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La culture espagnole

Introduction

Cette fiche et le quizz qui l'accompagne sont loin d'être exhaustifs et complèts. Leur but est uniquement de donner un aperçu de la culture espagnole, et plus particulièrement de quelques grands personnages de la culture espagnole dans des domaines aussi variés que la littérature, la peinture ou encore la musique.

1 La littérature

1.1 La nouvelle picaresque

En 1554 est publié La Vie de Lazarillo de Tormes. Cette courte nouvelle est anonyme et marque la naissance d'un nouveau style littéraire : la nouvelle picaresque, qui s'est développée pendant tout le XVIIe siècle. Le pícaro est un individu sans honneur, un anti-héros.

Ainsi, une des hypothèses expliquant l'apparition de ce nouveau genre littéraire si particulier est l'interaction entre plusieurs facteurs : les conditions sociales de l'Espagne de l'époque (où, contrairement aux autres pays européens, la classe bourgeoise se développe peu, et où persiste au contraire une importante classe sociale pauvre) ; le désir de se démarquer totalement du genre littéraire plus idéalisé qu'était la littérature chevaleresque de l'époque ; la volonté de critiquer la société espagnole très rigide.

Les nouvelles picaresques sont caractérisées par :

  • leur caractère autobiographique
  • leur caractère anti-héroïque (personnage principal pauvre, sans idéal)
  • leur structure très ouverte, les épisodes n'ayant guère de rapport entre eux
  • leur intention satirique et divertissante

La Vie de Lazarillo de Tormes est l'histoire d'un jeune garçon issu d'un milieu pauvre, qui raconte sa vie de façon autobiographique et avec un réalisme surprenant. Fils d'un voleur et d'une femme de mauvaise vie, Lázaro devient le serviteur de plusieurs maîtres successifs : un cruel aveugle, un curé avare, un pauvre hidalgo vaniteux et ridicule, … et se marie finalement avec la servante d'un archiprêtre. Il ne doit sa survie qu'à son ingéniosité, la seule arme des pícaros.

Extrait :

Lázaro está con su tercer amo, un hidalgo muy pobre.

"Y verle venir a medio día la calle abajo con estirado cuerpo, más largo que galgo de buena casta; y, por lo que tocaba a su negra que dicen honra, tomaba una paja de las que aun asaz no había en casa, y salía a la puerta escarbando los [dientes] que nada entre sí tenían, quejándose de aquel mal solar, diciendo : "Malo está de ver, que la desdicha desta vivienda lo hace; como ves es lóbrega, triste, oscura ; mientras aquí estuviéremos, hemos de padecer; ya deseo se acabe este mes, por salir della".

Pues estando en esta afligida y hambrienta persecución, un día, no sé por cuál dicha o ventura, en el pobre poder de mi amo entró un real, con el cual vino a casa tan ufano, como si tuviera el tesoro de Venecia, y, con gesto muy alegre y risueño, me lo dio diciendo : "Toma, lázaro, que Dios ya va abriendo su mano; ve a la plaza y merca pan, y vino, y carne, ¡quebremos el ojo al diablo!" "

La Vida de Lazarillo de Tormes, Aubier, Editions Montaigne, Paris, 1958, p.171

Traduction :

Lazare est avec son troisième maître, un pauvre gentilhomme.

"Néanmoins, vous l'eussiez vu, sur le midi, descendre la rue, le corps raidi, plus long qu'un lévrier de bonne race, et, pour soutenir son diable d'honneur, comme ils disent, prendre un brin de la paille dont la maison n'était déjà guère pourvue, et, sortant sur le pas de la porte, se curer les dents, qui entre elles n'avaient rien, tandis qu'il se lamentait sans cesse de ce malencontreux logis. "Il est affreux à voir, et cela tient à la malchance de cette demeure. Comme tu vois, elle est lugubre, triste, sombre, et tant que nous y vivrons, nous souffrirons : je désire que vienne la fin du mois pour en sortir."

Ainsi persécutés de faim et de misère, un jour, je ne sais par quelle chance ou aventure, au pauvre pouvoir de mon maître tomba un réal; armé duquel, il s'en vint à la maison aussi triomphant que s'il eût le trésor de Venise, et, d'un air fort satisfait et souriant, me le donna en disant :"Tiens, Lazare, voici que Dieu nous entrouve sa main; va à la place et achètes-y du pain, vin et viande. Crevons un oeil au diable." "

La Vie de Lazarillo de Tormès, Aubier, Editions Montaigne, Paris, 1958, pp. 175 et 176

1.2 D'autres auteurs du siècle d'Or (XVI-XVII)

Cervantes (1547-1616) :

Bien que Cervantes ait écrit beaucoup de poésies et de pièces de théâtre, il doit sa célébrité à sa prose, et notamment à Don Quichotte, dont le titre original est : El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha, écrit de 1605 à 1615.

Le bel hidalgo Alonso Quijano est devenu fou de trop lire d'histoires chevaleresques ; il décide alors de quitter sa maison pour devenir un chevalier, défenseur des plus faibles. Il prend pour nom Don Quijote de la Mancha, pour dame Dulcinée (Dulcinea), pour serviteur Sancho Panza et pour cheval le vaillant Rocinante.

Une de ses aventures les plus connues est celle où Don Quichotte se bat avec des moulins à vent qu'il prenait pour des géants.

Lope de Vega (1562-1635) :

Il fut surnommé " le phénix des génies ", et pour cause : il écrivit plus de 1500 comédies, dont plus de 400 nous sont parvenues aujourd'hui.

Ses comédies, qui mêlent à la fois comique et tragique, comportent généralement 3 actes et sont écrites en vers.

Une de ses œuvres les plus connues est : Fuenteovejuna (1618) dans laquelle un noble seigneur enlève le jour même de ses noces une jeune paysanne ; tout le village de Fuenteovejuna décide alors de venger l'honneur de la jeune fille et de tuer le noble seigneur.

Tirso de Molina (1584-1648) :

Ses comédies suivent la tradition de Lope de Vega : elles sont pleines d'humour et leurs personnages ont chacun une personnalité très forte.

C'est le créateur du personnage de Don Juan, dans sa comédie intitulée El burlador de Sevilla y convivado de piedra. Pour séduire les femmes, il leur promet à toutes le mariage, sacrement religieux, d'où la colère de Dieu qui finalement le punit et l'envoie en enfer.

Calderón de La Barca (1600-1681) :

Calderón de La Barca écrivit essentiellement des pièces de théâtre de style barroque, des drames d'honneur comme El médico de su honra, qui raconte l'histoire d'un mari qui assassine sa femme seulement pour l'avoir soupçonnée de lui avoir été infidèle.

El Alcalde de Zalamea raconte la vengeance de Pedro Crespo, maire du village de Zalmea, contre un noble capitaine qui avait déshonoré sa fille.

La vida es sueño est certainement l'oeuvre majeure du théâtre espagnol. Son héros, Segismundo, est un prince qui a grandi enfermé dans une cellule, car son père ne voulait pas perdre son trône, comme l'avaient annoncé certains oracles. Dans le deuxième acte, le roi envoie chercher son fils, et le présente à la Cour après lui avoir donné un narcotique; à son réveil, Segismundo devient violent, si bien que son père lui donne à nouveau un puissant narcotique et le renvoie dans sa prison. Mais le peuple le libère et Segismundo parvient à réfreiner ses impulsions jusqu'à devenir un roi bon et généreux.

1.3 La génération de 98 (1898) et la génération de 27 (1927)

La " generación del 98 " rassemblait des intellectuels désireux de lutter contre la décadence de la société espagnole. Mais deux tendances s'opposaient : d'une part, les conservateurs, désireux de retrouver les valeurs du siècle d'Or, et d'autre part, les libéraux soucieux de s'ouvrir à l'Europe. En 1875, Francisco Giner de los Ríos fonda la " Institución Libre de Enseñanza ", afin de réformer totalement les méthodes d'enseignement (pédagogie plus pratique, voyages à l'étranger, enseignement des arts, liberté religieuse).

On trouve parmi ces écrivains: Ángel Ganivet (précurseur de la génération de 98), Miguel de Unamuno, Antonio Machado (1875-1939), etc.

La " generación del 27 " a pris ce nom en l'honneur du poète Góngora (1561-1627) dont on fêtait le trois centième anniversaire de sa mort en 1927. De jeunes poètes espagnols revinrent à la poésie populaire, et donnèrent à la métaphore un rôle prépondérant dans leurs œuvres.

Parmi les poètes les plus connus ayant fait partie de ce groupe, on trouve : Pedro Salinas, Rafael Alberti, et surtout le poète et dramaturge Federico García Lorca (1898-1936). Son œuvre la plus connue est le recueil de poèmes intitulé Romancero Gitano (La monja gitana, Romance de la luna, luna, La casada infiel, etc.), ainsi que ses nombreuses pièces de théâtre : Bodas de sangre, La casa de Bernarda Alba. Il mourut fusillé par les franquistes en 1936.

La monja gitana :

Silencio de cal y mirto.
Malvas en las hierbas finas.
La monja borda alhelíes
sobre una tela pajiza.
Vuelan en la araña gris
siete pájaros del prisma.
La iglesia gruñe a lo lejos,
como un oso panza arriba.
¡Qué bien borda! ¡Con qué gracia!
Sobre la tela pajiza
ella quisiera bordar
flores de su fantasía.
¡Qué girasol! ¡Qué magnolia
de lentejuelas y cintas!
¡Qué azafranes y qué lunas,
en el mantel de la misa!
Cinco toronjas se endulzan
en la cercana cocina.
Las cinco llagas de Cristo
cortadas en Almería.
Por los ojos de la monja
galopan dos caballistas.
Un rumor último y sordo
le despega la camisa,
y al mirar nubes y montes
en las yertas lejanías,
se quiebra su corazón
de azúcar y yerbaluisa.
¡Oh, qué llanura empinada
con veinte soles arriba!
¡Qué ríos puestos de pie
vislumbra su fantasía!
Pero sigue con sus flores,
mientras que de pie, en la brisa,
la luz juega el ajedrez
alto de la celosía.

2 La peinture

2.1 Diego Velázquez (1599-1660)

Velázquez fut sans aucun doute le maître du mouvement réaliste en Espagne. Il peignit des scènes mythologiques et historiques, des paysages, des portraits. Il maîtrisait totalement le jeu des lumières et des couleurs.

2.2 Francisco de Goya (1745-1828)

Le peintre aragonais connut trois grandes phases dans son art : il peignit d'abord des tapisseries, puis ses tableaux s'orientèrent vers la satire sociale (El dos de Mayo, El tres de Mayo), et enfin il connut une période dite noire au cours de laquelle il peignit essentiellement des sorcières et autres visions fantastiques (El sueño de la razón produce monstruos).

2.3 Les peintres modernes

Pablo Picasso (1881-1973) :

Il inventa le mouvement cubiste. Parmi ses plus belles toiles, on trouve bien sûr le Guernica, tableau qui représente métaphoriquement la Guerre Civile espagnole à travers l'un de ses épisodes les plus sanglants : le bombardement par l'armée allemande de la petite ville de Guernica, en plein jour de marché.

Parmi ses plus célèbres toiles, on trouve aussi Les Demoiselles d'Avignon, le tableau le plus connu de sa période cubique.

Salvador Dalí (1904-1989) :

Il est la figure de proue du mouvement surréaliste.

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