Issu d’une famille de vieille noblesse, Antoine de Saint-Exupéry effectue son service militaire dans l’armée de l’Air. Après le service, il devient pilote de ligne dans l’Aéropostale, et accomplit des missions en Afrique et en Amérique du Sud. Pendant la guerre civile espagnole, reporter, il va couvrir les événements. Mais il n’abandonne pas l’aviation. Il tente de battre des records, et rêve d’équipées en avion fort audacieuses, du moins pour l’époque : Paris-Saigon, New York-Terre de Feu. Vient la Deuxième Guerre mondiale. Il tient à être chargé de missions aériennes, malgré son âge, dans l’armée de la Libération. C’est au cours de l’une de ces missions qu’il disparaît un jour en plein vol.
Dans ses écrits, Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942), Lettre à un otage (1943) et l’œuvre posthume, Citadelle, publiée en 1948, s’affirme un goût certain pour l’aventure, le risque et l’action, mais aussi bien pour la solitude, la réflexion et la méditation. L’héroïsme de ses personnages est au service d’une morale, celle de l’homme. Il se méfie des idéologies, et il célèbre les valeurs généreuses de la fraternité universelle. Certes, « tout est paradoxal chez l’homme », mais il faut renoncer à l’individualisme et au matérialisme*, goûter « le seul luxe, celui des relations humaines », et s’engager dans l’aventure spirituelle de la vie, de l’amour ou de l’amitié.
Écrivain des hauteurs et des hautes pensées, ce romancier pilote qui était « fait pour être jardinier », retrouve la clarté d’une langue classique, lyrique ou héroïque pour enchanter les grands espaces, le désert, la montagne, les tempêtes, la condition humaine.
Mais son œuvre la plus célèbre, la plus étrange en un sens, mais en profondeur, la plus représentative, demeure Le Petit Prince (1943). L’auteur aurait un jour rencontré un étrange garçon dans le désert, originaire d’un planète lointaine, amoureux d’une rose, qui lui raconte ses voyages dans l’espace, ses rencontres, ses étonnements, ses déceptions, son amitié pour le renard. Illustré par l’auteur, le livre est un conte pour enfants qui charme encore les adultes. Derrière le merveilleux, le symbolique affleure. On songe aussi aux contes philosophiques du xviiie siècle, aux allégories* du Roman de la Rose. Mais la beauté naïve, l’apparente simplicité, la générosité, le pathétique, la douceur, la profondeur enfin, font de ce livre un miracle de poésie.