Alphonse de Lamartine naît à Mâcon en 1790. La piété familiale et les beautés de la nature à Milly forment les impressions de sa jeunesse. Après ses études chez les jésuites*, refusant de servir l’empereur, il s’adonne à la lecture et aux voyages. Il découvre l’Italie, et rencontre à Naples la charmante jeune fille qui inspirera Graziella. En 1816, sur les bords du lac du Bourget, il rencontre une jeune femme qui mourra deux ans plus tard, Julie Charles, et que le poète immortalisera sous le nom d’Elvire, dans le poème fameux, « Le Lac ». Cet amour, cette mort, la foi du poète, et son désir de paix au sein de la nature inspirent les Méditations poétiques en 1820. Le succès est extraordinaire. Il révèle à la France littéraire la poésie renaissante et le romantisme nouveau.
Accueilli dans tous les salons, le poète occupe bientôt des fonctions diplomatiques, et épouse la jeune anglaise Mary-Ann Birch. Il poursuit son œuvre, et publie en 1823 les Nouvelles Méditations poétiques et La Mort de Socrate, puis Le Dernier Chant du pèlerinage d’Harold en 1825. En 1830 paraissent ces « psaumes* modernes » que sont les Harmonies poétiques et religieuses, où l’inspiration hymnique semble confondre dans un même élan le culte de la nature et de la divinité. Son élection à l’Académie française la même année consacre la gloire du poète.
À partir de la révolution de 1830, Lamartine s’engage plus activement dans la politique. Quelques écrits précisent sa pensée libérale : Réponse à Némésis, Sur la politique rationnelle, Ode sur les révolutions. En 1833, il entreprend un long voyage en Orient jusqu’aux lieux saints, pour raffermir à la fois son inspiration poétique et religieuse. La même année, il est élu député, et le restera jusqu’en 1851 : « Je siégerai au plafond », dit-il, refusant d’aliéner sa liberté à quelque parti que ce soit. Cependant, sa pensée sociale, appuyée par les qualités de l’orateur, remporte de plus en plus de suffrages sur la gauche. Lorsque survient la révolution de 1848, il devient chef du gouvernement provisoire qui proclame la Seconde République et, par un fameux discours, face à la foule opposée, confirme la valeur symbolique et politique du drapeau tricolore. Mais après les émeutes des journées de juin, son crédit diminué favorise l’ascension et l’élection du prince président, le futur Napoléon III.
Dès lors, criblé de dettes, Lamartine se réfugie dans une retraite studieuse, et se condamne « aux travaux forcés littéraires ». De fait, il n’avait pas oublié sa muse. Après le récit du Voyage en Orient, il avait publié Jocelyn en 1836, La Chute d’un ange en 1838, Recueillements en 1839 et l’Histoire des girondins en 1847. Après les Confidences et Raphaël, il écrit des romans sociaux mettant en scène les humbles dans Geneviève et Le Tailleur de pierres de Saint-Point. Il doit encore publier des ouvrages de compilation historique : Histoire de la Restauration, Histoire des Constituants, Histoire de la Turquie, Histoire de la Russie. De mois en mois, il envoie à ses abonnés un Cours familier de littérature, mais il doit se résigner à vendre sa chère maison de Milly, qu’il avait chantée dans La Vigne et la Maison, dialogue entre « l’âme » et « Moi ». Il meurt en 1869.
Dieu et la nature sont le sujet récurrent des poèmes de Lamartine. Dès 1820, les Méditations poétiques célèbrent « Le Lac », « Le Vallon », « L’Automne », et les Harmonies de 1830 chantent les « Hymne de la nuit », « Hymne du matin », « Milly ou la terre natale ». À cette nature éternelle, il demande de recueillir le souvenir blessé de ses amours après la mort de Julie Charles dans « Le Lac », mais en général, la nature se présente dans son œuvre comme le temple de la divinité. Les vers évoquant la création sont un vibrant hommage au seigneur Dieu, vers qui exhale l’âme du poète. Cependant, cette foi, souvent inquiète ou tourmentée par l’angoisse de la mort, laisse parfois la place au doute, dans la mesure où Lamartine tente de concilier dans le déisme* sa foi catholique et sa pensée progressiste. Le lyrisme très personnel de Lamartine sut pourtant toucher un très large public. L’intimité et la grandeur de son inspiration, mises en valeur par l’harmonie des vers, bercent la mélancolie de l’âme. Ses élégies*, ses hymnes traduisent une sensibilité plaintive ou grandiloquente selon les cas, le plus souvent sincère, toujours émouvante.