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Les châtiments

Résumé et commentaires

Le coup d’État du 2 décembre 1851 et le référendum, qui font du président élu Louis Napoléon, l’empereur à vie Napoléon III, condamnent du même coup Victor Hugo à l’exil. Opposant farouche, il publie en 1852 un pamphlet virulent, Napoléon le Petit. Mais il médite un projet plus ample.

Les quelques six mille vers des Châtiments sont un réquisitoire systématique contre l’empereur. Renouant avec la tradition satirique du poète latin Juvénal et d’Agrippa d’Aubigné, inspiré par sa « Muse Indignation », Victor Hugo jette toute son ardeur polémique dans son œuvre. De « Nox » jusqu’à « Lux », Les Châtiments sont un parcours de la nuit du crime à la lumière de l’espérance, en sept livres, qui reprennent ironiquement la phraséologie fallacieuse des discours de l’empereur : « la société est sauvée », « l’ordre est rétabli », « la famille est restaurée », « la religion est glorifiée »...

Napoléon III apparaît tantôt comme le tyran par excellence, usurpateur sanguinaire, tantôt comme un nain ridicule, le singe de son oncle, Napoléon Bonaparte. Ses complices sont eux aussi vilipendés, l’Armée et l’Église, grâce au soutien desquels, en effet, il a pu s’établir. Face à lui se dresse la haute carrure de Victor Hugo. À ceux qui disent que le poète est dans les nuages, il répond : « le tonnerre aussi. » Sa parole de vérité vise à établir les faits, et surtout à les magnifier ou à les condamner, selon les cas. Il se bat avec véhémence : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. » Victor Hugo se pose comme l’opposant irréductible : « Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là », et bien plus, comme le prophète qui révèle au peuple l’étoile de « la Poésie ardente », et « l’ange Liberté ».

Le style, conforme au propos de l’ensemble, est souvent satirique. Mais le cri scandalisé est parfois étouffé par l’évocation plaintive et pathétique « des mères sur leurs enfants morts ».

Mais alors, porté par l’espoir de la libération, l’auteur se berce au lyrisme des vers, qui se haussent à l’occasion jusqu’aux sommets de l’épopée, véritable, quand il évoque Bonaparte, grotesque, lorsqu’il dépeint le neveu. Légère ou grave, dans les chansons ou dans les longues strophes, l’éloquence du poète épuise les ressources de l’apostrophe, de l’emphase, de l’allégorie*, de la répétition et des formules, car en cette œuvre engagée, ô combien militante, il convie les siècles à venir à un douloureux mais nécessaire devoir de mémoire.

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