Nicolas Boileau-Despréaux naît à Paris en 1636, il est fils de magistrat. Il s’engage dans des études de droit et de théologie, mais à la mort de son père, il abandonne ces activités, et se consacre à la seule poésie. Boileau demeure dans l’histoire le législateur des lettres françaises, cliché austère et fâcheux, mais il est vrai qu’il a formulé les principes du classicisme d’une manière remarquable et vigoureuse. Il aide La Fontaine, soutient Molière après Tartuffe, Racine et Corneille, dont il sait reconnaître le génie véritable. Il fréquente aussi Mme de Sévigné, Mme de La Fayette. Mais il se fait autant d’ennemis, et ne sera accepté à l’Académie qu’en 1684. Il devient en 1677, avec Racine, historiographe du roi, et commence à travailler à son épopée comique, Le Lutrin. En 1693, il s’engage farouchement dans la querelle des Anciens et des Modernes, prenant contre Perrault le parti des Anciens. Dans sa vieillesse, il se retire dans sa maison d’Auteuil, et meurt en 1711.
Les Satires et les Épîtres, par leur aimable et civile liberté, rappellent la manière des poètes latins, Horace et Juvénal, et déjà s’y affirme le goût classique de la précision et du travail poétique. Il déclare : « Je ne puis rien nommer, si ce n’est par son nom,/J’appelle un chat un chat », « Ainsi, recommençant un ouvrage vingt fois,/ Si j’écris quatre mots, j’en effacerai trois ». Les autres poèmes évoquent les cris de Paris, les polémiques diverses, le pédant et le blondin, le bigot et le libertin*, les animaux de la fable, parfois de façon burlesque*. Il s’adresse selon les cas à Molière, à Racine, à Arnauld, le théologien, au roi, à ses vers ou à son jardinier. Dans son Art poétique enfin, il donne des conseils, dont beaucoup sont demeurés fameux :
Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime,
ou encore :
Avant donc que d’écrire apprenez à penser,
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément,
et pour le théâtre, il formule la règle des trois unités :
Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.