Lorsque l’énoncé est ancré dans la situation d’énonciation, l’énonciateur et le destinataire sont impliqués dans la même situation d’énonciation. (C’est le cas des dialogues, conversations, pièces de théâtre...).
Le temps de référenceest celui du discours : le présent de l’indicatif.
Exemple :
« Ah! voici les consultants. (À la cantonade.) Une douzaine, déjà? Prévenez les nouveaux
arrivants qu’après onze heures et demie je ne puis plus recevoir personne, au moins en
consultation gratuite. C’est vous qui êtes la première, Madame? (Il fait entrer la dame
en noir et referme la porte.) Vous êtes bien du canton? » (Jules Romain, Knock)
Autour du présent s’articulent :
D’une situation antérieure.
« C’était une échelle d’environ trois mètres cinquante, posée contre un mur. Vous êtes
tombée à la renverse. C’est la fesse gauche, heureusement, qui a porté. » (Jules Romain, Knock).
D’une action postérieure.
« – Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous recommande, il entre
en cinquième. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, où
l’appelle son âge. » (Flaubert, Madame Bovary).
Lorsque l’énoncé estcoupé de la situation d’énonciation, il ne contient aucune marque de l’énonciateur. Le texte est à la 3e personne du singulier ou du pluriel (il, elle, ils, elles.) Le temps de référence est celui du récit : le passé simple ou l’imparfait.
D’une action unique :
Nous étions à l’étude, quand le proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un
garçon de classe qui portait un grand pupitre. » (Flaubert, Madame Bovary).
D’une action avec un début et une fin précise :
La guerre des Gaules dura de 58 à 51 avant J.C.
D’une succession d’évènements :
Mme Bordin recommença le détail de ses cornichons, promit une seconde recette pour les prunes à l’eau-de-vie,
et fit encore trois tours dans la grande allée ; » (Flaubert, Bouvard etPécuchet.)
Parler d’une action qui a duré un certain temps.
Mais, malgré leur courage, ils n’arrivaient pas à joindre les deux bouts. Aussi avaient-ils accepté
de grand cœur, lorsqu’un vieux monsieur de là-bas s’était présenté, en leur demandant Claude, qu’il
voulait mettre au collège, près de lui: la toquade généreuse d’un original, amateur de tableaux, que
des bonshommes barbouillés autrefois par le mioche avaient frappé. » (Zola, Les Rougons-Macquart )
Décrire un paysage, une situation.
« C’était une de ces coiffures d’ordre composite, (...). Ovoïde et renflée de baleines, elle
commençait par trois boudins circulaires ; puis s’alternaient, séparés par une bande rouge,
des losanges de velours et de poil de lapin ; venait ensuite une façon de sac qui se terminait
par un polygone cartonné, couvert d’une broderie en soutache compliquée, et d’où pendait, au bout
d’un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d’or en manière de gland. Elle était neuve ;
la visière brillait. » (Baudelaire, Madame Bovary).
Décrire une situation, un événement qui a l’habitude de se produire.
Après la fatigue du jour et la recherche de nourriture, ils avaient pour coutume de se
retrouver le soir, tous les quatre, pour s’entretenir et deviser. » (Le lièvre et la fée)
Le passé simple et l’imparfait se côtoient en permanence dans le récit. L’imparfait permet
d’exprimer une certaine durée dans le temps alors que le passé simple décritune action soudaine,
ponctuelle.
Midi était sonné, Claude travaillait à son tableau, lorsqu’une main familière tapa rudement contre
la porte. » (Zola, Les Rougons-Macquart)
Autour de ce temps de référence s’organisent les autres temps.
Parler d’une action antérieure.
Un pêcheur avait attrapé des poissons dorés et luisants. Il les avait cachés dans le sable et
s’en était retourné à la rivière pour en attraper davantage. La belette découvrit la cachette.
(Le lièvre et la fée).
Une action postérieure.
« Et elle savait que, ce jour-là, les quatre amis ne mangeraient pas, et qu’ils avaient décidé
de donner la nourriture qu’ils trouveraient à tout pauvre qu’ils rencontreraient. » (Le lièvre et la fée)