Poète, dramaturge, voix de tout un peuple, Aimé Césaire naît en Martinique en 1913. Il se rend à Paris pour poursuivre ses études, et réussit au concours d’entrée de l’École Normale Supérieure. Avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon Gontron Damas, il fonde la revue L’Étudiant noir. En 1939, il publie le Cahier d’un retour au pays natal. À la Libération, il est élu maire de Fort de France sur la liste du Parti communiste, puis député de la martinique, recevant régulièrement la confiance renouvelée de ses électeurs.
Parallèlement à sa carrière politique, il compose plusieurs recueils de poèmes : Les Armes miraculeuses (1946), Soleil cou coupé (1948), Cadastre (1961), Moi, laminaire (1982). Il fait jouer aussi plusieurs pièces : La Tragédie du roi Christophe (1964), Une saison au Congo (1965), Et les chiens se taisaient (1956) et Une tempête (adaptation libre de Shakespeare, en 1969). Restent à signaler deux écrits politiques d’importance, le Discours sur le colonialisme (1955) et la Lettre à Maurice Thorez, qui marque sa rupture avec le Parti Communiste en 1956.
Fils d’une race réduite en esclavage par les Blancs, Aimé Césaire n’éprouve que haine et mépris pour ces colons : « – Mon nom : offensé ; mon prénom : humilié ; mon état : révolté ; mon âge : l’âge de la pierre. » La poésie d’Aimé Césaire est « désespoir, révolte et surrection d’un monde nouveau », d’un « volcanisme » puissant, à l’image de cette montagne Pelée aux pieds de laquelle il vit le jour. « Donnez-moi la foi sauvage du sorcier. »
Mais la rage violente est aussi l’aspiration à une justice universelle, espoir de paix pour les hommes sur cette terre : « donnez-m’en du lait d’enfance, des pains de pluie, des farines de mi-nuit et de baobab ». Cette révolte et cet espoir, ce retour aux sources de la fierté africaine, font de Césaire, avec son ami, le poète Senghor, le chantre de la « négritude ».
Le style véhément de ses écrits, de ses poèmes surtout, frappe. Recueillant les héritages divers des Antilles, de l’Afrique, du surréalisme, de Péguy, il crée un langage nouveau, authentique, rythmique, lyrique*, hermétique* parfois, vivant et déchaîné. Poète flamboyant, il forge ainsi « les armes miraculeuses » d’un verbe libérateur, capable de briser les « ferrements » de l’histoire, du langage et de l’indignité.