Au Vème siècle avant notre ère, les Athéniens mettent en place un système politique à part qui laisse une plus grande part d’actions aux habitants de la cité. Le pouvoir appartient désormais aux hommes libres de la cité, qui sont appelés les citoyens. Athènes est un cas politique particulier qui mérite de s’interroger sur la façon dont une cité arrive à se gérer lorsque le peuple est aux commandes ?
Les citoyens sont en minorité très fermée. En effet, la population de l’Attique était de l’ordre de 340 000 habitants. Or les citoyens athéniens sont au nombre de 40 000 citoyens. Au sein de la cité d’Athènes, les hommes peuvent accéder à la citoyenneté lorsqu’ils ont plus de 20 ans, sont issus de deux parents athéniens et ont accompli leur service militaire. L’ensemble des citoyens participent à la vie démocratique de la cité. La démocratie est un régime politique où le pouvoir appartient au peuple (démos en grec).
Les non-citoyens sont classés en trois catégories inférieures. Les femmes et enfants sont au nombre de 110 000 parmi la population athénienne. Les femmes doivent s’occuper des travaux d’intérieur et des jeunes enfants. Elles vivent dans une pièce à part de la maison, le gynécée. Elles sont toujours soumises à l’autorité d’un homme : leur père puis leur mari.
La deuxième catégorie de non-citoyens sont les métèques qui sont au nombre de 40 000. Le métèque vient d’une cité pour s’établir dans une autre. Ils doivent s’acquitter d’une taxe de 12 drachmes par an pour avoir droit de cité.
La troisième catégorie et la dernière est dans laquelle on classe les esclaves qui sont au nombre de 110 000 à 150 000. Ils n’ont aucun droit , ils sont considérés comme les meubles d’une maison.
Les non-citoyens sont donc majoritaires au sein des cités mais n’ont aucun droit. Finalement la démocratie athénienne exclue une majorité de la population et son système n’est peut être pas aussi démocratique.
Les citoyens au nombre de 40 000 nous l’avons déjà dit participe de manière active à la vie de la cité. Les citoyens se réunissent sur une colline d’Athènes : la Pnyx pour voter les lois et prendre des décisions politiques, c’est l’ Ecclésia .L’Ecclésia vote les lois, décide de la guerre et vote l’ostracisme, c’est à dire l’exil pour dix ans, d’un ambitieux qui menace la cité. L’Ecclésia élit les dix stratèges qui sont des magistrats élus pour un an et qui dirigent la cité tout en commandant l’armée. De même, au sein même de l’Ecclésia est choisi par les dieux, par tirage au sort et pour une durée d’un an 6 000 juges et 500 conseillers. Les 6 000 juges forment la tribunal du peuple qui contrôle la gestion des magistrats. Ils siègent à l’Héliée. Les 500 conseillers forment le conseil des 500, ils surveillent le fonctionnement de la cité et préparent les lois. Le Conseil des 500 siège à la Boulé.
Les citoyens gouvernent la cité mais selon leur conception, cette démocratie est viable avec l’accord des dieux, ce sont eux qui choisissent les citoyens qui accèderont à des responsabilités. Mais dans la vie quotidienne comment se vit la démocratie ?
Des auteurs de cette époque nous renseignent sur la façon dont la démocratie peut être vécue au sein d’Athènes. Par leurs écrits, ils assurent également une propagande au service d’Athènes. Selon Thucydide, auteur du Vème siècle avant notre ère qui a écrit une Histoire de la guerre du Péloponnèse, conçoit la démocratie athénienne comme « un exemple pour nos voisins » où « les lois assurent à tous l’égalité » car « l’Etat est gouverné dans l’intérêt de tous ».
De même un auteur de théâtre, Euripide dans sa pièce Les Suppliantes écrite au Vème siècle avant notre ère fait dire à ses personnages : « Athènes est libre. Le peuple y règne……Nul privilège à la fortune ». Ces deux exemples d’auteurs montrent qu’Athènes paraît avoir une démocratie qui assure l’égalité de tous et fait envie. Or, le Vème siècle avant notre ère est la période la plus prospère d’Athènes dominée par un leader : Périclès qui est élu stratège quinze fois de suite et dirige la cité. Périclès est l’architecte d’Athènes, c’est par son impulsion qu’Athènes peut diffuser son modèle de démocratie.
Les mécanismes de la démocratie sont simples et s’articulent sur une base de citoyens qui participent activement et afin de s’assurer de leur implication dans la vie politique de la cité, les citoyens sont rémunérés. Mais la démocratie athénienne est axée également sur une forte propagande qui permet d’assurer la coercition des citoyens athéniens.
Athènes est la cité qui se veut le modèle de la démocratie. Or, malgré les écrits d’artistes, il est aisé de se rendre compte que la démocratie athénienne écarte une majorité d’habitants de la cité. Le gouvernement et donc la prise de décisions pour l’avenir de la cité, ne se fait pas de manière aussi démocratique que ce que l’on voudrait faire croire. La société athénienne est très inégalitaire et exclut en son sein :femmes, métèques et esclaves considérés comme du bétail humain. L’expérience politique d’Athènes est une ouverture dans ce monde ancien mais, si elle paraît de prime abord démocratique elle n’en est pas moins ségrégative.