Étudiant en médecine, André Breton est affecté pendant la Grande Guerre à un service psychiatrique. Il s’intéresse alors aux nouvelles théories de Freud et de la psychanalyse. Il fréquente Apollinaire et Jarry, et rencontre Louis Aragon, Paul Eluard, Pierre Reverdy et Philippe Soupault. Avec ce dernier, il compose en 1919 Les Champs magnétiques premier texte surréaliste. Il participe un temps à l’aventure Dada, mais il abandonne le mouvement, et s’oriente, avec tous ses amis, vers une poésie des sommeils hypnotiques et de l’exploration de l’inconscient (Clair de terre en 1923). Il s’agit de s’affranchir des logiques toutes faites pour accéder à une réalité supérieure, à la fois arbitraire et nécessaire : la surréalité. Ce programme poétique est exposé dans les deux Manifeste du surréalisme en 1924, puis en 1930.
Breton apparaît ainsi comme le « pape » du surréalisme, et il se charge de veiller scrupuleusement à l’orthodoxie des fidèles, prêt à rompre avec tous les déviationnistes s’écartant des principes édictés. En 1927, il s’engage au Parti communiste, qu’il finit par abandonner, en s’expliquant dans Position politique du surréalisme (1935). Influencé par sa rencontre avec Trotski, expulsé de l’Union Soviétique, il refuse tout amalgame entre surréalisme et stalinisme. Désormais la vie de Breton coïncide avec l’aventure surréaliste.
Il rédige des articles et des essais : Dictionnaire abrégé du surréalisme (1938), Anthologie de l’humour noir (1940), Le Surréalisme et la peinture (1946), Entretiens avec Breton (1952), L’Art magique (1957), L’Écart absolu. Du surréalisme en ses œuvres vives (1965). Il fonde des revues : Littérature, Le Surréalisme au service de la Révolution, La Brèche, action surréaliste. Il publie des recueils de poèmes : Ralentir travaux (1930), Le Revolver à cheveux blancs (1932), L’Amour fou (1937), La Lampe dans l’horloge (1948). Il publie aussi le célèbre roman Nadja, en 1928.
Le surréalisme de Breton est un attentat à la raison : combinatoire aléatoire de phrases (les « cadavres exquis »), langage régressif de la folie ou de la drogue, humour noir... Il s’agit de trouver dans le surréel la beauté convulsive, qui naît du rapprochement insolite de réalités aussi éloignées que possible. Mais il est aussi le poète de l’amour, qu’il exalte avec une ardeur érotique, religieuse, courtoise ou sadique, selon les cas.