Fondée dans la période difficile de la reconstruction d’après-guerre, la IVe République connaît une histoire politique mouvementée, marquée par une grande instabilité gouvernementale et les problèmes coloniaux. Elle voit cependant la modernisation de la France et la naissance de l’Europe communautaire.
Investiture : Acte par lequel l’Assemblée charge officiellement le président du Conseil de la conduite du gouvernement.
Président du Conseil : C’est le nom donné au Premier ministre sous les IIIe et IVe Républiques.
Référendum : Vote par oui ou par non à propos d’une mesure proposée par le pouvoir exécutif.
Scrutin proportionnel : Scrutin à un tour qui répartit les postes à pourvoir en proportion des suffrages exprimés pour chaque liste ; il favorise donc les petits partis.
Pierre Mendès France (1907-1982) : ancien résistant, homme politique de gauche, il est président du Conseil de juin 1954 à février 1955. Il signe les accords de Genève qui terminent la guerre d’Indochine, et organise les négociations menant à l’indépendance du Maroc et de la Tunisie. Mais il s’oppose à l’indépendance de l’Algérie.
EDF (Électricité de France) GDF (Gaz de France) Charbonnages de France |
Transports maritimes Transports aériens (Air France) Renault |
Banque de France Quatre banques de dépôt (Société Générale, Crédit Lyonnais…) |
Énergie | Transports | Secteur bancaire |
En 1944-1945, la France se trouve très affaiblie par la guerre et ses destructions. Le manque de ravitaillement entraîne la pénurie et l’inflation. Le rationnement continue. La reconstruction s’annonce difficile.
Le Gouvernement provisoire de la République française le GPRF, dirigé par le général de Gaulle, entreprend des réformes :
Ainsi l’intervention de l’État dans l’économie devient primordiale.
La Constitution d’octobre 1946 : un régime parlementaire où le législatif pèse sur l’exécutif.
Les élections d’octobre 1945, qui voient le premier vote des femmes, montrent le rejet de la IIIe République. Plusieurs projets de constitution s’oBreal/Images/SQHGBrevet/ dès janvier 1946. Une première constitution est refusée par référendum.
Une deuxième version, approuvée en octobre 1946, établit un régime parlementaire. Le président de la République n’a que peu de pouvoirs. Le président du Conseil doit obtenir l’investiture puis la confiance de l’Assemblée nationale en rassemblant derrière lui une majorité de voix. Or le scrutin proportionnel, en multipliant les partis, rend fragile toute majorité dans cette Assemblée. Le régime s’annonce très instable.
Cette instabilité ministérielle est la principale caractéristique de la ive République. Du « tripartisme » à la « Troisième Force », les partis politiques tentent de s’unir pour pouvoir gouverner.
Plus de 22 gouvernements se sont succédé de 1947 à 1958. Les premiers sont formés des trois grands partis de la Libération :
C’est le tripartisme jusqu’en mai 1947, date à laquelle les ministres communistes, en désaccord avec le reste du gouvernement, sont renvoyés.
Désormais, les gouvernements doivent faire face à deux oppositions :
Privées du soutien de ces deux forces, les autres tendances, rassemblées dans la « Troisième Force », tentent de gouverner, malgré des divisions sur la question scolaire ou sur la décolonisation.
Certains gouvernements marquent cette période : celui de Mendès France (juin 1954-février 1955), qui tente de résoudre les problèmes coloniaux, et de Guy Mollet, le plus long (janvier 1956-mai 1957).
Le problème de l’inflation persiste et rend la vie chère. Antoine Pinay, président du Conseil de mars à décembre 1952, mène une politique d’économies budgétaires et limite l’inflation en bloquant les prix; il lance auprès du public un emprunt qui a un grand succès. Mais l’endettement de la France est relancé par les guerres de décolonisation.
Les problèmes coloniaux vont causer la chute de la IVe République dont les dirigeants s’opposent à la décolo-nisation.
De 1946 à 1954, elle mène la guerre d’Indochine qui se termine par un échec. Après avoir accordé leur indépendance au Maroc et à la Tunisie (mars 1956), elle s’enlise dans la guerre d’Algérie (novembre 1954-mars 1962). Ces deux guerres entraînent l’endettement de la France. L’opinion publique française se trouve de plus en plus divisée face au problème algérien, et l’extrême droite nationaliste s’agite.
Face aux difficultés, le général de Gaulle apparaît comme le seul capable de maîtriser la situation. Nommé président du Conseil en juin 1958 avec les pleins pouvoirs, il reçoit de l’Assemblée le droit d’établir une nouvelle constitution : c’est la fin de la IVe République.
Malgré les difficultés politiques, l’œuvre de la IVe République dans le domaine économique et social est considérable.
L’intervention de l’État est marquée par une planification souple – non obligatoire, fondée sur des plans quinquennaux – en cinq ans.
L’État participe aussi à la modernisation et à l’industrialisation de la France en réalisant de grands équipements : barrages hydro-électriques, ports, routes, et en soutenant l’expansion des secteurs automobile et aéronautique. La croissance économique est forte, surtout dans les régions du Nord et du Nord-Est du pays.
Sur le plan social, d’importantes mesures sont adoptées.
Malgré les difficultés, la France a gardé son rang de moyenne puissance au sein de l’OTAN. Elle participe à la construction européenne.
Ces progrès économiques ont été soutenus par les aides du plan Marshall. Membre permanent au conseil de Sécurité de l’ONU, la France se range du côté de l’alliance américaine et entre à l’OTAN en 1949. Elle participe activement à la création de la Communauté économique européenne et son rôle dans le commerce international s’intensifie. Malgré une certaine perte de prestige due à sa politique coloniale, elle a su garder une influence réelle dans les relations internationales.
La IVe République est connue pour son instabilité gouvernementale, ses problèmes financiers et coloniaux. Mais elle est aussi marquée par la modernisation de la France et son ouverture à l’étranger, notamment à l’Europe.