Charles d’Orléans
1:Le prince
Fils de Louis de France et Valentine Visconti, Charles d’Orléans grandit dans une famille
princière, qui a déjà donné plusieurs rois, et il est lui-même le père du futur Louis XII. Son
existence tourmentée est d’emblée marquée par la mort de son père, assassiné par Jean sans Peur,
et sa mère le charge de venger ce forfait. Après la mort d’Isabelle de France, sa femme depuis
1404, la veuve du roi Richard II d’Angleterre, il épouse en 1410 Bonne d’Armagnac, et s’engage
dans la lutte qui oppose les Armagnacs et les Bourguignons. Mais, au cours de la bataille
d’Azincourt en 1415, blessé, il est capturé par les Anglais, alliés aux Bourguignons. Cette
captivité dure vingt-cinq ans.
Libéré en 1440 contre rançon, Charles s’emploie à rapprocher les deux royaumes : en 1444, le
traité de Tours met un terme à la guerre de Cent ans. Il se tourne alors vers le duché de Milan,
et fait valoir ses droits, de par sa mère. Mais la campagne militaire de 1448 se solde par un
échec, et il doit se retirer à sa cour de Blois, entouré d’amis et de poètes.
2:Le poète
« Je suis celui au cœur vêtu de noir », écrivait le poète, précédant en cela les Nerval
et Musset du siècle romantique, et dans ses vers, ses plus sûrs confidents, se retrouvent
ses peines, ses douleurs. Pour autant, l’intimité lyrique* se livre avec discrétion, et les
lectures biographiques sont assez difficiles à mener. L’inspiration courtoise est manifeste,
de La Retenue d’amours au Songe en complainte, où il chante l’amour, de la naissance du
sentiment à la mort de la dame, mais bien souvent les vicissitudes historiques et politiques
s’imposent ; il écrit ses ballades* : « En regardant vers le païs de France », et « Priés pour
paix, doulce Vierge Marie. »
À mesure que le temps passe, les poèmes, les ballades*, les chansons et les rondeaux* de
Charles d’Orléans deviennent plus personnels. Plutôt que Fortune, Amour et Nature, ces
allégories* dans la tradition du Roman de la Rose, il privilégie Mélancolie, Désir, Souci.
Ses poèmes deviennent son « livre de pensée » qui traduit son détachement à l’égard de ce
monde. Son Nonchaloir est une forme de sagesse, liée à la conscience de la mort, des plaisirs
et de la fuite du temps.
