de l’amour conjugal (La Seconde, 1929, La Chatte, 1933, Duo, 1934) ; les troubles des sexualités ambiguës (Le Pur et l’Impur). Ces amours navrantes mettent en évidence la complexité des êtres, des sentiments et de la sexualité : décidément, « l’amour n’est pas un sentiment honorable ».

Donnant congé à l’amour et à ses inquiétudes dans La Naissance du jour (1928), Colette préfère se consacrer à une contemplation active de la nature. La guerre, la maladie et la vieillesse tentent de troubler son repos et sa méditation, mais L’Étoile Vesper (1946) et Le Fanal bleu (1949) révèlent une âme philosophe : « Rien ne dépérit. C’est moi qui m’éloigne. Rassurons-nous. »

Aux charmes décevants de l’amour, Colette préfère la merveille de la nature. Sa prose analytique, curieuse, attentive, veut rendre l’intimité des êtres, les paradoxes du désir, ses égarements. Son style, parfois lyrique*, ou nonchalant, est toujours plein de caractère.

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