Créée à l’initiative du général de Gaulle au milieu de la crise algérienne, la Ve République a su résoudre les difficultés et poursuivre la modernisation de la France. Après le retrait du général de Gaulle en 1969, la France s’est davantage tournée vers l’Europe et sa constitution lui a permis de surmonter les contradictions politiques par un système de cohabitations.
François Mitterrand (1916-1996) : ministre de la IVe République, il s’oppose à l’instauration de la Ve République et devient l’opposant du général de Gaulle. À partir de 1972, à la tête du parti socialiste, il réunit derrière lui l’ensemble des partis de gauche et échoue de peu à l’élection présidentielle de 1974. Élu président de la République en 1981, puis en 1988, il est le premier à utiliser le système de la cohabitation.
1958 | Général de Gaulle | Michel Debré |
1965 | Général de Gaulle | Georges Pompidou Couve de Murville |
1969 | Georges Pompidou | Jacques Chaban-Delmas Pierre Messmer |
1974 | Valéry Giscard D’Estaing | Jacques Chirac – Raymond Barre |
1981 | François Mitterrand | Pierre Mauroy – Laurent Fabius |
1986 | François Mitterrand | Jacques Chirac (cohabitation) |
1988 | François Mitterrand | Michel Rocard – Édith Cresson Pierre Bérégovoy |
1993 | François Mitterrand | Édouard Balladur (cohabitation) |
1995 | Jacques Chirac | Alain Juppé |
1997 | Jacques Chirac | Lionel Jospin (cohabitation) |
Présidents de la République | Premiers ministres |
Cohabiter : Fait de partager l’exercice du pouvoir entre un président de la République et un Premier ministre issus de tendances politiques différentes.
Le général de Gaulle veut assurer la stabilité politique à l’intérieur du pays et restaurer le prestige de la France à l’étranger.
La constitution de la Ve République qui est l’œuvre du général de Gaulle donne un pouvoir accru au président de la République. Elle est approuvée par référendum en septembre 1958.
Devenu président de la République en décembre 1958, le général de Gaulle veut restaurer le prestige et l’indépendance de la France.
Dès 1958, il regroupe les colonies françaises dans la « Communauté française » et leur promet l’indépendance.
Il règle le problème algérien en mars 1962 par les accords d’Évian qui accordent à l’Algérie une indépendance approuvée par référendum. Décolonisée, l’Afrique noire signe des accords de coopération avec la France (1960-1961).
Il conteste la domination des États-Unis sur les plans politique, militaire et monétaire. Il dote la France de l’arme atomique (1960) et lui fait quitter l’OTAN en mars 1966.
Il refuse l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne et s’appuie sur l’alliance allemande.
La prospérité économique et la stabilité politique caractérisent les débuts de la ve République.
La France connaît une forte expansion économique et le niveau de vie s’améliore, ce qui se ressent dans les domaines du logement, de l’équipement ménager, des loisirs et de la santé.
L’État favorise le développement des technologies françaises : énergie nucléaire, mise au point du Concorde et de l’Airbus.
À cette période de prospérité économique correspond une stabilité ministérielle, appuyée à l’Assemblée nationale par une forte majorité de gaullistes.
À partir de 1965, l’influence du général de Gaulle faiblit. Il n’emporte les élections présidentielles de 1965 qu’au deuxième tour et ne dispose plus que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale après 1967.
En mai 1968, une agitation étudiante débouche sur une grave crise sociale et politique. Les grèves paralysent le pays malgré la signature des accords de Grenelle qui accordent des hausses de salaires.
La gauche demande le départ du Président. Mais celui-ci reprend la situation en main et les élections législatives de juin 1968, dans une atmosphère de peur, redonnent la majorité aux gaullistes.
Cependant, en avril 1969, les Français rejettent par référendum le projet de régionalisation proposé par de Gaulle et ce dernier démissionne.
Pendant que le président de la République Georges Pompidou méne une politique de réformes, les partis de gauche s’unissent derrière François Mitterrand.
Georges Pompidou est élu président de la République en 1969. Ancien Premier ministre du général de Gaulle, il mène une politique plus européenne et ne s’oppose plus à l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE. Son Premier ministre Jacques Chaban-Delmas applique une série de réformes, la « Nouvelle Société », qui vise à réduire les inégalités par la création du SMIC – salaire minimum interprofessionnel de croissance. Mais Georges Pompidou meurt de maladie en avril 1974.
Pendant ce temps, les partis de gauche se sont rapprochés. Parti communiste, parti socialiste et radicaux de gauche ont signé un programme commun de gouvernement en 1972. Leur candidat François Mitterrand est battu de peu aux élections présidentielles de 1974 par Valéry Giscard-d’Estaing.
Au milieu des années 70, la France est atteinte par la crise économique mondiale. Le chômage et l’inflation connaissent une hausse brutale. En 1975, il y a un million de chômeurs en France et l’inflation atteint 10 %.
Le Premier ministre Jacques Chirac amorce une politique de réformes : majorité à 18 ans, lois sur le divorce et sur l’avortement.
À partir de 1976, Raymond Barre nouveau Premier ministre instaure une politique économique de rigueur très impopulaire (Cf. Séquence 10). La majorité de droite se divise.
En mai 1981, F. Mitterrand gagne les élections présidentielles : c’est le premier président de gauche de la Ve République. Il dissout l’Assemblée nationale et y obtient une majorité importante après les élections législatives de juin 1981.
Le nouveau gouvernement dirigé par Pierre Mauroy comprend des ministres communistes. Les réformes promises sont appliquées : nationalisations dans l’industrie et dans le secteur bancaire, décentralisation, 5e semaine de congés payés, semaine de 39 heures, abolition de la peine de mort.
Mais la poursuite de la crise amène le gouvernement à une politique de rigueur dès 1983. Le mécontentement augmente, soutenu par des divergences sur la question de l’école privée.
En 1986, les élections législatives marquent la victoire de la droite. Amené à nommer un Premier ministre dans la majorité parlementaire, François Mitterrand désigne Jacques Chirac : c’est la première cohabitation. Certaines des réformes de 1981 sont supprimées.
Aux élections présidentielles de 1988, Jacques Chirac est battu par François Mitterrand. Malgré la maîtrise de l’inflation, le chômage touche trois millions de personnes. On institue le RMI – Revenu minimum d’insertion et la CSG – Contribution sociale généralisée – pour aider les plus démunis.
En 1993, la droite gagne à nouveau les élections législatives : c’est la deuxième cohabitation avec Édouard Balladur comme Premier ministre (1993-1995).
Jacques Chirac est élu président de la République en mai 1995. Son Premier ministre Alain Juppé connaît une rapide impopularité.
En juin 1997, le président dissout l’Assemblée nationale : la victoire de la gauche entraîne la nomination de Lionel Jospin comme Premier ministre. C’est la troisième cohabitation de la Ve République.
Prévue pour assurer une stabilité politique, la Constitution de 1958 a pu s’adapter à l’alternance politique liée aux difficultés économiques grâce au système des cohabitations. La France s’est profondément transformée et a pleinement participé au processus de construction européenne notamment par la signature du traité de Maastricht en 1992.
Lisez en parallèle la Séquence 10 sur la croissance dans le monde, ainsi que la Séquence 25 sur la puissance française. Complétez votre étude de l’évolution de la société française par la lecture des séquences précédentes consacrées à l’histoire de la France depuis 1945 (22 et 23).