Né à Tananarive, à Madagascar, Claude Simon s’est ensuite installé dans les Pyrénées-Orientales, où il s’occupe de viticulture.
Ses premiers romans, Le Tricheur, Gulliver, Le Sacre du printemps, obéissent encore aux traditions du genre, mais les suivants, Le Vent, tentative de restitution d’un retable baroque (1957), L’Herbe (1958), marquent une nette rupture, et font de lui, avec Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, et Nathalie Sarraute, l’un des maîtres du Nouveau Roman.
L’œuvre de Claude Simon met en question trois éléments : le réel, la conscience et le temps. Dans le roman traditionnel, une conscience saisit le réel à travers le temps. Dans les romans de Claude Simon, cette conscience est d’emblée problématique, car « je est d’autres », la réalité elle-même paraît « irréelle, incohérente », et le temps, enfin, semble discontinu ; or cet auteur refuse « de meubler les vides par une sorte de ciment, d’histoire fabriquée qui se veut rassurante ». Du coup, ses récits s’enlisent dans le magma du monde, d’où émergent quelques voix isolées, auxquelles le lecteur tente de se raccrocher.
La Route des Flandres (1960) est à cet égard caractéristique. Il s’agit de trois soldats, après la débâcle de 1940, qui évoquent leurs souvenirs et leur capitaine, porté disparu : « les trois voix, explique Claude Simon, s’entrelacent, se superposent comme dans une fugue ». Dans les romans suivants, Le Palace (1962), Histoire (1967), La Bataille de Pharsale (1969), Les Corps conducteurs (1971), Leçon de choses (1975), les mêmes caractères se dégagent : le thème de la solitude, de l’Histoire et de l’errance, la « foudroyante discontinuité » du réel représenté, et une syntaxe désarticulée, faite de longues phrases entrecoupées, et comme suspendues dans « une durée vague, hachurée ».
Dans Triptyque (1973), l’auteur examine conjointement un livre, un film et une gravure, renvoyant sans cesse de l’un à l’autre. Pour Claude Simon, la réalité est moins dans les choses que dans les relations confuses qu’elles entretiennent dans la conscience de l’homme, et c’est cette confusion qu’il entend restituer fidèlement. Il a aussi rédigé une sorte d’autobiographie en 1989 : L’Acacia.
L’ensemble de son œuvre a été couronné par le prix Nobel, qu’il a obtenu en 1985.