C’est un économiste hétérodoxe. Bien que libéral, il accorde une grande importance à la théorie de Marx (même s’il la critique). Il est surtout connu pour son analyse de l’évolution du capitalisme. Il fut ministre des Finances autrichien d’un gouvernement socialiste avant de s’exiler aux États-Unis lors de la montée du nazisme. Il a notamment écrit Théorie de l’évolution économique (1912) et Capitalisme, socialisme et démocratie (1942).
L’investissement est au cœur de la relation entre progrès technique et croissance et développement. Sous ses différentes formes, c’est une des conditions de la croissance, il la rend possible et la modèle. Réciproquement, la croissance contribue au financement de l’investissement.
Cette relation est d’autant plus importante que l’investissement apparaît comme le principal moyen d’intégrer le progrès technique à la production, c’est donc un déterminant tant qualitatif que quantitatif de la croissance.
Au-delà de la croissance, c’est le développement et le progrès social qui dépendent des choix d’investissement, ce qui amène à dire que ces choix sont stratégiques et doivent servir les grands objectifs économiques et sociaux.
Les investissements matériels sont déterminants dans les économies industrielles. Ils ont joué un rôle moteur dans la croissance à partir de la première révolution industrielle pour mécaniser et étendre la production, qu’il s’agisse d’utiliser la machine à vapeur et de développer les manufactures puis les usines, de mettre en place les chaînes de montage, d’élargir le parc de machines-outils ou de le transformer avec des machines à commandes numériques. L’augmentation considérable des capacités de production des économies des pays industriels a largement reposé sur ces investissements. Les activités tertiaires nécessitant également d’importants investissements matériels (locaux, téléphonie, informatique…), ils continuent d’exercer un rôle essentiel pour la croissance des économies de plus en plus tertiarisées.
L’importance des investissements immatériels est de plus en plus forte, avec la diversification et la sophistication des biens et des services offerts par les producteurs et demandés par les consommateurs. Ces investissements sont devenus décisifs non seulement pour qu’il y ait croissance mais aussi pour enrichir la production et acquérir une compétitivité reposant sur la qualité et non seulement sur les prix.
Ces deux formes d’investissements sont fortement liées. Ainsi, l’achat de nouveaux ordinateurs (investissement matériel) implique celui de logiciels et de formation pour que les salariés soient capables de les utiliser (investissements immatériels).
Les investissements de remplacement, qui conservent le volume de capital fixe et compensent les déclassements, permettent de conserver la capacité de production. Indispensables pour que la croissance puisse durer, ils ne suffisent pas à la générer.
La croissance nécessite des investissements de capacité qui accroissent les capacités de production. Ils jouent un rôle central pour une croissance extensive.
Les investissements de productivité améliorent l’efficacité de la combinaison productive. Ils compensent l’obsolescence et renouvellent la compétitivité des unités de production. Ils abaissent les coûts de production en finançant des machines plus productives. Ils favorisent la croissance en permettant de produire davantage avec la même quantité de travail (ou de consommations intermédiaires). Ces investissements qui incorporent le progrès technique dans la production sont nécessaires à la croissance intensive.
Ces trois types d’investissements sont souvent complémentaires, voire confondus, une machine nouvelle qui en remplace ou en complète de plus anciennes est rarement tout à fait identique en technologie et en productivité. Cela explique que la croissance soit en général à la fois extensive et intensive. Dans les deux cas, on voit bien que l’investissement joue un rôle moteur pour la croissance.
Désormais, les détenteurs de capitaux réalisent ou financent des investissements dans le monde entier. La multiplication d’investissements à l’étranger est l’une des manifestations de la mondialisation de l’économie. Ces investissements contribuent à propager une croissance potentielle dans d’autres pays (PED par exemple), ils expliquent en partie le décollage des NPI même si leurs effets pervers (dépendance notamment) doivent être notés. Ils peuvent donc s’analyser comme des vecteurs de croissance mondiale.
Les investissements à l’étranger sont parfois mis en cause dans la baisse du rythme de croissance qu’ont connue les pays anciennement industriels à partir des années 70. Ces investissements peuvent ainsi s’analyser comme des fuites diminuant la croissance de l’économie nationale. Il ne faut néanmoins pas oublier que :
Le progrès technique résulte d’un processus de recherche-développement allant de la recherche fondamentale à différentes innovations dans la production et la consommation. Chacune de ces étapes nécessite des investissements.
La recherche fondamentale est un travail théorique et/ou expérimental réalisé par des scientifiques. Les laboratoires de recherche fondamentale ont besoin de locaux, de matériels, de formation (les chercheurs allient recherche et enseignement) nécessitant de gros investissements, tant matériels qu’immatériels, qu’il faut souvent renouveler pour rester efficaces. Ces dépenses très lourdes relèvent en partie de l’intervention publique (avec des différences entre les pays). Cette activité débouche sur des découvertes qu’il faut ensuite concrétiser.
Étape suivante, la recherche appliquée aboutit à des inventions permettant une application industrielle des découvertes. C’est là que sont créés des procédés de fabrication donnant lieu à des brevets. Des investissements sont encore nécessaires pour mener à bien et dans les délais les plus courts possibles cette étape.
Le développement est la troisième phase durant laquelle sont conçus des prototypes permettant la mise au point de licences d’exploitation. On vérifie alors la viabilité industrielle et économique : saura-t-on mettre en œuvre l’invention à un coût assurant sa rentabilité ? Si la réponse est positive, naissent des innovations que la production en série et la mise sur le marché matérialiseront.
La recherche-développement (R & D) associe donc des scientifiques, des techniciens et des entrepreneurs. Elle permet des innovations de produits (conception, fabrication, vente de nouveaux produits), de procédés (nouveaux modes de fabrication de produits déjà existants) et de marché (nouvelles modalités de commercialisation). Ces trois phases nécessitent d’importants investissements qui contribuent à rendre possible le progrès technique. Leur financement repose pour partie sur l’État et pour partie sur les entrepreneurs, les grandes entreprises ayant des moyens et des objectifs stratégiques les amenant à y consacrer des montants de plus en plus conséquents.
Si les activités de recherche-développement permettent d’innover, de créer des brevets et des droits de fabrication, certains investissements en R & D visent aussi à acquérir de tels droits. Ces transferts de technologie manifestent la mobilité nationale et internationale du progrès technique. Ces flux technologiques prennent différentes formes :
Le progrès technique et son incorporation dans la production supposent des investissements importants en recherche, en formation et en équipements de haute technologie. Cette dimension est devenue un élément essentiel de la compétitivité des unités de production et à travers elles des économies nationales (ou régionales).
Le progrès technique est un facteur-clé de la croissance qu’il permet d’intensifier et d’enrichir de telle sorte que les produits fabriqués évoluent pour améliorer la satisfaction des consommateurs et que les procédés de fabrication se modernisent pour diminuer les efforts et les coûts nécessaires.
Le progrès technique est non seulement nécessaire à la croissance, mais il conditionne en partie l’existence d’une croissance durable (permettant d’accumuler des richesses, des savoir-faire et qu’une crise conjoncturelle ne suffit pas à casser), respectant les équilibres (des prix, de l’emploi, du commerce extérieur…), exerçant des effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie (et non limités à quelques secteurs : industrie lourde ou produits d’exportation même s’ils peuvent jouer un rôle d’impulsion dans une première étape, on parle alors de croissance déséquilibrée) et permettant des changements structurels, sources de modernisation économique et sociale. Les investissements tant matériels qu’immatériels servant de vecteur au progrès technique sont donc essentiels, les pouvoirs publics jouent à ce niveau un rôle très important d’impulsion, voire de financement.
Complémentaires, les différents types d’investissement alimentent et enrichissent la croissance en augmentant le volume de capital productif, en remplaçant les moyens de production usés ou obsolètes et en intégrant des innovations pour gagner en productivité.
Investir est donc un choix stratégique qui se traduit par des arbitrages au niveau macroéconomique :
On ne peut durablement investir sans croissance, il faut des profits créant une accumulation d’épargne interne pour financer les investissements (et rembourser les emprunts). Inversement, il ne peut y avoir de croissance durable sans investissements massifs, diversifiés et continus.
Les investissements ont des effets durables, structurels qui modifient l’environnement économique et social. Ils contribuent ainsi au développement économique.
Le choix et le financement des investissements sont des enjeux majeurs du développement humain et soutenable. Celui-ci implique des priorités, des choix et des stratégies macroéconomiques quant aux investissements, au modèle et au rythme de croissance.
Les investissements dans les domaines de l’enseignement et de la formation, de la santé et de la protection sociale modifient en profondeur et de façon irréversible l’économie et toute la société. Ils conditionnent le développement humain en même temps qu’ils entretiennent la croissance. Les investissements industriels et d’infrastructure ne doivent néanmoins pas être négligés ; comme la croissance qu’ils rendent possible, ils sont indispensables à tout processus de développement. La répartition des richesses entre groupes sociaux et entre générations, les choix environnementaux se traduisent par des investissements dont les effets à long terme orientent la croissance et favorisent le développement soutenable.